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toujours le moins trompés, ont tou jours été ceux qui ont fait le moins de fyllogifmes; & que la forme fyllogiftique n'eft guere plus néceffaire à un -bon raifonnement que le nom de théorême à une véritable démonftration. L'étalage en tout genre eft une preuve d'opulence au moins très-équivoque, & fouvent une marque beaucoup plus fûre d'indigence.

S. VI.

Eclairciffement fur ce qui a été dit à la page 43, de l'art de conjecturer.

D

ANS l'art de conjecturer on peut diftinguer trois branches. La premiere qui a été long-tems la feule, & qui n'a même commencé à être cultivée que depuis environ un fiecle, eft ce que les Mathématiciens appellent Panalyfe des probabilités dans les jeux de hazard. Elle eft foumise à des regles connues & certaines ou du moins regardées comme telles par les Mathématiciens; car je crois avoir montré ailleurs (a) que les principes de cette fcience peuvent encore laiffer quelque chofe à defirer à certains égards, & je l'ai prouvé par des queftions même dont la folution feroit illufoire de l'aveu des plus célebres Analyftes, fi on s'en tenoit aux regles ordinaires pour réfoudre ce genre de queftions.

(a) Voyez dans ce volume l'Ecrit fur le calcul des probabilités à la fuite de ces Eclairciffemens.

La feconde branche eft l'extenfion qu'on a faite de l'analyse des probabilités dans les jeux de hazard, à différentes queftions relatives à la vie commune, comme celles qui ont rapport à la durée de la vie des hommes, au prix des rentes viageres, aux affurances maritimes, à l'inoculation (¿), & autres objets femblables. Elles different des questions fur les jeux de hazard, en ce que dans celles-ci, les regles des combinaifons mathématiques uffifent (au moins prefque toujours) pour déterminer le nombre & le rapport des cas poffibles; au lieu que dans celles-là, l'expérience & l'obfervation feules peuvent nous inftruire du nombre de ces cas, & ne nous en instruifent qu'à peu près.

Néanmoins dans cette feconde branche même de l'art de conjecturer, le calcul mathématique eft encore applicable; l'incertitude, s'il y en a, ne tombe que fur les faits qui fervent de principes; ces faits fuppofés, les conféquences font hors d'atteinte.

Il n'en eft pas ainfi d'une troifiemę

(b) Voyez dans ce volume les Réflexions fur Pinoculation.

branche de l'art de conjecturer, dans la
quelle même confifte réellement cet
art proprement dit; car les deux pre-
mieres branches n'y appartiennent que
d'une maniere impropre, parce qu'elles
ont pour base ou des principes cer-
tains, ou des faits qui le font à
près, & une méthode fûre de raifon-
ner d'après ces principes & ces faits.

peu

Cette troifieme branche a pour objet les fciences dans lefquelles il est rare ou impoffible de parvenir à la démonstration, & dans lefquelles cependant l'art de conjecturer eft néceffaire.

Il faut diftinguer ces fciences en fpéculatives & en pratiques. Les premieres peuvent fe réduire à la Phyfique & à l'Hiftoire, les autres à la Médecine, à la Jurifprudence & à la Science du monde ; j'entends ici par la Science du monde, l'art de fe conduire avec les hommes pour tirer de leur commerce le plus grand avantage poffible, fans s'écarter néanmoins des obligations que la morale impofe à leur égard.

Parcourons fucceffivement ces différentes fciences, & voyons dans chacune en quoi confifte l'art de con

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jeaurer, relativement à leurs différens objets.

Én Phyfique l'art de conjecturer peut avoir pour but, ou de trouver la caufe des faits que l'expérience & l'obfervation nous découvrent, ou de nous conduire à la découverte de nouveaux faits qui ajoutent quelques degrés de perfection aux connoiffances que nous avons fur les phénomenes de la nature. C'eft en rempliffant ce dernier objet que l'art de conjecturer en Phyfique peut avoir l'utilité la plus réelle & la plus fenfible. On fera d'autant plus en état d'y parvenir, qu'on aura une connoiffance plus étendue des faits déja découverts. En rapprochant les uns des autres ceux de ces faits qui ont entr'eux quelque chofe de commun, quelque analogie plus ou moins facile à appercevoir, on en vient à foupçonner les phénomenes qui pourroient réfulter de quelque combinaison nouvelle; & la conjecture fe change en démonftration quand l'expérience confirme ce qu'on avoit foupçonné.

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Il femble que cet art de conjecturer dans la Phyfique devroit en étendre très-rapidement les bornes. La multi

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