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donc être encore plus rigoureufes que les lois fur le néceffaire relatif. On peut les réduire à ce principe févere, mais vrai, que le luxe eft un crime contre l'humanité, toutes les fois qu'un feul membre de la fociété fouffre & qu'on ne l'ignore pas. Qu'on juge de là combien peu il y a d'occafions & de gouvernemens où le luxe foit permis, & qu'on tremble de s'y laiffer entraîner fi on a quelque refte d'humanité & dé juftice. Nous ne parlons ici que des maux civils du luxe, de ceux qu'il peut produire dans la fociété; que fera-ce fi on y joint les maux purement perfonnels, les vices qu'il produit ou qu'il nourrit dans ceux qui s'y livrent, en énervant leur ame, leur efprit & leur porps? Auffi plus l'amour de la patrie, le zele pour fa défenfe, l'efprit de grandeur & de liberté font en honneur dans

une nation, plus le luxe y eft profcrit ou méprifé; il eft le fléau des Républiques, & l'inftrument du defpotisme des Tyrans.

Une autre queftion qui tient à celles du néceffaire abfolu & relatif, eft la queftion de l'ufure, fi agitée par les Philofophes & les Ecrivains moraux. Tome IV.

E

Il ne feroit pas furprenant que fur ce point, ainfi que fur beaucoup d'autres, les préceptes de la Religion allaffent plus loin que ceux de la fociété; mais pour bien connoître ce que la Religion ajoute à la morale en cette matiere, il. eft du devoir du Philofophe d'examiner les regles que la raifon & l'équité purement naturelle nous prefcrivent: En quoi confifte l'ufure proprement dite? Si ce qui eft ufure dans un cas peut ne pas l'être dans un autre, eu égard aux circonftances & aux perfonnes? Si l'aliénation du fonds eft néceffaire pour pouvoir exiger l'intérêt de l'argent? Enfin fi l'intérêt compofé c'est-à-dire l'intérêt de l'intérêt, est en lui-même plus contraire à la morale que l'intérêt fimple? On pourroit faire voir à cette occafion, (& c'est une obfervation que nous croyons nouvelle & importante) que fi l'intérêt compofé eft plus onéreux au débiteur que l'intérêt fimple, lorfque le débiteur s'acquitte au-delà du temps par rapport auquel l'intérêt eft fixé, l'intérêt compofé eft au contraire favorable au débiteur lorfqu'il s'acquitte avant ce même tems; yérité de calcul qu'un Auteur de morale

peut mettre aifément à la portée de tout le monde (h).

(h) Pour rendre fenfible à tous nos Lecteurs cette ob. fervation, fuppofons qu'un particulier prête à un autre une fomme d'argent à 3 pour 1 d'intérêt par an; cette ufure exorbitante ne peut fans doute jamais être permife en morale, mais l'exemple eft choisi pour rendre le calcul plus facile. Il eft clair qu'au commencement de la premiere année, c'est-à-dire dans l'inftant du prêt, le débiteur devra fimplement la fomme prêtée 1; qu'au commencement de la deuxieme année il devra la fom-me 4; & que cette fomme 4 devant porter fon intérêt à 3 pour 1, il fera dû au commencement de la troifieme année la fomme 4 plus 12 ou 16; enforte que les fommes 1, 4, 16 dues au commencement de chaque année, c'eft-à-dire à des intervalles égaux, formeront une proportion dans laquelle le troifieme nombre contient le fecond, autant de fois que celui-ci contient le premier. Or par la même raison fi on cherche la fomme due au milieu de la premiere année, on trouvera que cette fomme eft 2, parce que la fomme due au milieu de la premiere année doit former auffi une proportion femblable avec les fommes 1 & 4 dues au commencement & à la fin de cette année, & qu'en effet la fomme i eft contenue dans la fomme 2 autant de fois que la fomme 2 l'eft dans la fomme 4. Préfentement dans le cas de l'intérêt fimple, le débiteur de la fomme 4 au commencement de la deuxieme année, ne devroit que la fomme 7 & non 16 au commencement de la troifieme; mais au milieu de la premiere année il devroit la fomme 2 &; car l'argent qui rapporte 3 pour 1 à la fin de l'année dans le cas de l'intérêt fimple, & 6 (c'est-à dire, le double de 3) à la fin de la deuxieme année, doit rapporter, c'est-à-dire, la moitié de 3, au milieu de la premiere année. Donc dans le cas de l'inté→ rêt compofé, le débiteur devra moins avant la fin de la premiere année, que dans le cas de l'intérêt fimple. Done fi l'intérêt compofé eft favorable au créancier

Les Lois naturelles, écrites ou non écrites, ont principalement pour but de conferver ou d'améliorer l'existence phyfique des citoyens; mais outre cette existence, il en eft encore une autre qu'on peut appeller existence morale, & qui ne doit pas leur être moins chere: elle eft fondée fur l'eftime & la confiance de leurs femblables, fentiment précieux fans lequel aucune fociété ne peut fubfifter.

Les citoyens ont trois efpeces d'exiftence morale. La premiere, qui confifte dans la réputation de probité, ne fauroit être trop ménagée dans ceux qui lạ méritent, & trop ouvertement attaquée dans ceux qui en font indignes. La feconde, qui confifte dans la réputation de vertu, eft moins rigoureufement néceffaire, & par conféquent, lorfqu'elle eft ufurpée, elle peut être attaquée avec plus de liberté; mais elle

dans certains cas, il l'eft au débiteur dans d'autres. La compensation, il est vrai, n'est pas égale, puisque l'avantage du débiteur finit avec la premiere année, & que celui du créancier commence alors pour aller toujours en croiffant à mesure que le nombre des années augmente. Néanmoins il n'eft pas inutile d'avoir fait cette remarque, ne fût-ce que pour montrer que l'intérêt fimple dans certains cas eft moins favorable au débiteur que l'intérêt compofé, fi la convention eft telle que le débiteur foit obligé de s'acquitter avant la fin de l'année de l'emprunt.

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ne le fauroit être avec trop de circonfpection & de juftice. Enfin la troifieme eft la réputation de talent & de mérite, qui moins néceffaire encore, peut auffi fouffrir des attaques plus vives quand elle n'eft pas méritée. Ces attaques font l'objet de la critique; ainfi la critique eft non feulement permife, elle eft encore utile & néceffaire, pourvu qu'on ne la confonde pas avec la fatyre, dont le but eft plutôt de nuire que d'éclairer. Mais c'eft peut-être une des queftions les plus délicates de la morale, que de marquer avec équité la différence précife de la fatyre & de la critique; d'un côté la vanité offenfée voit la fatyre où elle n'eft pas, de l'autre la malignité voudroit trop en reculer les bornes.

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jets fur lefquels doit porter la morale de l'homme. Celle des Légiflateurs à deux branches, ce que tout gouverne

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