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EXAMEN

DES TROIS COUSINES.

LE fonds de cette piece est très léger; c'est le dialogue qui en fait presque tout l'agrément. On y trouve, plus encore que dans les autres ouvrages de l'auteur, cette gaieté vive et légere, et cette étonnante facilité qui caractérisoient son talent. Il ne faut pas y chercher ces combinaisons savantes dont on apperçoit des traces dans les moindres comédies de Moliere; Dancourt n'a pensé qu'à égayer le spectateur, et à lui présenter une suite de petits tableaux amusans. C'est une espece de divertissement sans prétention, qui donne lieu à des danses et à des vaudevilles, qui fournit aux jeunes actrices les moyens de déployer des graces piquantes, et qui plaît toujours, parceque le comique n'est jamais forcé.

Les rôles de monsieur de Lorme et de la Meuniere sont très gais: on aime à les voir chercher à se tromper l'un et l'autre ; l'indiscrétion et la crédulité du premier, l'empressement un peu vif de la seconde, donnent lieu à des scenes très plaisantes. Colette est pleine d'esprit ; mais ses ruses ne passent point la portée d'une paysanne; l'auteur s'est bien gardé de lui donner, dans ses amours, ce ton pastoral que l'on a depuis employé si souvent dans les opéra-comiques. La petite conspiration des trois cousines fait beaucoup d'effet

au théâtre; quand les deux scenes où elles se trouvent ensemble sont bien jouées, elles ne manquent jamais d'exciter l'applaudissement général. Le rôle de Blaise est original et gai; son embarras lorsqu'il s'explique pour la premiere fois avec Colette, ses balourdises avec de Lorme, son empressement à donner l'idée du pélerinage, forment un mélange d'adresse et de niaiserie très commun dans les paysans.

On a reproché à Dancourt de n'avoir pas conservé aux trois cousines le patois du village où elles ont été élevées : cette critique ne paroît pas fondée. L'auteur ayant voulu peindre les ruses que peuvent employer des jeunes filles dont on gêne l'inclination, ne devoit pas leur faire parler leur faire parler un langage qu'on n'emploie au théâtre que pour exprimer la niaiserie ou la grossièreté. Les cousines auroient perdu leur malice et leurs graces si elles avoient eu le jargon des autres personnages. Il y a dans l'art dramatique des circonstances où l'on doit sacrifier la vérité même à la perspective théâtrale; celle-ci en est un exemple ; et Dancourt, qui étoit comédien, se trouvoit plus que personne à portée d'en juger.

- Au reste cette petite piece. doit être considérée comme une des plus agréables bagatelles qui existent au théâtre. On y trouve de la rapidité, du naturel, du vrai comique ; et la plaisanterie, quelquefois un peu leste, n'y est jamais poussée jusqu'à l'indécence.

FIN DE L'EXAMEN DES TROIS COUSINES.

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