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autant qu'il a pu à toutes les familles fouffrantes. Mais comme il eft des malheureux qui rougiffent de le paroître, une charité ingénieufe leur a épar gné toute honte & toute humiliation, en faisant ouvrir des atteliers de charité où tous les vaffaux du duché, fans diftinction, étoient admis & payés généreufement, quoiqu'ils ne puffent rien faire. Comment reconnoître tant de bienfaits? C'eft fur quoi je prie l'affemblée de délibérer ». «La matiere mife en délibération, un cri général & unanime s'eft élevé dans l'affemblée pour femercier le Très-Haut de lui avoir donné dans fa miféricorde un feigneur fi bienfaifant, & il a été arrêté, 1°. que, pour perpétuer le souvenir des bienfaits accordés aux pauvres de cette paroiffe par Mgr. le duc de Villequier, le préfent acte fera inferit fur le regiftre des délibérations, & qu'il en fera envoyé à ce feigneur une copie fignée comme l'original, de tous les habitans des deux villages qui compofent cette dite paroiffe, pour être près de lui un témoignage permanent de leur reconnoiffance & de leurs refpects; 2°. que les noms de Mgr. le duc & de Mme la ducheffe de Villequier feront infcrits fur le tableau des bienfaiteurs de cette paroiffe, pour être nommés & recommandés aux prieres des fideles les principales fêtes de l'année; 3°. que jeudi prochain, II du préfent mois, il fera chanté, à 10 heures du matin, une meffe folemnelle d'actions de grace, pour demander à Dieu la confervation des jours précieux de Mgr. le duc & de Mme. la ducheffe de Villequier, & pour attirer fur leur chere & illuftre famille les graces & bénédictions du ciel, à laquelle mefle feront priés d'affifter les officiers de M. le duc ».

On mande de Nancy qu'un officier du régiment du Roi ayant rencontré dans la rue un homme chargé de 5 enfans, qui venoit d'être

exécuté pour fon loyer, & qui fe trouvoit réduit à la plus grande mifere, entra à l'inftant chez le propriétaire de la maifon, le fatisfit, paya les frais de juftice, donna même d'avance le prix du loyer jufqu'à la St. Jean, remit enfuite 2 louis au malheureux pere de famille, & lui affura du pain, ainfi qu'à fes enfans, chez un boulanger, pendant un certain tems. On ajoute que, tant qu'a duré la rigueur de la faifon, les perfonnes en place & les corps fe font empreffés de fecourir les pauvres; que les Anglois qui demeurent à Nancy, ont également fignalé leur générosité; que les Juifs domiciliés dans cette ville ont auffi fait des aumônes confidérables; qu'enfin le directeur de la comédie a donné,le 6 de ce mois,une grande redoute, & le 7 une représentation au profit des pauvres, qui ont produit environ 2000 liv, Onta donné à Metz, au profit des pauvres, une repréfens tation dont la recette a monté à plus de 1400 liv. & une partie de cette fomme a été confacrée au foulagement des malheureux qui ont fouffert de l'inondation de la Seille. Les directeurs de la comédie, non-feulement ont fait en entier le facrifice des frais, mais ils ont encore contribué de leur bourse, ainfi que leurs confreres, augmenter la maffe deftinée pour foulager les indigens.

à

M. Blanchard a rendu lui-même le compte fuivant de fon expérience faite le 2 de ce mois au champ de Mars.

« J'ai commencé à midi un quart à vouloir effayer mon départ avec Dom Pech, mon compagnon de voyage; mais la perte d'air que mon ballon avoit éprouvée par le fâcheux événement dont on a parlé, nous a fait defcendre prefque auffi tôt. Je l'ai engagé à fortir de la machine ce qu'il a fait à très-grand regret. Je fuis parti feul à midi & demi à ma montre; j'ai été

élevé à une hauteur que je n'ai pu eftimer. Dans le nombre des dommages que m'a fait éprou→ ver la faillie d'un jeune homme qui s'eft élancé dans mon vaiffeau, la perte de mes inftrumens qui ont été tous brifés, doit tenir le premier rang. Je ne me fuis déterminé à partir, ainfi dénué de tout, que pour la feule fatisfaction du public fous les yeux duquel j'étois dans ce moment. Un courant m'a conduit fur Paffy. Là, j'ai éprouvé un calme parfait & fuis refté ftationnaire environ 14 minutes. J'ai repaflé enfuite la riviere, & dans ce paffage, les nuages m'ont paru au deffous de moi. Dans ce moment j'ai reffenti ardemment la chaleur des rayons du foleil, & je me fuis trouvé dans un calme semblable au précédent, qui a duré environ 15 minutes. J'ai paflé vivement dans un autre courant qui a beaucoup agité mon ballon; j'y ai reffenti un froid exceffif, ce qui m'a obligé de me couvrir d'un manteau; ce courant m'a fait revirer quatre fois fur moimême; enfuite un autre courant moins violent que les précédens, m'a dirigé fur MontRouge, & je fuis refté immobile environ 15 minutes. Ayant alors vu mon ballon diminuer par l'agitation véhémente que j'éprouvois, occafionnée fans doute par la contrariété de deux vents oppofés qui le comprimnoient, j'ai jetté quatre livres de left, ce qui m'a fait remon ter. J'ai été alors très-vîte dans la derniere direction d'où j'étois parti; mais en traversant de nouveau la riviere, je me fuis apperçu que je defcendois fenfiblement. Pour éviter de tomber dans l'eau, je me fuis encore débarraffé d'une portion de mon left, ce qui a prolongé ma courfe jufque dans la plaine de Billancourt où j'ai longé la terre environ deux cens pieds mais comme le terrein étoit très-raboteux, j'ai

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pris le parti de jetter le refte de mon left & des débris de ma machine; ce qui m'a fait defcendre légerement fur la terre. Plufieurs perfonnes font accourues, ont fixé mon vaiffeau fur terre à une heure trois quarts; ce qui fait au total cinq quarts d'heure de route. Je dois ajouter que, dans ce court efpace de tems j'ai éprouvé fucceffivement le chaud, le froid la faim. & une exceffive envie de dormir. Comme il s'agit dans ce moment, d'un point fort important, c'eft-à-dire, de la puiffance de diriger les machines aéroftatiques, je me vois obligé de ne rien diffimuler, & de faire mer tion & de mes intentions & de mes manœuvres. Quoique dénué de mes ailes, je n'avois pas cependant perdu entierement l'efpoir de me diriger fur la Villette, où je fçavois être attendu avec impatience. Il me reftoit mon got vernail & mon appendice; je me fuis fervi de Pun & de l'autre, & je ne puis m'empêcher de croire que c'eft à leur ufage que je dois d'ê tre parvenu tantôt à éviter la trop grande rapi dité des courans dans lefquels je me fuis trouvé, tantôt enfin à aller contre ces mêmes courans. Il me paroît du moins difficile d'attribuer à une autre caufe le fait que vous m'apprenez avoir été remarqué du plus grand nombre des fpectateurs; fait qui m'eft perfonnel, & que n'ont point éprouvé mes prédéceffeurs, qui eft d'avoir en effet vogué longtems contre

le vent >>.

Le jeune enthousiaste qui vouloit à toute for ce être le compagnon du voyage aérien de M. Blanchard, fe nomme Dupont de Chambon. Com me il avoit été mis en prifon à l'école militaire, M. le duc d'Orléans a demandé fon élargiffement à M. de Timbrune, gouverneur de cet établissement, & l'a obtenu d'autant plus facile

ment, que M. de Chambon eft un des éleves les plus diftingués par fes talens.

On a vu tomber, le 4 de ce mois, fur le quai des théatins, & le 7 dans le jardins des Tuileries, des aéroftats enflammés, de ceux vraifemblablement abandonnés avec un appareil à efprit de vin. On croit devoir prévenir fur le danger de pareilles expériences. Cette espece d'aéroflats fe portant à des diftances très-éloignées, ainfi que ceux garnis d'artifices, peuvent dans la capitale, s'introduire dans les greniers, dans les campagnes, pénétrer dans les granges, tomber fur des meules, ou fur des toitures en chaume, & porter avec elles la dévastation. La phyfique, après être parvenue à préferver nos habitations de la foudre, feroit impardonnable de fe permettre l'ufage de moyens faits pour tes incendier, & il eft de la fageffe des phyficiens de prévenir d'auffi triftes événemens. On fe rappelle que, lors des fêtes de la paix, M. te prévôt des marchands crut qu'il étoit de la fagefle du corps municipal de fe refufer au defir que la capitale témoignoit, de voir un aéroftat lancé avec de l'artifice.

On écrit de Dijon, en date du 28 Février que, le 26, M. de Morveau & fon coagent M. Bertrand auroient dû s'enlever le même jour avec 6 compagnons rameurs, qui auroient dirigé le globe aéroftatique dijonnois; mais la tente qui doit envelopper le gaz, ne s'étant. pas remplie, il a fallu remettre l'expérience au 28, & à midi de ce jour, l'aéroftat fe vuidoit au lieu de s'enfler. On a donc jugé à propos de renvoyer le voyage aérien au 10 Mars. Les dimenfions prifes jufqu'à ce moment, pour l'exécution de cette immenfe voiture aérienne paroiffent, dit-on, peu propres à en préparer le fuccès. Le gaz employé eft la fumée de

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