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qui fans engager le peuple à rien, pou voit flatter fa vanité. Néron Dieu nuifoit moins à l'Empire que Néron homme,

X.

Morale des États.

Nfin chaque Etat, outre fes lois

a

ferver par rapport aux autres. Ces lois ne different point de celles que les membres d'une même fociété doivent obferver mutuellement. La modération, l'équité, la bonne foi, les égards réciproques, en doivent être les grands principes. C'eft la toute la bafe du droit des gens, & du droit de la guerre & de la paix. Cette Morale, il eft vrai, n'eft pas fort utile, eu égard au peu moyens qu'elle a pour fe faire pratiquer. La Morale de l'homme eft affurée

de

par les lois de chaque Etat qui veillent à ce qu'elle foit obfervée, & qui pour cela ont la force en main; la Morale des Légiflateurs eft appuyée fur la dépendance réciproque du gouvernement & des fujets; mais les Etats font les uns

par rapport aux autres, àpeu-près comme les hommes dans l'état de pure nature; il n'y a point pour eux d'autorité coactive, la force feule peut régler leurs différens. Un citoyen eft obligé d'obferver les lois, même quand on ne les obferve pas à fon égard, parce que ces lois fe font chargées de fa défente; il ne fauroit en être de même d'un Etat par rapport à un autre. Ainfi on punit les malfaiteurs, & on fe foumet aux conquérans. Nous n'avons rien de plus à dire ici fur la Morale des Etats. On fera peut-être étonné du peu d'étendue que nous lui donnons dans cet effai; mais malheureusement pour le genre humain, elle eft encore plus courte dans la pratique.

XI.

Morale du Citoyen.

f

Ldiatement après celle des Etats.

A Morale du citoyen vient immé

Elle fe réduit à être fidele obfervateur des lois civiles de fa patrie, & à fe rendre le plus utile à fes concitoyens qu'il eft poffible.

Fij

Tout Citoyen eft redevable à fa par trie de trois chofes, de fa vie, de fes. talens, & de la maniere de les employer.

Les lois de la fociété obligent fes membres de fe conferver pour elle, & par conféquent leur défendent de difpofer d'une vie qui appartient aux autres hommes prefqu'autant qu'à eux. Voilà le principe que la morale purement humaine nous offre contre le fuicide. On demande fi. ce motif de conferver fes jours aura un pouvoir fuffifant fur un malheureux accablé d'infortune, à qui la douleur & la mifere ont rendu la vie à charge? Nous répondons qu'alors ce motif doit être fortifié par d'autres plus puiffans, que la révélation y ajoute. Auffi les feuls peuples chez lefquels le fuicide ait été généralement flétri, font ceux qui ont eu le bonheur d'embraffer le Chriftianifme. Chez les autres il eft indiftinctement permis, ou flétri feulement dans certains cas. Les Légiflateurs purement humains ont penfé qu'il étoit inutile d'infliger des peines à une action dont la nature nous éloigne affez d'ellemême, d'ailleurs & que cesn étoient en pure perte, puifque le cou

pable eft celui à qui elles fe font fentir le moins. Ils ont regardé le fuicide, tantôt comme une action de pure démence, une maladie qu'il feroit injufte de punir , parce qu'elle fuppofe l'ame du coupable dans un état où il ne peut plus être utile à la fociété; tantôt comme une action de courage, qui humainement parlant fuppofe une ame ferme

& peu commune. Tel a été le fuicide de Caton d'Utique. Plufieurs Ecrivains ont très-injuftement accufé cette action de foibleffe; ce n'étoit point par-là qu'il falloit l'attaquer. Caton, difent-ils, fut un lâche de fe donner la mort, il n'eut pas la force de furvivre à la ruine de fa patrie. Ces Ecrivains pourroient foutenir par les mêmes principes, que c'eft une action de lâcheté que de ne pas tourner le dos à l'ennemi dans un combat, parce qu'on n'a pas le courage de fupporter l'ignominie que cette fuite entraîne. De deux maux que Caton avoit devant les yeux, la mort ou la liberté anéantie, il choifit fans doute celui qui lui parut le moindre; mais le courage ne confifte pas à choifir le plus grand de deux maux; ce choix eft auffi impoffible que de défirer fon malheur. Le

courage confiftoit, dans la circonftance où fe trouvoit Caton, à regarder comme le moindre des deux maux qu'il avoit à choifir, celui que la plupart des hommes auroient regardé comme le plus grand. Si les lumieres de la Religion dont il étoit malheureusement privé lui euffent fait voir les peines éternelles attachées au fuicide, il eût alors choisi de vivre, & de fubir par obéiffance à l'être fuprême, le joug de la tyrannie.

Mais quand une raifon purement humaine pourroit excufer en certaines circonftances le fuicide proprement dit que le Chriftianifme condamne, cette même raifon n'en profcrit pas moins en toute occafion le fuicide lent de foimême, qui ne peut jamais avoir ni motif ni prétexte. De ce principe réfulte une vérité que la Philofophie enfeigne & que la Religion bien entendue confirme; c'eft que les macérations indifcrettes qui tendent à abréger les jours, font une faute contre la fociété, fans être un hommage à la Religion. S'il y a quelques exceptions à cette regle, la raifon & le Chriftianifme nous apprennent qu'elles font très-rares. L'Être fuprême, par des motifs que nous devons

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