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che, a fubmergé tous les alentours; les habitans de ce pays désolé en éprouvent encore les triftes effets. L'Oife & la Vione ont couvert plufieurs villages dans le Vexin-François. La riviere de Thibouville a fait aufli de cuels ravages par fon excurfion. Le Morin, à Crefpy en Valois, eft monté à la hauteur de 6 pieds dans les maisons. L'Aifne, à Soiffons, transformée en impétueux torrent, a entraîné ponts, moulins, maisons & tout ce qui s'eft trouvé fur fon paffage. La Vefle, dans le Rémois, a excité les plus vives alarmes; elle a détruit plufieurs maifons, & mis en fuite les habitans des villages fitués fur fes rives. C'est au milieu de ces triftes fcenes qu'on a vu un généreux curé champenois, bravant l'impétuofité des flots, fauver fucceffivement fur fes épau les 20 paroiffiens. Le pont neuf à Tours (dont les arches ne font ni affez élevées, ni aflez évafées) a été très-endommagé par le débordement de la Loire. La Seine eft defcendue du 23e. degré au Ise. Le 9, eft parti le premier coche, ainfi ce fleuve eft redevenu navigable.

Le courier de la pofte d'Amiens à Abbeville trouva, le 23 Février, en arrivant dans la vallée de Flixecourt, la chauffée couverte par les eaux de la riviere qui s'étoit débordée; elles rouloient

la rigueur exceive du froid & l'abondance des neiges ce prince a ordonné d'abondantes diftributions, en pain, en bois & en argent; ces mêmes fecours fe continuent encore dans ce moment en proportion de l'urgence des. befoins, de maniere que fa préfence feule manque à la multitude, qui ne vit que de fes bontés. Les prifonuiers mêne ont reffenti dans l'obfcurité de leurs cachots la douce influence de fon cœur compatiffant. A la fimple follicitation de M. Duclos, curé de la paroiffe de St. Denys d'Evreux, S. A. S. lui a fait paffer l'ordre de leur donner tout le bois néceffaire; & les voitures ordinaires n'ayant ofé expofer leurs chevaux pour aller le chercher, en s'eft fervi d.s chevaux du prince pour ce tranfport.

avec elles des arbres qu'elles avoient déraci nés, des débris de maifons qu'elles avoient renverfées. Ce fpectacle effrayant, les confeils des habitans, arrêterent un inftant le courier, qui étoit accompagné d'un commis aux aides; mais fon zele à remplir fon fervice te décida à effayer de vaincre cet obftacle. Il crut que le poids de fa voiture, la précaution qu'il prit d'y ajouter un troisieme cheval, le mettroient en état de franchir le torrent. A peine arrivé au milieu de la chauffée, il fut jetté hors de la route; le commis s'accrocha au premier arbre; le courier, fidele à fon dépôt, employa tous fes efforts pour le conferver; mais entraîné par le torrent, ainfi que fes chevaux, il fut forcé de l'abandonner. Les habitans volerent au fecours du commis, & ayant formé une espece de pont avec des voitures, ils lui jetterent une corde, à laquelle il s'attacha ; & le retirerent ainfi. Le courier, déjà fort éloigné, alloit périr, fans l'humanité d'un garçon meûnier, qui, prenant un cheval de fon maître, s'élança avec lui à travers le torrent. Parvenu au courier, auquel il recommande de s'attacher à la queue de fon cheval, il le ramene à terre aux acclamations répétées des fpectateurs, partagés entre la crainte de les voir périr, l'efpoir de leur falut & l'admiration de l'intrépidité du meunier. Deux des chevaux du courier ont péri; mais fa malle a été retrouvée le lendemain. Le contrôleurgénéral, fur la demande de l'intendant de Picardie, a accordé à ce meûnier une gratification de 150 livres.

'On écrit de Mantes-fur-Seine que 4 voitures de marée & leurs conducteurs, paffant du pont de cette ville à celui du fauxbourg de Limai, n'ont point fuivi la chauffée, & qu'ils ont difparu fans qu'il ait été poffible de les fecourir.

On a va flotter fur la riviere d'Oife, à peu de diftance de Compiegne, un berceau, jouer des vents & des flots. On ne dit pas fi ce ber ceau a été jetté fur le rivage, ou fi quelque ma→ rinier a été le chercher; mais on a trouvé un petit enfant qui tenoit dans fa main un refte de morceau de pain, & qui, affez heureux pour ignorer fon danger & ne pas craindre la mort, fourioit à ceux qui venoient le regarder. Il eft prifumable qu'il étoit amufé du balancement qu'il éprouvoit dans fa maniere de voyager. Comme on ignore à qui appartient cet être privilégié, rabbeile de Royal-Lieu s'en eft emparée, & veille fans doute avec beaucoup de foin à fa confer vation.

On a trouvé, le 6 de ce mois, auprès de la i bairiere de la Conference & fur les bords du Cours-de-la-Reine, une tête de perroquet vert, coupée, ayant la langue arrachée, & autour du cou une bande de parchemin, portant ces mots, écrits de la main d'une femme: Bavard, tu m'as perdue e fuis vengée. Cet oifeau avoit fans dou-: te revélé quelque infidélité; il a fubi la paro die de ce Romain, affaffiné l'année derniere & dont la tête ayant été coupée receloit dans fa bouche un écrit où on lifoit cette épigra- ! phe: Le voilà puni de toutes fes perfidies.

Les nouvelles de plufieurs endroits portent que, pendant le cours de cet hiver fi long & fi rigoureux, où les campagnes ont été couvertes de neiges, les loups, fortis de leurs retraites, fe font répandus dans les campagnes & y ont caufé des ravages. On a fait la guerre à ces animaux féroces, & on l'a faite furtout avec fuccès› dans l'Angoumois & le Poitou, les officiers des chaffes de Mgr. comte d'Artois, & plufieurs gentilshommes qui fe font réunis fur les limites de ces deux provinces,en ont tué plus de 60,lefquels

répandoient l'alarme, & venoient jufques dans les villages.

ans,

Les lettres de la Rochelle & de Rochefort contiennent des détails des fuites que l'on craignoit de l'orage de la nuit du 17 au 18 du mois dernier. Nous en réunirons ici quelques-uns. Le 25 Janvier, on avoit déjà enterré plus de 40 cadavres pouffés à la côte depuis cette tempête, avec beaucoup de débris de vaiffeaux, de planches de mâture. La patache qui va de cette ville à l'ifle de Ré, à coulé bas avec 54 paffagers, dont un feul, qui eft un homme de 60 s'eft fauvé fur un débris de bâtiment, & a été jetté sur un rocher. Il y avoit fur cette patache un homme qui conduifoit avec lui fa fille, un enfant de 8 à 10 ans ; au moment où le bâtiment a péri, il l'a prife entre fes bras, & deux jours après on l'a trouvé fur la plage dans la même posture, tenant cet enfant ferré contre fa poitrine, d'où on ne l'a retiré qu'avec peine. Des nouvelles de Blayes portent que, pendant ce terrible ouragan, il a péri dans la Garonne un nombre prodigieux de perfonnes. On a trouvé dans cette riviere plus de 100 cadavres auxquels on a donné la fépulture: il y en avoit, difent quelques lettres,la charge de 5 groffes charrettes. Le bateau de paffage a péri avec 45 perfonnes, parmi lefquelles étoit un chevalier de St. Louis, un confeiller clerc du parlement de Bordeaux, un garde-marine, &c.

Nota. On defireroit avoir des renfeignemens fur l'existence & le lieu de la réfidence actuelle de M. de Saint-Léger, auquel il vient d'échoir une fucceffion importante. Il est né à Paris, où il a épousé la Demoiselle Godernau, fille du colonel de ce nom; il a été très-connu de M. de Beauchamp, réfident, en 1752, de la cour de France à Liege. Son pere a transféré fon

domicile de Paris à Iffoudun en Berry. On prie d'adreffer les renfeignemens defirés au R. P. Jacques Lejeune, au couvent de récollets, à Verfailles.

Le 9 de ce mois, on a donné, au théatre italien, la premiere représentation d'ARISTE, ou des ECUEILS DE L'ÉDUCATION, comédie en s actes, en profe. Voici ce qu'en dit le Journal de Paris. « Damis, fils de M. & de Mme. Argante, aime une jeune perfonne nommée Julie. Il l'a rencontrée avec fa mere dans l'inftant que deux infolens les infultoient, & il s'eft battu pour les venger. Argante, qui traite fon fils avec dureté, veut qu'il époufe Ifabelle, fa pupille. Mme. Argante, d'un autre côté, a pour lui une exceflive foibleffe & favorife toutes les fantaifies. Le principal but de la piece paroît être de montrer les inconvéniens de ces deux manieres oppofées d'élever la jeuneffe. Cependant le hazard fait que Julie, qui eft une fille de qualité dans l'indigence, fe préfente chez Mme. Argante, en qualité de femme-de-chambre, & qu'elle eft acceptée, ce qui amene bientôt une reconnoiffance entre elle & Damis. Elle veut abfolument facrifier fon devoir à fon penchant, & le jeune homme eft au défefpoir. La mere, craignant l'excès de fon chagrin, pouffe la complaifance jufqu'à retenir Julie malgré elle : le pere eft furieux contre fon fils. Heureufement qu'il fe trouve enfin un homme raisonnable dans la maison, & qu'il eft fecondé par les circonftances. C'eft Arifte, frere d'Argante. Il ramene le pere & le fils par la douceur; & en voulant voir Julie, il reconnoît la fille de fon ami, le comte de Gerval, qui a eu une affaire malheureuse; mais il vient d'être décidé que fa veuve & fa fille rentreront dans fes biens. En conféquence, Argante embraffe fon fils, & confent

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