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MERCURE

DE FRANCE.

SAMEDI IO MARS 1787.

PIÈCES FUGITIVES

EN VERS ET EN PROSE.

ÉTRENNES à un Militaire auffi diftingué par fes talens que par fes fervices, & qui s'affectoit des perfécutions de la calomnie.

LORSQUE

ORSQUE ta gloire, ami, brillant de toutes parts. Comme l'aftre du jour, diffipe le nuage

Dont on veut l'obscurcir à nos propres regards;
Lorfqu'en toi nous voyons un digne ami des Arts,
Un brave Militaire, un véritable fage,
Dont le filence feul a conjuré l'orage,

Crois-tu des gens d'honneur n'avoir plus le fuffrage?
Crois-tu ne plus jouir de nos tendres égards?

No. 10, 10 Mars 1787.

C

La digne favori de Minerve & de Mars,
Aux fots, toujours jaloux, doit donner de l'ombrage:
Laiffe done s'exhaler leur haine en vains brocards;
Sans craindre leur courroux jouis de notre hommage;
La tranquille vertu dort au fein des hafards.

POUVOIS-TU t'affecter d'être en butte à l'envie?
C'eft le fort du courage ainfi que du génie.
D'un jufte & noble orgueil écoute les raifons;
L'exemple de Socrate inftruit les Scipions.
Sur Luxembourg en vain l'implacable furie
Agite fes ferpens, diftille fes poifons,
Son âme, dans les fers, en est-elle flétrie?
L'honneur, en le mettant au-dessus des foupçons,
L'appelle à la victoire, & fon cœur les oublie;
Il confond les méchans, en fauvant la patrie.

COMME les Catinats, comme les Fenélons,
Fais donc usage, ami, de ta philosophie.
Toujours les fots enfin dépriment les grands noms,
Et par-tout les Héros font haïs des poltrons.
Therfite décrioit les triomphes d'Achile;

Un Homère naît-il fans qu'il naisse un Zoïle?

Toi donc, que le deftin a comblé de ses dons,
Tu ne peux qu'irriter les fats que tu confonds;
Non, tu ne peux qu'aigrir leur orgueil & leur bile.
L'efprit déplaît aux fots, & l'honneur aux fripons,

Mais enfin

*

que crains-tu de leur rage inutile ?

Ce que la lime craint de la dent du reptile.

QUATRAIN fur Madame la Vicomteffe DE C..... M.....

Aux grâces, aux doux feu de l'aimable faillie

Elle joint & jufteffe & pénétration;

Raison en la voyant se rend à la Folie,

Folie en l'écoutant fe rend à la Raifon.

(Par M. Langeron fils.)

A une jolie Femme, qui voyageoit dans la Diligence.

Dires-Mor done par quel hasard

ITES

Avez-vous pris, Æglé, la voiture publique?
Vous avez donc laiffé, fur la rive idalique,
Vos colombes & votre char?

(Par M. de la Mothe.)

Explication de la Charade, de l'Enigme & du Logogryphe du Mercure précédent. LE mot de la Charade eft Vertu; celui de l'Enigme eft le Temps; celui du Logogryphe est Romance, où l'on trouve Roman, cone, Noé, Maroc, mon, ma, ce, ocre, ronce Rome, amorce, race, on, marc once, mer, mane, cor, arme, amer, carme,

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cane, Caën, ré, roc, corne, rame, âne, orme, Marc, corme, an, Marne, Carme,

ame or.

CHARADE.

DE mon tout la tournure eft chez toi fi jolie,

Que de toi l'on defire obtenir mon premier,
Et devenir, mais pour toute la vie,

Ce que veut dire mon dernier.

(Par M. Bonnefoi.)

ENIGME

A Mile CHÉRE, à l'Abbaye de.... en lui

demandant le mot & la chofe.

MALHEUR à qui dans la preffe

Ofe avec moi s'engager!

Souvent un enfant d'Alger,
Que ma conquête intéreffe,
Vient d'un pas fourd & léger
M'enlever avec adresse,
Et fur fon bord me loger.
Cependant de ma nature
Je fais garder un trésor;
Avec plus ou moins d'effort
L'art compofe ma structure:
Deux liens font ma ferrure,
Mes verroux & mon reffort.,
Quelquefois dans fa clôture,
Pour hâter le temps qui dort,
Chéré m'embellit encor.
Qui dit Chéré, dit d'abord
Grâce, efprit, talens, figure;
Ainfi tout cadeau qui fort
De cette manufacture
Doit valoir fon pefant d'or.
On aime ma taille ronde;
Sans embonpoint, l'on me fronde;
Mon pouvoir eft fans égal

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