صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

Daignez, Monteigneur, après avoir hate & donné la déclaration que nous attendons de → votre Excellence, pour raffurer la nation en » général, veuillez faifir l'occafion de vous rendre propre fa reconnoiffance, en portant Sa Majefté à faire rentrer fans ultérieur délai toutes, chofes dans l'ordre conftitutionnel » & ramener le bonheur & la prospérité dans >ces provinces. »

L'Empereur nous trouvera toujours difpofés à concourir de bonne foi & fans aucun efprit de parti ni d'aigreur dans ce qui regarde le rétabliffement des points qui après » la déclaration de votre Excellence resteront » à redreffer; notre devoir nous oblige cependant de prévenir votre Excellence que nous aurons l'honneur de lui préfenter au plutôt nos inftantes représentations fur l'exécution du Séminaire général, exécution irréparable au principal d'un établissement auffi dangereux & préjudiciable par le droit, qu'impoffible dans le fait même.

C'est enfuite de cette démarche, que le Gouverneur-général a expédié la Déclaration fuivante, au nom de l'Empereur, & par laquelle les Pays Bas Autrichiens font rétablis dans leurs anciens Privileges.

La députation des Etats des provinces aux pieds du trône, pour porter le témoignage public de la fidélité & de l'attachement de la nation envers l'Augufte Perfonne de SA MAJESTE, le concours des Etats dans la derniere concentration des troupes faifant une nouvelle preuve de la fincérité de ce témoignage, les Déclarations enfin des Etats fur l'exécution des préalables preferits par la Royale Dépêche du 16

août courant, a&e qui a été approuvé, ayans fatisfait à la dignité du trône; L'EMPEREUR a pu fuivre les mouvemens de fon cœur paternel, SA MAJESTÉ informée d'abord par nos rapports de la maniere fatisfaifante dans laquelle les dé putés des Etats des différentes provinces s'expliquoient fucceffivement, daigna, pour abré ger le terme des inquiétudes de fes fujets nous faire parvenir des ordres pour, dans le cas que les déclarations des Etats fuffent d'abord préfentées à l'égard de l'exécution des préa lables, donner en fon nom royal fa déclaration que fa dignité ne lui permettoit pas d'accorderauparavant.

Nous avons la fatisfaction de nous trouver dans le moment où nous pouvons faire ufage de ces ordres: en conféquence nous déclarons par ces préfentes au nom de L'EMPEREUR ET Ror, & enfuite de fes ordres.

1°. Que les Conftitutions, Loix fondamen tales, Priviléges & Franchifes, enfin la joyeuse Entrée, font & feront maintenus & refteront intacts en conformité des actes de l'Inauguration de SA MAJESTÉ, tant pour le Clergé, que pour l'ordre civil.

2°. Que les nouveaux Tribunaux de Juftice, les Intendances & les Commiffaires des mêmes Intendances ne font plus, tenus en fufpens, mais font & continueront d'être fupprimés; les bontés paternelles de SA MAJESTÉ & fa juftice, l'ayant engagé à fe départir entiérement à l'égard de ces objets, ainsi qu'à l'égard de ce qui avoit été réglé par les deux Diplomes en date du premier janvier dernier pour les adminiftrations, pour les Etats des pro vinces, & pour la députation au Comité inter médiaire defdits Etals

3°. Les Tribunaux, les Jurifdictions tant fupérieures que fubalternes des villes & du plat-pays, enfin l'ordre & l'organisation de la Juftice, les Etats & leur Députation, ainfi que les diverfes Adminiftrations des villes & du platpays fubfifteront à l'avenir fur l'ancien pied fi bien qu'il ne fera plus queftion de la nou. velle forme qu'il s'agiffoit d'introduire dans ces différentes branches de l'adminiftration publique, à l'égard defquelles les deux Diplomes du premier janvier 1787 viennent entiérement à ceffer: en conféquence les charges de Grands Baillis & Gouverneurs Civils continueront à exifter, & le maintien des Etats dans leur intégrité comprend également celui des Abbayes dont les Abbés font membres defdits Etats, elles feront pourvues d'Abbés felon la joyeuse Entrée & les Conftitutions.

A l'égard du redreffement des objets contraires ou infractions à la Joyeufe Entrée, il en fera traité avec les Etats, ainfi qu'ils l'ont de mandé; on recevra en contéquence ce qu'ils propoferont à cet effet, & SA MAJESTE y difpofera d'après l'équiré & la juftice, & felon les Loix fondamentales de la Province. A tant, MESSIEURS, Dieu vous ait en fa fainte garde. De Bruxelles le 21 Septembre 1787. Paraphé Cr. Vt. Signé Murray, plus bas par Ordonnance de fon Excellence, contrefigné De Reul.

Cette heureufe conclufion a été annoncée au Peuple, au fon de toutes les clo ches on a chanté un Te Deum dans l'Eglife Collégiale, & la ville a été illuminée.

:

La defcription fuccincte du pallage ré cent de M. Bourrit en Piémont, par des vallées jufqu'ici jugées impénétrables, offre les détails fuivans.

Une découverte équivalente à celle du Mont Blanc, c'est celle du pafage de Chamouni en Piémont, par la vallée de giace du Montanvert; que deux guides ont ouvert cette année. Ces deux guides, nommés Cachat le Geant & Alexis Tournier, joints à deux autres, y ont con luit, en dernier lieu, M. Bourrit & fon fecond fits, jeune homme de 15 ans, mais exercé à parcourir les montagnes. Ils partirent de Chamounile 27 Août, pour coucher fur le Montanvert ; le tems y étoit neigeux, & le thermometre à deux degrés fur

zéro.

Le 28, à fix heures trois quarts, ils atteignirent les bafes du Mont - Jorale, & à huit ils commencerent à c'calader les grains du glacier du Tacul. Ils avoient une échelle de douze pieds & demi de longueur pour pafler les crevaffes, & ils ne tarderent pas à en faire ufage; l'eau des fentes étoit gelée, & le glacier ércit couvert de nouvelles neiges.

A neuf heures, leurs travaux redoublerent pour monter & franchir les crevaffes; leur che min étoit horrible; ils fe virent dans des vallons fi étroits, fi profonds, & fous des voûtes fi difiiciles, qu'ils ne favoient comment en fortir. Ik leur falloit gravir des arêtes crevaflées par-deffous, environnées d'énormes précipices, & ces arêtes fur lefquelles ils fe hazardoient, n'avoient fouvent que trois pouces de largeur. La hache pour tailler des efcaliers, leur fut auffi utile que l'échelle, & la corde dont ils s'étoient tous attachés; depuis dix heures jufqu'à une heure après midi, l'échelle fut mife trente huit fois.

Ils parvinrent enfuite à gagner des plateaux rapides, entrecoupés de crevaffes fans fonds qui tenoient toute la largeur du glacier, qui pou voit être d'une lieue, & fi ouverte, que l'é

chelle pouvoit à peine en atteindre les bords. Il étoit environ une heure, lorsque les brouillards vinrent découper les fommités ; le vent les fouettoit en tout fens, & le froid augmentoit. A deux heures ils ne voyoient plus d'horizon; 11 mer de glace qu'ils parcouroient, leur paroif foit n'avoir pas de bornes : ils étoient comme fur les glaces du pôle; les nues fembloient en faire partie.

Leur inquiétude fut augmentée encore par de vaftes crévaffes que recouvroient des ponts de neiges, d'une extrême légereté. Ils y auroient péri fans la corde à laquelle ils étoient attachés. Le guide Charlet fit céder un de ces ponts fragiles, & fans l'échelle qu'il portoit, il n'auroit jamais pu fe retirer de l'abîine qui étoit fous fes pas; fa tête qui étoit entre les échelons, lui donnoit l'air d'un homme tombé dans une piege & fous une trape.

de

A trois heures, leur détreffe fut plus grande encore, parce qu'ils croyoient avoir passé audelà du détroit qu'il leur falloit prendre pour s'avancer vers Cormayeur, & ils alloient retourner fur leurs pas à moitié effacés par le vent & les neiges. Le froid encore commençoit à de-` venir infuportable; le thermometre étoit alors à fix degrés fous zéro, & leurs cheveux, même que les bords de leur voile, étoient or nés de franges de glaçons; celui du jeune Bourrit en avoit d'un demi pouce de long. Ce jeune homme, qui ne fentoit plus fes pieds ni fes mains, fupportcit fon mal avec un courage qui faifoit l'admiration des guides. Le froid s'accrut encore, au degré 7 du thermometre, leurs habits fe gelerent, de même que les courroyes de leurs fouliers.

Les guides, toujours perfuadés qu'ils étoient

« السابقةمتابعة »