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CHAPITRE II

Les origines gallicanes
(1540-1565)

I. LE TON DES POLÉMIQUES.

II. LES PREMIERS JÉSUITES A PARIS. ADVERSAIRES.
III. PLAIDOYER D'ETIENNE PASQUIER.

IV. FAUSSE SITUation des Jésuites (1).

I

En fait de jésuitophobie, la spirituelle France de Pascal et de Voltaire est à la hauteur de ses voisines hérétiques. Il est vrai que, chez elle, les adversaires de

(1) Sur les cinquante premières années de la Compagnie de Jésus en France, voir :

1° Documents originaux provenant de la Compagnie dans les Monumenta historica Soc. Jesu, la Chronique de Polanco, les Epistolae mixtae, Ep. Quadrimestres, Monumenta Ignatiana, Epist. P. Pascasii Broet etc. Les Cartas de St Ignace. P. Carayon. Documents inédits. Doc. A-B.

2o Principaux pamphlets: Pasquier, OEuvres, Amsterdam, 1723, 2 in-f., t. I, Recherches, 1. III, ch. 44 (plaidoyer contre les Jésuites), cfr. ch. 43 et 45. On trouvera, p. 1097 la réplique de Versoris, t. II, Lettres, passim. Catéchisme des Jésuites, Villefranche, 1602 (cfr. L. Feugère, OEuvres choisies d'E. P., t. I, p. CLI, cc., Démêlés d'E. Pasquier avec les Jésuites).

la Compagnie ont gardé une retenue relative. Aussi bien, ce sont à l'origine des gens graves, parlementaires, jansénistes, sorbonistes, gallicans. Dès le premier jour, les conflits prennent une forme processive, chicanière, contentieuse, qu'ils garderont jusqu'à la dernière heure. L'antijésuitisme français exhale un relent prononcé de basoche. Ce ne sont que plaidoyers, réquisitoires, monitoires, arrêts, sentences. Les Calvinistes euxmêmes se laissent, pour la variété, le choix, l'extravagance des métaphores, pour l'invraisemblance des inventions, dépasser par les Allemands. Ce n'est pas qu'en France on n'excède aussi dans les formes. Le défaut est général. Si nous nous plaignons des invectives de Pasquier, Arnauld et autres, il n'est que trop facile de répondre par Garasse et Richeome. Polémistes jésuites et antijésuites auront besoin que Pascal leur donne une leçon de tenue littéraire. Mais les métaphores outrées et les fortes enluminures ne sont rien reste à savoir ce qu'elles cachent, et de quel côté sont les substantielles calomnies.

3o De Thou. Historia sui temporis. Les histoires de l'Université par Crevier et du Boulay. Linguet. Histoire impartiale des Jésuites, 1768. Prat. S. J. Maldonat, Paris 1854; Recherches historiques, etc. 1876. Th. Froment, Essai sur l'histoire de l'éloquence judiciaire en France avant le XVII° siècle, p. 80, 99 (sur E. Pasquier), 149-175 (sur A. Arnauld). Lenient, la Satire en France au XVIe siècle. Douarche, l'Université de Paris et les Jésuites. Abbé Féret, l'Université de Paris et les Jésuites dans la seconde moitié du XVIe siècle, dans la Revue des questions historiques, T. 65, avril 1899, p. 455, (voir du même auteur la Faculté de Théologie de Paris, époque moderne, t. I, p. 57). Tournier, Mgr Guillaume du Prat au Concile de Trente. (Eludes religieuses, 1904).

Traiter son adversaire de « maraud de Paris, petit galant, bouffon, plaisanteur,........... sale et vilain satyre, sot par nature, par bécarre, par bémol, sot à la plus haute gamme, sot à triple semelle, sot à double teinture et teint en cramoisi... renard velu, renard chenu, renard grison, pie babillarde, oison bridé qui se débride licencieusement pour embouer, envillainer et souiller la belle blancheur et le net plumage des Cygnes »>, c'est évidemment excessif, même de la part d'un homme qui se défend, et ce n'est guère spirituel. Mais enfin ce déluge de drôleries ne prouve que le mauvais goût et l'énervement de l'auteur. On avouera que ce n'est pas tout à fait la même chose que de mettre sur le compte de ses adversaires des crimes à les faire passer en Cour d'assises (1).

II

Rappelons en deux mots les origines du conflit en France.

Ce qu'au début de la Compagnie on appelait collège, n'était qu'un séminaire où quelques étudiants jésuites, entretenus par la charité des fondateurs vivaient en commun et suivaient les cours d'Université. Pas

(1) La chasse du renard Pasquin, découvert et pris en sa tannière du libelle diffamatoire faux-marqué le catéchisme des Jésuites par · le sieur Félix de la Grâce, gentilhomme françois, seigneur du diet lieu Capite nobis vulpes parvulas quæ demoliuntur vineas. Cantic. 2. Prenez-nous un tas de renardeaux qui ruinent les vignes. Villefranche 1602, in-12 cité par Cretineau-Joly, t. I, ch. VIII, p. 358, note. L'auteur est le P. Richeome.

d'enseignement à l'intérieur de la maison; donc aussi, pas d'élèves étrangers internes ou externes.

En 1540, plusieurs de ces jeunes gens étaient venus à Paris; ils s'étaient fixés au collège du Trésorier; puis ils avaient passé à celui des Lombards. Ils vivaient là en petite communauté, ne se distinguant des autres étudiants que par une conduite plus édifiante, plus d'assiduité aux leçons, la fréquentation des sacrements, quelques exercices de zèle et de charité. Puis, l'évêque de Clermont, Guillaume du Prat, qui avait connu la Compagnie au concile de Trente, et comptait sur elle pour combattre l'hérésie dans son diocèse, projeta de lui fonder à Paris un collège autonome. En attendant, il logeait les pères dans un vieil hôtel appartenant à son évêché, rue de la Harpe. Il comptait le leur céder en due forme. Mais sans une reconnaisance officielle du Gouvernement, jamais l'Ordre nouveau ne pourrait, comme tel, posséder d'immeubles à Paris, ni accepter de legs. En conséquence et pour assurer l'avenir, requête fut présentée au roi Henri II, par l'entremise du cardinal de Lorraine (1550). Le prince n'avait aucune raison de la rejeter. Les Jésuites combattaient de leur mieux en Allemagne contre l'hérésie. Lui, se montrait dans ses états adversaire décidé des novateurs. Les Pères ne pouvaient être pour lui que de précieux auxiliaires. Donc les lettres furent signées qui autorisaient leur établissement à Paris et lui donnaient une existence légale. Mais pour se faire obéir, il ne suffisait pas toujours que le roi parlât.

L'opposition surgit de plusieurs côtés à la fois. Les

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