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Ou telle bouillonnoit fur les murs d'Héraclée,

Du Véluve en fureur la lave amon.elte.

Les Citoyens errans, fugitifs, éperdus,

De l'œil cherchent leurs toits & ne les trouvent plus.
L'un, fur les monts voifins graviffoit avec peine;
Il retombe accablé d'un fardeau qui l'entraîne.
Un autre, de fon père en vain preffe les pas.
L'autre enlève une époufe, & l'époufe en fes bras
Serre un doux fruit d'hymen à peine à fen aurore,
Et ne craint que pour lui ce danger qu'il ignore.

Ces détails font poétiques & pleins de
fenfibilité. L'Auteur peint enfuite le Prince
touché de ce défaftre. Il veut voler au
fecours de ceux qui font en danger. On lui
fait fentir celui où il s'expofe lui-même
mais l'humanité l'emporte il s'élance fur
une barque avec deux Bateliers.

Oh! qui peindra ce peuple éperdu fur la rive,
Et ce frémiffement d'une foule craintive,
Et ce cri de frayeur dans les airs élancé,
Par un morne filence aufli-tôt remplacé ?
L'étonnement se joint à la reconnoissance,
L'amour à la terreur, la crainte à l'efpérance :
Tous n'ont qu'une feule ame; & l'on voit tous les yeux
Ou fixés fur le gouffre, ou portés vers les cieux.
Et cependant voguoit la nacelle intrépide.
Elle a déjà franchi l'onde la plus rapide,
Ce centre redoutable, où les flots courroucés
Koulent en tourbillons l'un par l'autre preflés.

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Brunswick déjà triomphe, & témoigne fa joie
Par un figne éclatant que chacun lui renvoie.
Triomphe paffager! fignes vains & trompeurs,
Que vont faivre bientôt les foupirs & les pleurs!
La barque du rivage enfin s'eft approchée :
Sous le voile (1) des çaux une tige cachée,
Lui porte un coup fatal: le Prince chancelant
Se courbe, fait un pas, fe relève à l'instant,
Et fon front rafiuré fourit à la tempête :
Mais d'un faule noueux l'efquif heurte la tête,
Se brife, difparoît... Léopold !... il n'eft plus.

Il me femble qu'ici très-peu de Pièces de Concours foutiendroient le parallèle. L'Auteur a répandu les couleurs de la Poéfie fur des détails d'autant plus touchans qu'ils font vrais. Tout ce morceau porte l'empreinte du talent. Ce ne font point là des vers de Collége fur des lieux communs ; ce n'eft point de la verfification vague & fans effet. Ce n'eft pas que le Poëme, lu de fuite, ne perde beaucoup. Des longueurs, & une marche trop méthodique, en affoibiffent l'intérêt. Mais au moins ces longueurs tiennent au fujet, & n'y font point un hors-d'œuvre.

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P. S. Les Pièces envoyées au Concours fur le même fujet, par MM. Didot, fils aîné,

(1) Cette métaphore, qui feroit une beauté poétique dans une circonstance graciente, telle que la Fable de Sa'macis, eft ici un abus de po£e; defaut qui caractérife Vépoque actuelle de notre Littérature.

& Fitmin Didot, imprimées par M. Didot, leur père, avec des caractères gravés par le plus jeune, rappellent le temps des Etiennes, qui, peu contens d'illuftrer l'art de la Preffe, avoient fu encore l'ennoblir par la culture des Belles-Lettres.

(Cet Article eft de M. de Saint-Ange):

LE PEUPLE inftruit par fes propres vertus, ou Cours complet d'Infractions & d'Anecdotes recueillies dans nos meilleurs Auteurs, & raffemblées pour confacrer les belles actions du Peuple, & l'encourager à en renouveler les exemples. Ouvrage claffique, principalement destiné au Peuple des villes & des campagnes, & à fes enfans de l'un & de l'autre sèxe, & diftribué de manière à pouvoir fervir de lecture amufante & d'inftruction morale chaque jour de l'année. Rédigé par P. L. BERENGER; 2 vol. in-12, 6 liv. reliés. A Paris, chez Nyon l'aîné, Libraire rue du Jardinet, 1787.

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Le titre de cet Ouvrage en indique parfaitement l'objet. Le Peuple, en le lifant, s'inftruira par fes propres vertus, & fans doute il s'eftimera davantage.

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Ah! fi le petit Peuple avoit fes Hiftoriens, dit l'Editeur de ce Livre intéreffant fi au lieu d'aller épier fes ridicules pour les expofer fur nos Théatres immoraux, nos Ecrivains devenoient les Peintres naïfs des

vertus qui brillent fi fouvent dans l'obfcurité de ces claffes infinies, on l'ennobliroit à fes propres yeux, ce pauvre Peuple; il feroit plus aimé, plus honoré : & qui ne fait que ces faciles récompenses ont toujours été le mobile des plus grandes actions' chez les Peuples anciens? La plus pure vertu fe nourrit fecrétement de l'efpoir de n'être pas oubliée. ..... Que de traits d'héroïfme n'a-t-on pas dû jadis à de fimples branches de chêne ou de laurier! Dénonçons donc au Public, au Gouvernement á la Poftérité ces vertus fans fafte & fans égo fme, qui s'ignorent, pour ainfi dire, elles-mêmes, & ne fouffrons pas qu'on calomnie la portion la plus nombreufe, la plus utile & la plus refpectable des enfans de la Patrie ".

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Les 365 Anecdotes qui compofent ce Recueil, font entre-mêlées de fentences & de leçons, dont la morale eft à la portée des hommes à qui ce Livre eft principalement destiné. M. Berenger a choifi ces inftructions & ces traits de vertu dans les Ouvrages les plus eftimés; les fragmens de fa cómpofition fe réduifent à 12 ou 15 Anecdotes, & environ 15 ou 20 autres morceaux épifodiques, & quelques explications placées à la fin ou au commencement des faits qu'il a recueillis.

Quoique les différentes pièces de ce Recueil paroiffent jettées au hafard le Lecteur attentif y appercevra un fil fecret

,

& un deffein marqué. Les principes de la · Morale font établis dans les inftructions; les applications en font faites dans les Difcours, & les Anecdotes font comme les expériences qui en attestent les effets. Enfin les adages & les proverbes étant ordinairement le résultat de la raifon populaire, & le langage de l'expérience, il convenoit d'en faire une espèce de code à la fin de chaque mois.

Telle eft la manière dont M. Berenger a formé ce Recueil, qu'on peut regarder comme un vrai Catéchifme de Morale élémentaire; quoiqu'il foit principalement deftiné au Peuple, toutes les claffes de la Société y trouveront le développentent des devoirs qui leur font propres.

Nous allons placer ici un morceau de cet Ouvrage, que nous croyons propre à infpirer un grand intérêt : l'Anecdote eft.. de l'Editeur; on trouvera dans la narration ce ftyle vif, rapide & animé, qui căractérife toutes les productions.

"L'amitié, ce fentiment fi tiéde & fi nul pour la plupart des hommes perfonnels que nous voyons, eft encore une pallion vive & fublime chez les habitans de nos Provinces Méridionales. Les Marfeillois furtout, iffus des Grecs, &, comme ces Peuples, fenfibles avec excès ont des faillies de caractère admirables, & peu d'années se paffent fans que les Citoyens de cette heureuse contrée laissent échapper quelques-uns

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