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ODETTE DE GHAMPDIVERS

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Celle, par exemple, de ne pouvoir manger quand la place qu'on occupe ordinairement à table est prise par un autre.

Celle de ne pouvoir dormir dans un autre lit que le sien, ce qui rend les voyages très

difficiles.

Celle de se promener tous les jours à une

Odette de Champdivers était fille d'un marchand de chevaux ; elle plut à Charles VI, dont l'esprit était déjà affaibli. Comme on cherchait moins à le guérir qu'à l'amuser, parce que sa maladie paraissait incurable, on lui procura heure marquée, vint-il à pleuvoir des hallecette jeune fille, en qui les agréments de l'es-bardes. prit ornaient la beauté. Charles, subjugué par Celle de ne pouvoir s'endormir qu'en lisant Odette, se laissait conduire par elle, tandis son journal, ce qui est peu flatteur pour le qu'il résistait aux prières de ses domestiques.journaliste, et vous condamne ensuite à autant Un des effets de la triste maladie du roi était de nuits blanches qu'il y a d'interruptions dans de refuser de changer de liuge. La petite reine, l'envoi de la feuille. c'est ainsi qu'on l'appelait, le menaçait de son indifférence et de sa haine, et dans la crainte de n'en être plus aimé, il faisait ce qu'on exigeait de lui. Odette mourut en couches d'une fille nommée Marguerite de Valois. L'année de sa mort est ignorée.

Il nous resterait beaucoup d'autres manies à passer en revue; mais il vaut mieux nous occuper des goûts, des jeux et divertissements dans lesquels se réflètent quelques nuances de l'individualité morale.

LES GOUTS.

La danse n'est pas un goût, elle n'est pas aimée pour elle-même, ce n'est qu'un moyen

Le dedans jugé par le dehors. dont l'amour et ses plaisirs sont le but. Aussi

LES HABITUDES.

Les habitudes sont une faiblesse chez le vieillard, un travers chez l'homme mûr et un défaut chez le jeune homme; chez l'enfant elles sont presque un vice.

regardons-nous comme des victimes de passions secrètes ou avouées les hommes hors d'âge que nous voyons brandiller leurs vieilles jambes en cadence, et les filles ou femmes laides ou mal tournées qui se livrent avec ardeur à la gymnastique amoureuse appelée valse, galop, contredanse. Quant à la femme qui en conserve le goût après son mariage, son Une grimace longtemps répétée finit par mari est à plaindre sans doute; mais c'est elle devenir un tic, de même une habitude dégé-surtout que nous plaignons sincèrement, car nère en manie, et une manie n'est autre chose que la folie sur un point donné, comme le tic un détraquement partiel de la machine animale.

Les habitudes sont donc plutôt une maladie que les symptômes de tel esprit ou de tel caractère, et à ce titre nous n'en parlerions pas si quelques-unes ne rentraient dans le domaine de la caricature.

elle a le malheur, comme dit Arlequin, d'être l'épouse d'un.... ce qui ne laisse pas que d'avoir son côté désagréable.

La promenade n'est pas un goût non plus; ce n'est qu'un besoin d'exercice pour les vieillards, un prétexte pour les amants, une exhi bition pour les vaniteux, et pour les oisifs un moyen de tuer le temps qui les tue.

La bonne chère est le plaisir des gens d'es

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prit blasés; c'est aussi la passion des sots venus fluxionnés de poitrine.

à l'âge de maturité; seulement elle aiguise l'esprit des premiers et achève d'abrutir les seconds. L'homme d'esprit ne descend pas jusqu'à la gloutonnerie : il est tout au moins gourmand. Le sot est tout au plus gourmand, il ne parvient pas à devenir gourmet.

La chasse peut être le divertissement d'un homme de mérite, elle n'est une passion que pour l'esprit inculte et grossier. Le véritable chasseur, le chasseur pur sang, est une sorte de brutal qui ne fréquente que les paysans, rudoie ses enfants, néglige sa femme et n'aime que ses chiens, qu'il bat du reste à outrance. Il est menteur, vantard, et d'une nullité absolue sur tout ce qui n'est pas meute, gibier, fusil et vénerie.

Quant aux différentes manières de chasser, il en est deux qui méritent une mention parti culière : la chasse à l'affût et la chasse aux petits oiseaux. Celle-ci est l'amusement des écoliers, des boutiquiers retirés, des viragos et des niais de tout âge et de tout sexe. Celle-là est le passe-temps des cul-de-jattes, physiquement et moralement parlant.

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La pêche, comme toutes les passions, a ses fanatiques, ses confesseurs et ses martyrs. Parmi ses fanatiques, le plus ardent, le croiriez-vous ! c'est l'immuable pêcheur à la ligne, cette espèce de pilotis humain, fiché dans le sable ou dans la vase, dont toute l'intelligence s'épuise à lutter contre la ruse du goujon et l'esprit de la carpe. Elle a pour confesseurs ces pêcheurs endurcis qui, cloués dans leur fauteuil et perclus de rhumatismes, pêchent encore des poissons rouges dans un baquet.

Quant à ses martyrs, ils sont nombreux : ce sont ceux dont le pied glisse et qui vont souper chez les naïades, et ceux à qui les trains de bateaux font faire le saut de carpe dans la rivière. Sans compter les rhumatismés et les

L'équitation est un plaisir fashionable et de bon goût. Cependant si le cavalier monte en souliers et sans dessous de pied, s'il ne monte à cheval que les jours de fête et sur des locatis seulement; si n'ayant pas de cheval, il fait partie de la cavalerie citoyenne, vous pouvez, à coup sûr (quelques uns de nos collaborateurs exceptés), le tenir pour un modiste, un danseur, un tailleur pour femmes, en un mot un crétin de première classe.

La toilette n'est pas seulement un plaisir, elle est un travail pour quelques-uns, un art pour quelques autres. C'est un travail pour l'homme de quarante ans qui cherche à plaire, pour la jolie femme de trente ans qui veut conserver un amant, pour celle de trente-cinq qui veut en faire un nouveau; c'est un travail pour la femme de tout âge laide ou contrefaite; c'est le plus rude de tous les travaux pour l'homme d'études que son goût éloigne du monde, et qu'une circonstance oblige à s'y présenter en grande tenue.

C'est une science que l'artiste dramatique étudie toute sa vie, un art dont la femme de mœurs légères a seule reçu le secret de Dieu ou du diable, car c'est à elle qu'il faut toujours en revenir pour trouver le goût, l'élégance et le charme réunis.

L'homme qui se montre toujours en toilette est un esprit plus que secondaire: celui qui ne sait pas, au besoin, s'habiller est un esprit trivial.

Chez les femmes la toilette est un indice qui trompe rarement.

La bégueule s'habille fort mal;
La prude s'habille sans grâce ;

La femme sans ordre s'habille sans goût et sans fraicheur;

La bourgeoise vertueuse s'habille en dépit du bon sens.

Imprimerie de A. APPERT, passage du Caire, 54.

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Wife of John of Harpedane, Lord of Belleville & Poitou.

An authentic portrait engraved exclusively for the Court Magazine.
N. 95 of the series of ancient portraits.

VOL XXI

Nu Carey street Lincoln's Inn London.

1841

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