au-delà du point qu'il leur falloit atteindre ; cou roient ça & là, comme des gens qui, après un naufrage, s'échappent aux vagues en s'élançant de rochers en rochers; ils cherchoient quelques rocs ou quelques paffages pour fortir de leur fituation menaçante, & M. Bourrit & fon fils qui ne le quittoit pas, projettoient déjà de paffer la nuit fur la place, plutôt que de s'égarer d'a vantage; ils penfoient à brifer l'échelle pour en faire du feu, de mettre les jambes dans leurs facs, & de fe tenir colés enfemble. Mais les guides qui ne croyoient pas qu'il fût poffible de réfif ter au froid de la nuit & au mauvais temps, étoient réfolus de les tirer, à tout prix, de cet horrible défert. Pendant leurs divers mouve¬ mens, on observa le barometre; on le trouva à dix-huit pouces cinq lignes, & le thermometre au 7 fous zéro. Dans ce moment; il furvint un coup de vent qui, chaffant les brouillards, leur développa quelques fommi tés, & ils virent diftinctement que le champ de neige fur lequel ils étoient, s'abaiffoit au-devant d'eux: cette fituation releva leur espérance; & par un autre coup de vent qui leur voila les rochers qu'ils venoient d'appercevoir, il s'en dés couvrit un autre fur leur droite & à peu - près d'eux; des cris de joie l'annoncerent aux guides les plus éloignés; tous y accoururent, & ce roc,' qui formoit la crête d'un mont, fut nommé le Toc Sauveur. Il le devint en effet, puifque de là ils eurent fous les yeux toute la Val-d'Aoft & le bourg de Cormayeur à leurs pieds; le foleil y brilloit d'un vif éclat, de toutes parts il faifoit jaillir des nappes de lumiere & fur-tout des fom mités du grand & du petit S. Bernard.

La defcente vers Cormayeur eft longue & difficile; ils ne la franchirent qu'après cinq heures &demie de marche,

Ils arriverent à Cormayeur à neuf heures & demie, favorisés par un beau clair de lune, leur marche dans ce jour fut de dix-huit lieues & demie.

Le 29, ils prirent le chemin de la Cité d'Aoft, où ils arriverent fur les fix heures.

Le 31,ils defcendirent à Martigni, monterent le Trian & le Col de Baime, & arriverent.. à Chamouni.

Parag. extraits des Papiers Angl. & autres.

Les Feuilles Angloifes obfervent qu'il y a à Bedlam une jeune femme d'une très-jolie figure, qui est devenue amoureufe folle du Prince de. Galles; fa feule occupation eft de faire des plumes de papier de différentes couleurs, en imitation du panache de S. A. R. Au moindre bruit qu'elle entend, elle imagine que c'est le Prince qui vient la voir, & elle fait des reproches très-amers à fes gardiens, qui, dit-elle, ont la cruauté de l'empêcher d'approcher d'elle.

On affure auffi qu'une fervante de cabaret, dans Holborn, eft devenue également éperduement amoureuse du Duc d'Yorck, en voyant ce Prince paffer fon Régiment en revue, &c. &c. &c. Courier de l'Europe, n°. 92.)

On a débarqué à la Tour, au commencement du mois, un lionceau venant de la côte d’Afrique: il n'avoit que cinq femaines quand on le prit, & il a été nourri à bord du navire qui l'a amené, avec du lait de chevre. Il eft fi familier, qu'il paroît trifte lorsqu'il ne voit perfonne. L'homme qui en a eu foin dans la traverfée va fouvent le vifiter dans la loge, joue avec fon éleve comme avec un jeune chien. (-Courier del'Europe. )

[Ous apprenons de Kaminieck qu'une apprenons

Natinée Ottomans eft en marche pour fe

endre dans la Moldavie. 80,000 hommes s'avancent ve Oczak of. Les garnisons de Choczim & de Bender font confidérablement renforcées

Le Comte de Potocki, Commandant dans TUkraine, a envoié ici un courrier qui a apporté, dit-on, la nouvelle qu'environ 6000 hommes de diverfes nations ont fait une invafion fur le territoire de la République, & s'y permettent toutes fortes de défordres. Ce Général a fait des difpofitions pour chaffer ces vagabonds, & il attend un N°. 41, 13 Octobre 1787.

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renfort de troupes pour mieux couvrir les frontieres.

On débite que le fameux prophete Scheik Manfur s'eft mis en marche vers la Crimée avec un corps confidérable de Tartares. D'autres lettres portent qu'une efcadre Turque eft devant la fortereffe de Taman dans le détroit de Caffa.

Le Conful Ruffe, réfidanr à Jaffy, qui devoit être arrêté, a eu le bonheur d'échapper; il eft en route pour Pétersbourg: celui de Bucharest eft emprifonné. Les fujets Ruffes qui fe trouvent dans les Etats de la domination Ottomane, ont reçu l'ordre de les quitter dans l'efpace de fix mois.

Dernierement on a vu paffer à Pinsk pour la premiere fois un gros bâtiment, appartenant au fieur Luskowsky, échanfon de Brzefc, par le canal de la République; il venoit de Dantzick, & étoit chargé de cent tonneaux de fel. Cette premiere tentative de navigation a parfaitement réussi. On a lieu d'efperer de grands avantages de la réunion des rivieres de Pina & de Muchawiecz; le commerce du bois deviendra des plus importans.

De Hambourg, le 18 Septembre.

Les Députés de Dantzick font toujours à Berlin, fans avoir même entamé des con férences avec le Miniftere. En attendant, le

commerce de cette ville eft très languiffant; il ne peut fe foutenir contre les avantages que le Roi de Pruffe a accordés à celui d'Etbingue. La Bourgeoifie eft mécontente; Elle perd toute espérance de rétablir son trafic.

ALLEMAGNE.

De Berlin, le 24 Septembre.

M. Fitzherbert, Miniftre de la Cour de Londres à celle de Pétersbourg, est arrivé ici venant de cette derniere vile.

Le 17 le Général de Mollendorf a fait exécuter une grande manoeuvre à la garnifon de cette ville. Enfuite les Gardes duCorps, les Gens d'armes & les régimens de Boraftedt & de Braun font partis pour Potsdam, où les manoeuvres d'automne ont commencé le 21.

On achete dans le Duché de Holftein beaucoup de foin & d'autres fourrages pour le compte du Roi; & il eft parti de Pillau Memel & Koenigsberg, trente bâtimens . Pruffiens, chargés de blé, farines & autres provifions, qui defcendront dans la mer du Nord par le canal de Holftein, & font deftinés à notre armée de Hollande.

Le fieur Hertzberg, de Breflau, a trouvé le fecret du Docteur Arfwid Faxe de Carfcrone, pour la compofition du carton de pierres, impénétrable à l'eau, & résistible