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Tambaffa deur d'Espagne,don levicomte de Weymouth remit à la chamore une traduction avec le meffage le même feigneur propofa qu'il fût prefente une adreffe au roi. Cette piece, dont il fournit le projet en termes qui ne font que la répétition du mellage, tenoit en général à affirer S. M. que fes fideles pairs la fout endroient au prix de leurs vies & de leurs biens. La motion lue, le comte d'Abingdon & le duc de Richmond fe leverent à la fois. Le dernier ayant cédé par policeffe, Mylord Abingdon fit le difcours fuivant:

Mylords, fe me leve pour déclarer folemnellement que je ne confentirai junais à préfnter au trône une adresse de cette nature, mais qu'aujourd'hui & dans toute autre occafion femblable je demanderai la levée des voix, quoique je puifje erre foul de mon avis, jufqu'à ce que les griefs du peuple foient redreffés par le roi, en chaffant de fa préfence & de fes confeils ces miniftres abandonnés & pervers qui ont témérairement, ouvertement, & en défi de la majefté du peuple anglois, renverfe non-feulement les boulevards de la conftitution de ce pays, mais qui nous ont auji laisses exposés aux ravages & à la deft uition` dent nous menacent nos ennemis. Qu'il me foit donc permis, Mylords, de propofer une claufe pour ajouter à la fin de l'adreffe en ces termes : « Ce que néanmoins nous difɔns autont conditionnellement que dans l'humble efpoir & la confiance qu'éveillée, comme V. M. doit enfin l'être, à l'ap proche de la ruine qui menace l'état, par l'incapacité de ces miniftres auxquels l'adminiftration du gouvernement a été confiée, V. M. verra la néceffité d'éloigner ces minif tres de vos confeils & de votre préfence, & de les re placer par d'autres qui, en changeant de fyftême & en fe conciliant par-là la confiance de l'univerfalité des fideles Jujets de V. M., puiffent réunir le tout comme un fout corps & une même ame, vu que c'eft le feul moyen de grrantir l'existence politique de eet empire n'agueres fi grend, mais expirant aujourd'hui

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Mylord Richmond, fe levant alors une feconde fois, pria le comte d'Abingdon de tirer fa motion ou de la différer jufqu'à ce qu'il eût entendu celle que lui-même avoit eu deffein de faire, & qui étoit en partie la nême que celle que le noble lord venoit de propofer; mais Mylord Abingdon n'ayant pu s'y réfoudre, on eva les voix; & il s'en trouva contre la motion 62, dónť 22 par procuration; 23 l'approuverent, dont une par procuration: ainfi elle pafla à la négative par une pluralité de 39

Quoique le duc de Richmond pût prévoir par cette dif pofition de la chambre le fort de la propofition qu'il av oit

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annoncée, il ne fe départit point de fa réfolution: il commença par obferver que les affaires de la nation en étoient enfin venues à un état de crife dont il n'y avoit jamais eu d'exemple; que fouvent l'on s'étoit plain de la fituation critique du royaume, mais toujours improprement, fi on comparoit l'éta: où il fe trouvoit alors avec fa pofition préfente. Nos en fommes venus (pourtai-* vit-il ) à une époque qui ne permet point de diftinguer ce parti de la chambre ou le parti oppofé: rien ne sjauroi: fauver ce pays, fi ce n'eft l'unanimité. Je ne prétends donc pas attaquer perfonnellement aucun des miniftres; mais je ne puis m'empêcher de faire quelques réflexions fur le manifefte de l'Espagne, dont nous venons d'entendre la lecturé. Je ne difcuterai point les raifons qu'elle allegue pour nous declarer la guerre; raifons qui ont toute l'apparence de prétextes cherchés po ir rompre avec nous; mais il convient que le parlement foit inftruir de ce qui s'eft 'paffe' relativement aux gifs allégués par la cour de Madrid, & qu'elle porte jufq fa 100% il faut auli que le parlement fache pourquoi l'aimistration a differé durant 8 mo ́s ( terme anquetil confte q. Mylord Grantham a reçu du miniftere espagnol une réponse peu différente d'une déclaration decifive ), pour que durant ce tems elle a differé de prendre les arrangenas néceffaires en cas de rupture; pourquoi, par exemple, elle ne s'eft pas mife en état d'empêcher la joon des flores de France & d'Espagne. La démarche de cette derniere a été prévue depuis fi longtems, qu'elle ne devroit pas tant nous forprendre, quoique le coup foit z rude, je l'avoue, pour en être étourdi un moment ». près avoir protefté de nouveau que, dans la position préfente des affaires, ce n'étoit as fon intention de re-nir fur toutes les fautes des miniftres & d'augmenter e découragement par tine récapitulation de malheurs fans repede, Mylord Richmond obferva néanmoins que, pour folier un plan de mefures vigoureufes & efficaces à Peft de pouler le danger avec fermeté & comage, itroit éclaire de le conférer dans toute fon étendue, ainfi que les moyens qui nous reften: pour parer les ataques de tant d'ennemis réunis. « Je fais ( dit-il ). que dans la derniere guerre, nous avons vaincu la France &: l'Espagne, mais je içais en même tems, que les circonfances étoient totalement différentes. L'Espagne ne fe déclara alors qu'après que la France, épuifée par 4 ans de guerre, battue dans le 4 parties du globe, fans marine, fans crédit, étoit incapable de feconder fon alliée; & il ne nous fut a difficile, triomphans fur verté &

fur mer,
de-vaincre celle-ci à fon tour d'ailleurs l'Amé
rique combattoit à nos côtés, l'Irlande étoit en état de
nous foutenir, & elle le faifoit de bonne volonté : la
nation étoit remplie d'ardeur & de confiance dans le gou-.
vernement: celui de la France étoit foible & lache, en
proie à la diffipation & aux abus. Combien ce tableau ne
differe-t-il pas de celui d'aujourd'hui ? Nous entrons en
guerre avec deux nations des plus puiffantes de l'Europe,
épuifés nous-mênies par une guerre ruincufe contre nos
propres colonies; nous y avons dépenfe la moitié des
fommes que la derniere guerre nous conta en totalité :
l'Amérique, loin de combattre pour nous, eft liguée avec
nos ennemis. La France n'a fait encore aucune démarche
qui montre de l'épuifement; elle déploie des forces qui
étonnent l'Europe. L'Espagne eft un ennemi tout frais
dont les coffres fout remplis d'argent. Et quelles font nos
reffources contre leurs forces combinées? L'Irlande eft
dans un état de détreffe fi abfolue, qu'avec la meilleure
volonté du monde elle ne peut nous être d'aucune utili
té; heureux encore, fi là mifere qui y regne, ne cons
traint ce peuple fidele à fe révolter. Quant à l'Angleter-
re même, la nation manque de confiance dans le gou-
vernement; & elle a déjà fi fort anticipé fur fes reffour-
ces futures, qu'il faudra forcer celles qui nous reftent,
pour faire face à tous les besoins. Confidérons aufli nos
moyens de défenfe, comparés à ceux de la maifon de
Bourbon. La France aen mer depuis le 3 du courant
une flotte de 28 vaiffeaux de ligne avec un nombre de
frégates: l'Espagne en a une autre, égale, finon fupérieu-
re en nombre, prête à appareiller; & nous, malgré tous
les avis, toutes les exhortations, nous n'avons que 31
vaiffeaux de ligne & 6 fregates, c'est-à-dire, la moitié
moins que la flotte combinée de la maifon de Bourbon.
Je fuppofe encore que ces 31 vaiffeaux foient bien ar-
més, pourvus du monde néceffaire; mais peut-on fe pro-
mettre qu'ils battent le double de leur nombre? Quel-
que haute que foit l'idée que j'ai de la valeur britannique, I
je ne fuis pas affez téméraire pour croire qu'elle puiffen
faire l'impollible».

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Malgré des défavantages auffi fenfibles, Mylord Richmond crut que la nation, fans fe laiffer abattre, devoit aller au-devant du danger avec fermeté & confiance. Pour lui, il étoit réfolu à affifter le roi dans la pourfuite de cette guerre aux dépens de fa vie & de tous fes biens;, c'étoit le devoir de chaque fidele fujet; & l'on ne pou voit s'en difpenfer, fans violer les obligations les plus facrées. Cependant, avant que des citoyens dévouassent

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ainsi leur fang & leur fortune à la défense de leur patrie, ils avoient droit d'exiger que ces dépôts précieux fuflent placés entre les mains d'une administration capable & honnête; & il étoit impoffible de réuffir dans la triple guerre contre la France, FEfpagne & l'Amérique, à moins d'un changement total de fyftême. D'après ces motifs, le duc de Richmond propofa d'ajouter à l'adreffe, que dans un moment auffi critique que celui qui fe préfentoit à la confidération de la chambre, dans le moment du... danger le plus imminent que ce pays ait jamais éprouvé, elle tromperoit S. M. & la nation, fi, en déplorant le funefte effet des confeils qui, en divifant & épuifant les forces de l'empire, ont engagé fes ennemis naturels & profiter de fon état de foibleffe, elle ne repréfentoit pas à S. M. que l'unique moyen de réfifter aux efforts com binés qui menacent ce pays, eft de changer le fyftême qui nous a impliqués dans les difficultés que nous éprouvons en Amérique, en Irlande & chez nous-mêmes; que fi, en employant ce moyen & celui d'une fage économie, nous développons d'une maniere convenable les reffources d'un peuple libre & uni, les fideles pairs fe flattent que, fous l'aide de la divine providence, S. M. fera en état de faire face à tous fes ennemis, & de rétablir la Grande-Bretagne dans fon ancienne fituation heureuse & respectée,

Le vicomte Weymouth, en donnant des éloges à la candeur, à la modération, & au patriotifme du duc, ne laiffa point de s'opposer à cette claufe, parce que l'adreffe devoit être unanime. Le comte de Shelburne lui répondit. Le comte de Carlisle & le vicom é Stormont repliquerent à ce dernier. Enfin, après quelques autres difcours du duc de Bolton, d'un côté, du duc de Chandos, du marquis de Carmarthen, & du comte Faucanberg, de l'autre, la claufe paffa à la négative de 60 contre 32 voix, & l'adreffe fut approuvée fans lever les fuffrages.

Le même jour 17, la lecture des deux pieces, qu'on vient de rapporter ayant été faite dans la chambre des communes, il y eut de grands debats, malgré lefquels le lord Cavendish appuya une motion pareille à celle que le lord Weymouth avoit faite dans celle des pairs, elle portoit que chacun des membres étoit prêt à facrifier fa vie & fes biens pour la défenfe de la perfonne & du gouvernement de S. M.; mais le ford Cavendish fit enfuite une motion particuliere qui embarraffa les chefs de l'administration, parce qu'elle

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conduifoit au rappel de toutes les forces britanniques de terre & de mer actuellement en Amérique, pour pouvoir les oppofer en corps aux forces réunies de la maifon de Bourbon. Les miniftres craignant, à la tournure des débats, de voir paffer cette motion, en détournerent le coup par la propofition que fit M. Jenkinson, fecrétaire de la guerre, d'un ajournement de la chambre, pour en délibérer, ce qui fur fuivi...

Le 18, les pairs ci-deffous nommés fignerent une proteftation contre les adreffes votées la veille à la chambre haute, en réponse au meffage du roi, d'après la motion du lord Weymouth, & à la chambre des communes, d'après la motion du lord John Cavendifch. Ces pairs déclarent, qu'ils ont d'avis différent, parce que l'amendement propofé qui recommandoit à S. M. un changement de fyftême dans les principes & la conduite de la guerre, leur paroît fondé fur toutes les confidérations quela prudence & l'expé rience peuvent fuggérer.... Ils prouvent la néceffité de ce changement par le détail de tous les defagrémens qu'a entraînes Padminiftration actuelle, & ils fe croiroient indignes de toute con-is fiance, fi, pour le fouftraire aux efforts unis de p la Frances & de l'Espagne, ajoutés à la réfiftance que l'Amérique feptentrionale nous a oppofée avec fuccès, ils fe repofoien: fur les talens, de ceux qui ont conftamment échoué lorsqu'ils n'avoient à faire face qu'aux feules colonies... Len changement propofé, par le duc de Richmond leur fen ble l'unique moyen de produire cette I union de confeil, ce concours fimultané a'efforts qu'il eft indifpenfable de développer dans ce mo ment de crife & de danger. Afin de ne point embarraffer le gouvernement, ils évitent, difent, ils, de recommander telle ou telle mefure, mais ils ne fe font pas un fcrupule de déclarer que le parti de raffembler toutes nos forces affez tôt

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