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de telle ou telle maniere? comme fi l'existence réelle n'emportoit pas une certaine maniere déterminée d'exifter? L'idée d'existence fimple, fans qualité ni attribut, est une idée abftraite qui n'eft que dans notre efprit, qui n'a point d'objet au dehors; & un des grands inconvéniens des prétendus principes généraux, eft de réalifer les abstractions.

Quels font donc dans chaque Science les vrais principes d'où l'on doit partir? Des faits fimples & reconnus, qui n'en fuppofent point d'autres, & qu'on ne puiffe par conféquent ni expliquer ni contefter; en Phyfique les phénomenes journaliers que l'observation découvre à tous les yeux; en Géométrie les propriétés fenfibles de l'étendue; en Méchanique l'impénétrabilité des corps, fource de leur action mutuelle ; en Métaphyfique le résultat de nos fenfations; en Morale les affections premieres communes à tous les hommes. La Philofophie n'eft point deftinée à fe perdre dans les propriétés générales de l'être & de la fubftance, dans des queftions inutiles fur des notions abftraites, dans des divifions arbitraires

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& des nomenclatures éternelles; elle eft la Science des faits, ou celle des chimeres.

Non-feulement elle abandonne à l'ignorante fubtilité des fiecles barbares ces objets imaginaires de fpéculations & de difputes, dont les écoles retentiffent encore: elle s'abftient même de traiter des questions dont l'objet peut être plus réel, mais dont la folution n'eft pas plus utile au progrès de nos connoiffances. La Géométrie, par exemple, étant la même pour toutes les fectes de Philofopie, il réfulte de cet accord que les vérités géométriques ne tiennent point aux queftions fi agitées fur la nature de l'étendue; le Philofophe ne cherchera donc point dans la folution de ces questions les premiers principes de la Géométrie; il portera fa vue plus haut & plus loin. Puifque les propriétés de l'étendue, démontrées en Géométrie, font admises fans contradiction il en conclura qu'il est sur la nature de l'étendue des idées communes à tous les hommes, un point commun où les fectes fe réuniffent comme malgré elles, des principes vulgaires & fimples d'où elles partent toutes fans s'en apperce

voir; principes que les difputes ont obfcurcis ou fait négliger fans en étouffer le germe. Ce font ces notions communes & primitives, dégagées des nuages que le Sophifme cherche à y répandre, que le Philofophe faifira pour en faire la base des vérités géométriques. De même quoique le mouvement foit l'objet de la Méchanique, le Philofophe apperçoit fans peine que la Métaphyfique obfcure de la nature du mouvement eft entiérement étrangere à cette Science; il suppose donc l'existence du mouvement, tel que tous les hommes le conçoivent, tire de cette fuppofition une foule de vérités utiles, & laisse bien loin derriere lui les Scholaftiques s'épuifer en vaines fubtilités fur le mouvement même. Zénon chercheroit encore files corps fe meuvent, tandis qu'Archimede auroit trouvé les lois de l'équilibre Huyghens celles de la percuffion, & Newton celles du fyftême du monde.

On voit par ces réflexions, qu'il eft un grand nombre de Sciences où il fuffit pour arriver à la vérité de favoir faire ufage des notions les plus communes. Cet ufage confifte à développer les idées fimples que ces notions renferment, &

c'eft ce qu'on appelle définir. Ainfi ce n'eft pas fans raifon que les Mathématiciens regardent les définitions comme des principes, puifque dans les Sciences où le raifonnement a la meilleure part, c'eft fur des définitions nettes & exactes que la plupart de nos connoiffances font appuyées. Les définitions font donc un des objets auxquels on doit donner le plus de foin dans des élémens de Philofophie; & puifqu'elles ne confiftent qu'à favoir démêler dans chaque notion les idées fimples qui y font contenues, il faut, pour apprendre à définir, favoir d'abord diftinguer les idées compofées de celles qui ne le font pas.

A

proprement parler, il n'y a aucune de nos idées qui ne foit fimple; car quelque compofé que foit un objet, l'opération par laquelle nous le concevons eft unique; ainfi c'est par une feule opération fimple que nous concevons un corps comme une fubftance tout à la fois étendue, impénétrable, figurée & colorée. Ce n'eft donc point par la nature des opérations de l'efprit qu'on doit juger du degré de fimplicité des idées c'eft la fimplicité de l'objet qui en décide; & cette fimplicité n'est pas déter

minée par le petit nombre des parties de l'objet, mais par celui des propriétés qu'on y confidere. Ainfi quoique l'efpace foit compofé de parties, & par conféquent ne foit pas un être fimple, cependant l'idée que nous en avons eft une idée fimple, parce que toutes les parties de l'efpace étant de même genre, les idées partielles que renferme l'idée de l'efpace font auffi entiérement femblables. Il en eft de même de l'idée du tems. Mais l'idée de corps eft compofée, parce qu'elle renferme les idées différentes & féparables d'impénétrabilité, de figures & d'étendues.

Les idées fimples peuvent fe réduire à deux efpeces. Les premieres font des notions abftraites; l'abstraction en effet n'eft autre chofe que l'opération par laquelle nous confidérons dans un objet une propriété particuliere, fans faire attention aux autres; telles font les idées déjà citées d'étendue & de durée; telles font encore celles d'existence, de fenfation, & d'autres femblables. La feconde efpece d'idées fimples renferme les idées primitives que nous acquérons par nos fens, comme celles des couleurs particulieres, du froid, du chaud, & ainfi du refte.

Biv

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