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Jésuite patriarche était un homme de conciliation, et qui ne voulait pas compromettre l'avenir de cette Église, şi souvent arrosée du sang de ses frères dans l'apostolat. Les Abyssins acceptaient la Religion catholique; ils se soumettaient au Vicaire de Jésus-Christ; ils laissaient peu à peu s'introduire la discipline et les rites romains; mais le feu couvait sous la cendre. Basilides, fils de l'Empereur, et Sarsachristos, vice-roi de Gojam, conspirèrent pour renverser le culte que Mendez et les Jésuites venaient d'établir. Une nouvelle guerre se déclare. L'Empereur triomphe encore; mais là, sur le champ de bataille, les officiers qui contribuèrent à sa victoire lui fout entendre des plaintes : « Prince, lui disent-ils, ceux que vous voyez étendus morts à vos pieds, quoique rebelles, quoique bien dignes de perdre la vie, sont néanmoins vos sujets. Dans ces monceaux de cadavres vous pouvez apercevoir de nombreux, de dévoués serviteurs, des amis, des parents. Ce carnage, c'est la religion nouvellement introduite qui l'a causé, et elle en causera de plus sanglants encore si vous ne vous y opposez. Ce n'est que le commencement de la guerre ; elle produira de plus affreux désastres. Le peuple frémit, il redemande la Foi d'Alexandrie, qu'il a reçue de ses ancêtres. L'audace du peuple ne respecte rien, pas même les Rois, lorsqu'il s'agit de Religion. Plusieurs de vos généraux ont déserté votre étendard, les autres suivront bientôt si vous continuez à écouter les docteurs étrangers. Que la Foi romaine soit plus sainte, nous l'accordons; qu'une réforme dans les mœurs soit nécessaire, nous l'avouons; néanmoins il faut y procéder avec modération; sinon, c'est courir à une ruine certaine, c'est vous perdre et perdre l'empire. »

Ces raisons devaient paraître concluantes à un prince;

mais ce n'étaient pas les plus péremptoires, les seules que l'on faisait valoir dans l'intimité du conseil. On chargeait les Jésuites de crimes bien moins excusables que les dissensions civiles, dont ils n'étaient que le prétexte. Des abus, des désordres de toute espèce s'étaient introduits parmi ces Chrétiens, moitié Juifs, moitié Musulmans. Les Jésuites, qu'on accusait, au Maduré et en Chine, de tolérer les rites idolâtres, étaient blâmés en Abyssinie pour chercher à détruire l'usage de la circoncision, l'observance du sabbat et la pluralité des femmes. Ils forçaient leurs néophytes à n'avoir qu'une épouse légitime; le respect du lien conjugal fat peut-être la cause déterminante de cette révolution religieuse. Les concubines renvoyées se liguèrent avec les officiers schismatiques, et tous ces motifs réunis amenèrent la chute de l'Église abyssinienne.

Les monarques d'Éthiopie n'étaient, comme la plupart des souverains d'Orient, que des créatures de l'armée. Un caprice les portait au trône, un autre caprice les en faisait descendre; parfois leur tête tombait en même temps que leur couronne. Placé dans une cruelle alternative, l'Empereur ne consentit pas à résigner le pouvoir afin de vivre catholique. Le sceptre lui parut préférable à la vérité, et, cédant aux prières menaçantes 'de son fils, il ordonna de convoquer tous les corps de l'État afin de trancher la question à la pluralité des suffrages. Les néophytes furent écartés de l'assemblée, on les proscrivit sans entendre leur défense. Dans les camps, dans les villes, cette proscription fut accueillie par des cris de vengeance. Les Fidèles parlaient de se soulever. On soupçonne le Père Mendez et les autres Jésuites de fomenter la sédition. Les Schismatiques redoutent leur influence sur le peuple : on les exile. L'Em

pereur comprend alors qu'il a ouvert la voie à des calamités sans fin: il maudit sa faiblesse, il se sent frappé à mort; mais du moins il veut mourir catholique. Le Père Diégo de Matos accourt auprès de lui, il reçoit ses tristes et suprêmes confidences, et le 26 septembre 1632 l'Empereur expire.

Basilides régnait enfin sous le nom de sultan Seghed II. Il avait vingt-cinq frères, il les fait tous périr par le fer ou par le poison. Il redoutait le courage et les talents de Sela-Christos, son oncle, il le relègue dans un désert. Il fallait donner des gages aux Schismatiques, il nomme pour abuna ou patriarche un aventurier égyptien. Son premier soin est de déclarer qu'il ne pourra vivre en Abyssinie que si les Jésuites n'habitent plus cette terre. Il parlait au nom d'un parti dont les derniers événements avaient accru l'orgueil : l'abuna fut obéi. Les Jésuites prirent la route de l'exil. Elle était longue et périlleuse; les Schismatiques songèrent à l'entourer de nouveaux dangers. Le pacha de Suakem, sur le territoire duquel la caravane devait passer, est prévenu que les Missionnaires sont chargés d'or: il les arrête, les dépouille, saisit leur fortune, qui consistait en deux calices et en quelques modestes reliquaires. Puis il leur annonce que la liberté ne leur sera rendue que contre une rande trente mille piastres. C'était au fond de la Nubie ' que cet attentat se consommait. Richelieu l'apprit par le Général des Jésuites: le consul de France à Memphis reçut ordre de travailler efficacement à leur délivrance. Le pacha de Suakem fut bientôt forcé d'abandonner sa proie.

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en

Cependant six Pères de l'Institut étaient restés cachés Éthiopie sous la conduite du Jésuite Apollinaire Almeyda, évêque de Nicée. Ils avaient des Chrétiens à

fortifier dans la Foi; la mort leur apparaissait sous toutes les formes, ils la bravèrent; et, réfugiés dans le Sennaar et dans le Kordofan, ils se virent exposés à périr de faim ou à être dévorés par les bêtes féroces. Ils ont sous les yeux les exemples de résignation que les Catholiques, que Sela-Christos leur donnent : ils surent se montrer dignes de leurs Catéchumènes. Les uns étaient précipités du faîte des grandeurs dans l'humiliation, les autres, condamnés aux misères de l'exil, supportaient. avec patience toutes les calamités. Les Jésuites se firent un devoir d'encourager tant de dévouements. Seghed II comprend que des Missionnaires sont restés dans le royaume de Tigré, puisqu'il s'y trouve encore des Chrétiens indomptables. Il les fait chercher : on en découvre trois au fond d'une vallée. C'étaient les Pères Paez, Bruni et Pereira; on les immole à ses vengeances. Les autres sont insaisissables. L'Empereur feint de s'adoucir: des paroles de clémence tombent de sa bouche; il témoigne même le désir de les voir à sa cour. Almeyda et les autres Pères étaient instruits par le vice-roi de Temben que cette bienveillance soudaine recélait un piége. Ils croyaient à son hypocrisie, mais ils jugèrent opportun de l'affronter. L'Évêque de Nicée, avec les Pères Francisci et Rodriguez, profite du sauf-conduit accordé. Ils arrivent sous la tente de l'Empereur. Les trois Jésuites sont chargés de fers et condamnés à la peine capitale. Une mort trop prompte n'aurait pas satisfait la cruauté des Schismatiques on tortura les Missionnaires, on les chargea de coups et d'ignominies. Lorsque, au mois de juin 1638, on eut épuisé sur eux tous les outrages, le souverain les offrit à la colère de ses courtisans, qui les lapidèrent.

Bruni survivait à ses blessures. Il ne restait plus d'au

tres Jésuites dans l'Abyssinie que lui et le Père Cardeira. Ils moururent comme leurs devanciers. Le Pape crut que des Capucins français seraient plus heureux que des Jésuites espagnols ou portugais les Pères Agatange de Vendôme, Cassien de Nantes, Chérubin et François furent envoyés en Éthiopie; ils tombèrent sous les coups des Schismatiques. Il n'y avait pour gouverner ces populations que des prêtres indigènes formés par les Jésuites. L'un d'eux, Bernard Noguiera, vicaire du patriarche Mendez, adressa, au nom de Sela-Christos, la lettre suivante aux princes et peuples catholiques :

« Très-illustres seigneurs, évêques et gouverneurs des Indes, Sela-Christos à tous les Chrétiens catholiques et vrais enfants de l'Église de Dieu paix et salut en notre Seigneur.

» Je ne sais en quelle langue je dois vous écrire ni de quels termes je puis me servir pour représenter les périls et les souffrances de cette Église, qui m'affligent d'autant plus que je les vois de mes yeux. Je prie notre Seigneur Jésus-Christ, qui a été attaché en croix, qui est plein de miséricorde, de les faire connaître à tous nos frères, à tous les Recteurs, Prélats, Évêques, Archevêques, Rois, vice-Rois, Princes, Gouverneurs, qui ont quelque autorité au delà des mers. J'ai toujours cru, et je me suis souvent dit à moi-même qu'ils nous auraient secourus, et qu'ils n'auraient pas tant tardé à nous racheter de la main de ces barbares et de cette nation perverse, si la multitude et l'énormité de mes péchés n'y étaient un obstacle. Autrefois, lorsqu'il n'y avait point d'Église ici, lorsque le nom de Chrétien et de Catholique nous était inconnu, on est venu à notre secours, on nous a délivrés de la puissance des Mahometans. Aujourd'hui qu'il y a un si grand nombre de Fidèles on nous oublie, et per

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