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bafe à la Morale; on en trouveroit les maximes dans le coeur même des enfans, dans ce coeur où les paffions & l'intérêt n'ont point encore obfcurci la lumiere naturelle. C'eft peut-être à cet le fentiment du juste & de l'in-jufte eft le plus vif; & quel avantage n'y auroit-il pas à le développer & à

âge que

l'exercer de bonne heure? Mais un Catéchifme de Morale ne devroit pas fe borner à nous inftruire de ce que nous devons aux autres. Il devroit infifter auffi fur ce que nous nous devons à nous-mêmes; nous infpirer les regles de conduite qui peuvent contribuer à nous rendre heureux, nous apprendre à aimer nos femblables & à les craindre, à mériter leur eftime & à nous confoler de ne la pas obtenir enfin à trouver en nous la récompense des fentimens honnêtes & des actions vertueufes. Un des points les plus importants, & en même tems les plus difficiles de l'éducation, eft de faire connoître aux enfans jufqu'à quel degré ils doivent être fenfibles à l'opinion des hommes trop d'indifférence peut en faire des fcélérats; trop de fenfibilité peut en faire des malheureux.

ΧΙΙΙ.

GRAMMAIRE.

de finir la premiere par

Avant que la ples

Sciences les plus néceffaires à l'homme, la Logique, la Métaphyfique & la Morale, nous ne devons pas omettre une réflexion très - importante. Quoique nous ayons féparé ces différentes fciences, pour les envifager chacune plus particuliérement, eu égard à la nature & à la différence de leur objet, elles font cependant plus unies entr'elles & ont plus d'influence réciproque qu'on ne s'imagine; & par cette raison l'ordre le plus philofophique qu'on puiffe fuivre pour les bien traiter, eft peut-être moins de les traiter féparément, que de les faire marcher de front, & comme rentrer l'une dans l'autre. En effet la Métaphyfique a pour but d'examiner la génération de nos idées, & de prouver qu'elles viennent toutes de nos fenfations. Or pour faire cet examen d'une maniere complette, il faut montrer de

quelle maniere nos fenfations font naître en nous les idées qui en paroiffent les moins dépendantes, comme celles du jufte & de l'injufte. Ainfi les premieres vérités de la Métaphyfique font effentiellement liées aux premieres notions de la Morale; & dans une analyse philofophique on ne fauroit les féparer. D'un autre côté la Logique eft l'art de comparer les idées entr'elles; or pour apprendre à les comparer, il eft néceffaire d'en connoître la génération; la Métaphyfique, fous ce point de vue doit donc précéder la Logique. Mais en même temps on ne peut développer la génération des idées fans faire ufage de l'art du raisonnement; ainfi la Logique doit précéder à cet égard l'examen de la génération des idées. Il eft donc évidemment impoffible de traiter féparément & diftinêtement l'une de ces trois Sciences, la Logique, la Métaphyfique & la Morale, fans fuppofer quelques notions déjà acquifes dans les deux autres. Or comment éviter cette apparence de cercle vicieux, fi propre à jeter dans des élémens de Philofophie une efpece de confufion, fuite néceffaire & fâcheufe de l'ordre même qu'on voudroit

voudroit y obferver? Un peu d'attention à la marche de notre efprit dans l'analyfe de fes perceptions, fervira à nous faire éviter cet inconvénient. La faculté de juger, ainfi que celle de fentir, s'exerce en nous dès que nous commençons à exister; à peine un enfant a-t-il des fenfations, qu'il les compare, qu'il connoît ce qui lui eft utile ou nuifible, & par conféquent qu'il juge. Il y a donc en nous une logique naturelle & comme d'inftinct, qui préfide à nos premieres opérations, & que le Philofophe doit fuppofer. La Logique confidérée comme fcience, eft l'art de faire des combinaisons plus compofées & plus difficiles, & c'eft de cet art que le Philofophe doit donner des regles. Ainfi il examinera d'abord comment nous connoiffons par nos fenfations l'existence des objets extérieurs; il cherchera enfuite comment nos fenfations produifent nos idées; il jettera à cette occafion les premiers fondemens de la Morale, & renverra à la Morale proprement dite le détail & le développement des vérités qui portent fur ces fondemens inébranlables. La géné ration des sidées étant fuffifamment Tome IV. G

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connue, le Philofophe expliquera pour lors, l'art de les comparer, c'est-à-dire, la Logique, pour paffer de-là à la grande vérité de l'existence de Dieu, qui étant la plus utile application des regles du raifonnement, doit en être la premiere.

Mais une autre fcience qu'il ne faut pas féparer de la Logique & de la Métaphyfique, & qui appartient effentiellement à l'une & à l'autre, c'eft la Grammaire, ou l'art de parler. D'un côté la formation des Langues eft le fruit des réflexions que les hommes ont faites fur la génération de leurs idées; & de l'autre le choix des mots par lesquels nous exprimons nos penfées, a beaucoup d'influence fur la vérité ou fur la fauffeté des jugemens que nous portons,' ou que nous faifons porter aux autres. Ainfi c'eft principalement par rapport à l'art de raisonner, & à celui d'analyfer nos idées, que le Philofophe traite de la Grammaire. Par conféquent il doit fe borner aux principes généraux de la formation des Langues; principes dont les regles de chaque Langue particuliere font des applications faciles, ou des exceptions bizarres qui n'ont

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