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blable, le vraisemblable du fabuleux ; il reconnoît les différens langages de la fimplicité, de la flatterie, de la prévention & de la haine; il en fixe les caracteres; il détermine quels doivent être fuivant la nature des faits, les divers degrés de force dans les témoignages, & d'autorités dans les témoins. Eclairé par ces regles auffi fines que fures, c'eft principalement pour connoître les hommes avec qui il vit qu'il étudie ceux qui ont vécu. Pour le commun des Lecteurs, l'Hiftoire eft l'aliment de la curiofité ou le foulagement de l'ennui; pour lui elle n'eft qu'un recueil d'expériences morales faites fur le genre humain; recueil qui feroit plus court & plus complet s'il n'eût été fait que par des fages; mais qui tout informe qu'il eft, renferme encore les plus grandes leçons; comme le recueil des obfervations médicinales de tous les âges, toujours augmenté & toujours imparfait, forme néanmoins la partie la plus effentielle de l'art de guérir.

Les vérités de fentiment appartiennent au goût ou à la Morale, & fous ces deux points de vue elles préfentent au Philofophe des objets importans de

méditation. Les principes de Morale font liés au fyftême général de la Société, à l'avantage commun du tout & des parties qui le compofent; la nature qui a voulu que les hommes vécuffent unis, les a difpenfés du foin de chercher par le raifonnement les regles fuivant lefquelles ils doivent fe conduire les uns par rapport aux autres; elle leur fait connoître ces regles par une efpece d'infpiration, & les leur fait goûter par le plaifir intérieur qu'ils éprouvent à les fuivre, comme elle les porte à perpétuer leur efpece par la volupté qu'elle

y

attache. Elle conduit donc la multitude par le charme de l'impreffion, la feule efpece d'impulfion qui lui convienne; mais elle laiffe au Sage à pénétrer fes vues. Auffi tandis que les autres hommes fe bornent aux fentimens que la nature leur a donnés pour leurs femblables, le fage cherche & apperçoit l'union intime de ces fentimens avec fon intérêt propre; il la découvre à ces mêmes hommes qui ne la voyoient pas, & affermit par-là les liens qui les uniffent.

Il porte une analyse semblable dans les vérités de fentiment qui ont rapport aux matieres de goût. Eclairé par une

Métaphyfique fubtile & profonde, il diftingue les principes du goût généraux & communs à tous les peuples, d'avec ceux qui font modifiés par le caractere, le génie, le degré de fenfibilité des nations ou des individus; il démêle par ce moyen le beau effentiel d'avec le beau de convention; également éloigné d'une décifion machinale & fans principes, & d'une difcuffion trop fubtile, il ne pouffe l'analyse du sentiment que jufqu'où elle doit aller, & ne la refferre point non plus trop en deçà du champ qu'elle peut fe permettre; il étudie fon impreffion, s'en rend comp te à lui-même & aux autres; & quand il a mis, fi on peut parler de la forte fon plaifir d'accord avec la raifon, il plaint fans orgueil, & fans chercher à les convaincre, ceux qui ont reçu foit de la nature, foit de l'habitude, une autre façon de fentir.

Puifque la Philofophie embraffe tout ce qui eft du reffort de la raison, & que la raison étend plus ou moins fon empire fur tous les objets de nos connoiffances naturelles, il s'enfuit qu'on ne doit exclure des Elémens de Philofophie, qu'un feul genre de connoiffances, celles

qui tiennent à la Religion révélée. Elles font abfolument étrangeres aux Sciences humaines par leur objet, par leur caractere, par l'efpece même de conviction qu'elles produifent en nous. Plus faites, comme l'a remarqué Pafcal, pour le cœur que pour l'efprit, elles ne répandent la lumiere vive qui leur est propre que dans une ame déja préparée par l'opération divine; la Foi est une efpece de fixieme fens que le Créateur accorde ou refuse à fon gré; & autant que les vérités fublimes de la Religion font élevées au-deffus des vérités arides & fpéculatives des Sciences humaines, autant le fens intérieur & furnaturel par lequel des hommes choifis faififfent ces premieres vérités, eft au-deffus du fens groffier & vulgaire par lequel tout homme apperçoit les fecondes.

Mais fi la Philofophie doit s'abstenir de porter une vue facrilege fur les objets de la révélation, elle peut & elle doit même difcuter les motifs de notre croyance. En effet les principes de la foi font les mêmes que ceux qui fervent de fondement à la certitude hiftorique; avec cette différence que dans les matieres de Religion les témoignages qui

en font la base doivent avoir un degré d'étendue, d'évidence, & de force, proportionné à limportance & à la fublimité de l'objet. C'est donc à la raifon à établir en ce genre les regles de critique qui ferviront à écarter les preu yes foibles, à diftinguer celles qui pourroient être communes à toutes les Reli

gions d'avec celles qui ne font propres qu'à la feule vraie, à donner enfin aux véritables preuves toute la lumiere dont elles font fufceptibles. Ainfi la Foi doit rentrer par ce moyen dans le domaine de la Philofophie, mais elle n'y doit rentrer que pour jouir d'un triomphe plus affuré.

Trois grands appuis font la base du Chriftianifme; les prophéties, les miracles & les martyrs. La Philofophie détermine la qualité que ces appuis doivent avoir pour être inébranlables. Elle borne les prophéties à deux conditions effentielles, celle d'avoir précédé indubitablement les faits prédits, & celle de les annoncer avec une clarté qui ne permette pas de fe méprendre fur l'accompliffement. Elle prouve qu'il ne peut y avoir de vrais miracles que dans la feule Religion véritable; elle donne

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