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le fond de la narration, eft écrit avec modération. Il s'en faut de beaucoup que les Ecrivains de notre hémisphère, qui ont traité le même fujet, ayent confervé la décence & l'impartialité du Docteur Ramfay; qua-lités qui font l'éloge de fon caractère comme celui de fes connoiffances.

Quoique le ftyle du Traducteur foit fouvent négligé, quelquefois même incorrect, il ne manque ni de clarté ni de mouvemens. Ne connoiffant point l'original, nous ne pouvons rien dire de l'exactitude avec laquelle il eft tranfmis en notre Langue; mais le choix qu'en a fait M....., & la manière dont, en général, il a exécuté cette entreprife, font honneur à fon difcernement & à fa capacité.

(Cet Article eft de M. Mallet du Pan.)

COMMENTAIRE fur la Loi des Douze Tables, dédié au Roi, par M. BOUCHAUD, Confeiller d'Etat, de l'Académie des Belles Lettres, &c. Profeffeur en Droit au Collége Royal.

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Leges itaque femper curiofè legende intepretandæque erunt. Aggenus in Frontinum, de Limitibus Agrorum. A Paris, chez Moutard, Imp. - Lib. de la Reine, rue des Mathurins, Hôtel de Cluni, 1787. in-4o. Prix, 18 liv. rel.

LA Loi des Douze Tables, monument précieux de l'Antiquité, a eu des Panégy

riftes,

riftes & des Commentateurs célèbres; elle a eu auffi, elle a fur-tout aujourd'hui des détracteurs, ainfi que toute la Jurifprudence Romaine dont elle est la base; c'est principalement à la venger des attaques de ces derniers, & à la rétablir dans tous fes honneurs, que M. Bouchaud confacre ce favant & immenfe travail. Parmi les Anciens, Diodore de Sicile, Denys d'Halicarnaffe, Cicéron, Tite-Live, Florus Tacite, ont donné des éloges à la Loi des Douze Tables: ce ne font pas là de médiocres autorités; Cicéron vante cette Loi non feulement comme Loi, & relativement à l'influence naturelle de la Légiflation fur la Morale, mais relativement à la Littérature,comme un monument qui retrace les ufages antiques, & qui fait connoître les vieux mots de la Langue Romaine, ces mots plus vieux encore que ceux dont Horace difoit avec regret :

Speciofa vocabula rerum Quæ prifcis memorata Catonibus atque Cethegis, Nunc fitus informis premit & deferta vetuftas.

Plurima eft, dit Cicéron, in Duodecim Tabulis Antiquitatis effigies, quòd & verborum prifca vetuftas cognofcitur, & actionum genera quadam Majorum confuetudinem vitamque declarant.

Politique, Science civile, Morale, Philofophie, Cicéron trouvoit tout dans les Loix, & prefque tout dans la Loi des Douze No. 40. 6 Octobre 1787.

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Tables; il la trouvoit même plus utile que toutes les Bibliothèques des Philofophes: mais il paroît que, de fon temps, tout le monde n'étoit pas de fon avis; car, de la manière dont il l'énonce, il a l'air de s'attendre à de grandes contradictions, & il dit prefque comme Rouffeau:

Mais je vois déjà d'ici

Frémir tout le Zénonifme.

Fremant omnes licet, dicam quod fentio : bibliothecas, me hercule, omnium Philofophorum unus mihi videtur Duodecim Tabularum libellus..... & auctoritatis pondere & utilitatis ubertate fuperare.

Tacite regarde la Loi des Douze Tables comme ayant été le dernier Ouvrage de l'équité à Rome, finis aqui Juris. Celles qui fuivirent, dit-il, naquirent le plus fouvent de la difcorde, de l'ambition, de la violence: Nam fecuta Leges,..... fæpiùs..... dif fentione ordinum & adipifcendi inlicitos honores, aut pellendi claros viros aliaque ob prava, per vim late funt. Tite-Live appelle la Loi des Douze Tables, la fource de tour Droit public & privé: Fons omnis publici privatique Juris.

Denys d'Halicarnaffe y voit la Politique, la Jurifprudence & la Philofophie contenues en entier.

Quant à l'hiftorique de cette Loi, vers Ja fin du troifènte fiècle de la fondation de

Rome, le Tribun. Caïus Terentillus Arfa propofa de former un corps de Loix pour fervir de règle aux particuliers dans la conduite de leurs affaires, & aux Juges dans l'adminiftration de la juftice: une propofition fi naturelle & fi jufte, qui le croiroit? fut mal reçue, & long-temps éludée par le Sénat; les Juges étoient tirés de l'Ordre des Sénateurs, & des décifions arbitraires étoient bien plus favorables à leur autorité. » Les Loix, dir M. Bouchaud, font l'égide du foible & le frein de l'homme puillant. » Il est donc dans la nature des chofes hu»maines que le Peuple demande un Code, » & que les Grands s'y oppofent «.

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"

Il est donc dans la nature des chofes humaines que le Peuple ait raifon, & que les Grands aient tort; & c'eft peut-être ain qu'on peut répondre à cette question de La Fontaine :

En quel fens eft donc véritable

Ce que j'ai lu dans certain lieu,

Que la voix (celle du Peuple)eft la voix de Dien?

Cependant le Peuple infiftoit; & l'an de Rome 301, T. Romilius, qui avoit été Conful l'année précédente, ouvrit l'avis d'envoyer en Grèce pour en rapporter les Loix de Solon; le Sénat chargea de cette commiflion Spurius Pofthumius, Aul. Manlius & Ser. Sulpitius. Après leur retour, les Décemvirs furent établis pour former, des

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différentes Loix que les trois Députés avoient rapportées de Grèce, un corps de Jurifprudence. Les Loix des Dix Tables furent rédigées par les Décemvirs: les deux dernières furent publiées de l'autorité des Gonfuls Lucius Valerius & Marcus Horatius après la fuppreflion du Décemvirat.-Ces Loix étoient contenues dans douze tables d'airain; on y inféra, outre les Loix 'rapportées de la Grèce, plufieurs Ordonnances des Rois de Rome; c'eft un point que M. Bonamy a très-bien établi dans une Differ tation fur l'origine de la Loi des Douze Tables, divifée en trois Parties, lues à l'Àcadémie des Belles Lettres les 23 Juin 1735, 18 Mai 1736, & 15 Février 1737: mais ce Savant va trop loin, felon M. Bouchaud, lorfqu'il paroît croire, contre le témoignage formel d'une foule d'Ecrivains anciens, qu'aucun chef de la Loi des Douze Tables ne fut emprunté des Loix de la Grèce, & même qu'on ne fit jamais à ce fujet de députation en Grèce. M. Bouchaud détruit cette partie du fyftême de M. Bonamy, principalement par deux Fragmens de Caïus, où ce Jurifconfulte interprétant deux chefs de la Loi des Douze Tables, rapporte le texte grec des Loix de Solon d'où ces chefs furent empruntés.

M. Bonamy n'avoit examiné qu'une queftion relative à la Loi des Douze Tables, celle qui concerne fon origine; le Lecteur trouvera réfolues dans le Commentaire de

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