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1.Tu le veux; je vivrai, quoique mon cœur murmure;
Mais j'accuse ces Dieux & toute la Nature;
Ils ont maudit la terre; elle eft fans ornement
Depuis que ma Lesbie est dans le monument,

A. Sans doute que des Dieux la fageffe éternelle
Voulat, lui prodiguant des bienfaits dignes d'elle,
Que rayonnante encor de toute la beauté,
Avant de s'envoler dans l'immortalité,

Des communes douleurs elle fût affranchie.

L. Elle étoit mon Amante!-A. Elle étoit mon amic! De fa vie à t'aimer, confacrant la moitié,

Elle réferva l'autre à la douce amitié,

Et de fa perte, hélas! rien, rien ne me confole!

L. Quand nous la regrettons, va, ce monde frivole,
Ces amis fi légers qui n'aiment qu'un moment,
Ceux vers qui fes bienfaits alloient fecrètement,
Geux même qui l'aimoient jufqu'à l'idolâtrie,
Les Beaux-Arts, l'Univers oubliront ma Lesbic.

A. S'il eft quelques mortels dignes de la chérir,
D'un monde fi pervers que fait le fouvenir?
Son ombre n'attend rien des enfans de la terre.

L. Je n'en veux rien non plus,& la raifon m'éclaire :
Je refie à ce tombeau que je ne puis quitter.
Duffes-tu me haïr, duffes-tu détefter

L'ami que vers ces bords tu conduifis toi-même,
Je yeux, fous le fardeau de ma douleur extrême,

Succomber lentement & puis m'enfevelir,

A. L'aftre des nuits fe voile, & tu l'as fait pâfir!
Lorenzo, je le veux; ah! quittons cette tombe;
Malgré tous mes efforts ton courage fuccombe,
Laiflons l'afile faint où dorment les vertus;
Ta préfence le fouille, & tes vœux entendus
Sans doute allumeroient la colère célefte...

L. Eh bien, je te fuivrai; mais du temps qui lui refte,
Ah! laiffe au moins jouir un malheureux Amant.
Laiffe-moi contempler ce visage touchant;
Laiffe-moi les couvrir, les baigner de mes larmes,
Ces traits dont la mort même a refpecté les charmes !

A. Eft-ce-là.de Lesbie honorer les vertus ?
Şur toi-même répands ces pleurs trop fuperflus!
Vil mortel! voudrois-tu difputer à la terre,
Aux infectes rampans leur pâture ordinaire ?
Sa mémoire en ton cœur n'a-t-elle ри refter?

L. Tu m'interdis les pleurs que faut-il ?—L'imiter
L. Adieu, reftes facrés de la belle Lesbie!
A. Adieu, fidelle Amante & généreufe amie !
L. Adieu, je reviendrai pleurer ici demain;
A. Et moi je vais graver fur un durable airaing
DE vertus aimable modèle,

Ci-git une jeune moṛtelle,
Qui de la rofe eut le deflin;
Elle n'a brillé qu'un matin i
Mais fa mémoire eft éternelle.

(Par M. Charon.)

I

Explication de la Charade, de l'Enigme & du Logogriphe du Mercure précédent.

LE mot de la Charade eft Corniche ; cclui

de l'Enigme eft Fumée; celui du Logogriphe eft Rime, où le trouve Remi (Saint), Mie (mot de Henri IV), Mie (de pain ) Émir, Ire, Mire, Mi, Re, Mie (particule négative), Mer.

CHARADE.

UN fleuve eft le premier, le fecond cft un autre ;

Le tout eft à ma table, & fans doute à la vôtre. (Par M. le Chevalier de Sufars.)

ÉNIGM E.

L'ART nous créa jumeaux ; nous ne travaillons guère

Dans la faifon caniculaire;
Mais l'hiver, occupés d'un service affidu,

Nous rachetons le temps perdu.

Alors plus de repos, toujours peine nouvelle ;

On nous voît dans les plus grands froids,

Le long du jour porter du bois,

Et la nuit faire sentinelle ;

Car il nous faut garder un prifonnier fournois,
Moitié foumis, moitié rebelle,
Qui rompant fa chaîne une fois,
Ne connoît plus ni frein ni lois.
Notre afile ordinaire eft une grotte.

e.obfcure,

Où d'objets ténébreux nous fommes entourés.
Jamais nous n'affichons l'éclat & la parure,
Qu'en allant nous affeoir fur les lambris dorés,
Là, pour charmer l'enaui du Maître,
Quand la bife vient l'affiéger,

Sous les traits du plaifir nous aimons à paroître,
Tantôt Nymphe, tantôt Berger,
Tantôt nous couronnant de feuillage champêtre,
De raifins prêts à vendanger,

Ou de fleurs qui viennent de naître.

Notre berceau, dit-on, fut l'atelier d'un Dieu. Quelque titre impofast que la Fable nous forge, La froide vérité nous refpecte fi peu,

Qu'en livrant notre corps au feu,

Elle nous met fouvent les deux pieds fur la gorge, (Par un natif de Saint-Juft des Marais,

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Que je vois mon front couronné
Par les mains de la jeune Flore.

Utile à Mars, cher à Cypris,
Je plais à deux autres Déeffes;
De Cérès j'obtiens un souris,
Et de Pomone des promeffes.

Ma mère avec les douze enfans,
N'en a pas un dont la présence
Soit plus agréable aux Amans,
Ravis de fêter ma naiffance.

Que je me montre à l'Univers,
Tout s'anime, tout fe féconde;
C'est moi qui peuple les déferts,
C'est moi qui rajeunis le monde.
Lecteur, je ne te peindrai pas
Tous les plaisirs que je fais naltre.,
Qui voit Sophie & fes appas,
En voit affez pour me connoître.

Son teint fleuri par les Amours,
Ses yeux où la gaîté respire,
Sont une image des beaux jours,
Des jours fereins que je fais luire.
Heureux le mortel préféré
Qui s'entendra donner par elle
Le doux nom, le nom défiré,

Qu'en fes rois pieds le mien recèle !

(Par le même.)

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