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du fecond volume de cette Hiftoire. On pourroit fe défier peut-être de ces détails militaires écrits par un Médecin; mais il retrace feulement les principaux évènemens, il le fait fur les Mémoires des Capitaines du Congrès, & d'une manière affez plaufible, pour expliquer les viciffitudes de ces hoftilités, fouillées de toutes les énormités de la guerre civile. Si quelque chofe prouve le découragement où se trouvoient les Américains du midi à cette époque, & le peu d'enthousiasme qui les animoit, c'est le fait fuivant. » Le Gouvernement de la Caroline » dit l'Historien, fit tout ce qui lui étoit poffible pour maintenir fes premières levées, & pour en augmenter le nombre. » On offrit en 1779, cinq cents dollars de gratification (2500 liv. tournois), comme » un encouragement propre à multiplier les >> recrues. Quoique cette fomme, qui étoit » en papier monnoie, fût à peu près équi» valente à cinquante dollars en argent, les détreffes des foldats étoient fi grandes, qu'on ne put déterminer qu'un très-petit » nombre d'hommes à entrer dans les ré»gimens réguliers. Vers le même temps, on » paffa une Loi pour enlever les vagabonds, » les fainéans & les gens de mauvaise conduite, & les forcer à fervir dans les troupes régulières". C'étoit donc la lie de l'Amérique qui combattoit la lie de l'Europe, pour le plus noble & le premier des intérêts. Ce n'eft pas ainsi que la liberté fonda fon em

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piré dans les montagnes de la Suiffe, ri dans les marais de la Hollande.

Entre plufieurs faits de guerre intéreffans, que, contient ce volume, l'un des plus cufieux & les mieux développés, eft le combat de King's-Mountain en Octobre 1780, où neuf cents Montagnards défirent onze cents Torys & tuèrent leur Chef, le partifan Fergufon. Le Colonel Cleveland, qui commandoit les vainqueurs, leur dit avant faction

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Mes braves amis, quand vous ferez aux prifes, n'attendez pas de moi le mot du commandement. Je tâcherai, par mon exemple, de vous montrer comment il » faut combattre. Que chaque foldat fe re» garde comme un Officier; tout ce que je » vous demande, c'eft de ne point prendre » la fuite. S'il en eft parmi nous qui foient intimidés, je les engage à fe retirer tout » à l'heure «

La création du papier monnoie, fon accroiffement inconfidéré, fa dépréciation graduelle, enfin fon anéantissement, font traités ici, dans le Chapitre X, avec netteté. Le Lecteur y prendra une idée jufte de ces mefures étranges que les détracteurs des EtatsUnis ont caractérisées de banqueroute formelle, & que d'autres ont juftifiées par des calculs & des fophifmies, dont l'obfcurité a du moins réuli à embrouiller une queftion fort fimple. La néceffité, voilà la feule excufe. valable qui puiffe être alléguée: elle n'a rien de commun avec la morale & la juftice qu'on

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a imêlées indifcrètement à cette apologie, M. Ramfay ne déguise pas les fuites de cette révolution fifcale. Cette funefte néceflité, " dit-il, de faire des injuftices particulières pour l'avantage public, porta atteinte, à » beaucoup d'égards, aux intérêts politiques » de l'Etat, & au caractère moral de fes ha» bitans. Les maux ne prirent pas fin avec la guerre. En fermant les Cours de Justice, » & en autorifant par une Loi les particu»liers à payer leurs dettes avec un papier » tombé de prix, on rendit fi familier au Public le procédé de ne point remplir fes » engagemens, que certains habitans, depuis la guerre, ont été beaucoup plus négligens à s'acquitter honorablement de » ceux qu'ils avoient pris «.

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Nulle province n'éprouva plus que la Caroline méridionale les horreurs de la guerre domeftique, jointes à la calamité d'une invafion étrangère, fi l'on peut donner ce nom à celle de l'armée Angloife. Exposés aux rigueurs inouies de la foldatefque & des Conimandans de la Métropole, les Colons divifés, fe pourfuivoient entre eux avec un acharnement dont l'Hiftorien n'a pas affoibli le tableau. Durant les mémorables révolutions qui libérèrent la Suiffe & la Hollande, comine f'excès de la tyrannie avoit été intolérable, le foulèvement fut prefque univerfel. Cette unanimité prévint les mafLacres des factions, & les Républicains n'eurent pas à combattre leurs propres conci,

royens. On n'y vit donc point cette oppreffion mutuelle & fanguinaire des partis, qui défola la Caroline. Enormités de tout genre, meurtres, incendies, pillages, furent alternativement exercés par les Torys & les Whigs nationaux, à mefure que le fort des armes redonnoit aux uns ou aux autres un inftant de fupériorité: tel eft le véritable caractère de la guerre civile, qu'il ne faut pas confondre avec une révolte univerfelle pour la liberté.

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La Caroline eut à fouffrir un autre fléau, dont le Docteur Ramfay peint les ravages avec énergie. Lorfque les Anglois eurent Occupé Charles-Town & les diftricts voisins, les prifonniers & les Infurgens qui avoient pris les armes, achetèrent leur liberté & leur repos par une nouvelle preftation d'allégeance au Gouvernement Britannique. A la rigueur, elle emportoit pour ces fujets le devoir de fe joindre aux milices, obligées de défendre, au befoin, l'autorité qu'ils venoient de reconnoître. En conféquence, & très-imprudemment, les Commandans Anglois rendirent une proclamation qui forçoit ces Infurgens foumis, à prendre une part active aux opérations militaires. Ils obéirent pour l'inftant, & à la première occasion favorable, ils retournèrent aux drapeaux du Congrès. Plufieurs de ceux qui retombèrent aux mains de leurs ennemis, furent impitoyablement exécutés. L'efprit de vengeance rendit atroces ces actes de juftice militaire

dont l'infortuné Colonel Haynes fut la dernière victime. L'Hiftorien expose fort au long le procès de cet Officier, qui, libéré fur fa declaration d'allégeance, & fommé enfuite de fervir le Gouvernement Anglois, reprit les armes contre lui, fut fait prifonnier de nouveau, & exécuté à Charles Town, à la fin de la guerre, à l'inftant où il ne reftoit aux Anglois aucune efpérance de réduire l'Amérique, & où, par conféquent cette févérité devenoit une barbarie gratuite.

M. Ramfay n'avoit pas befoin de chercher de longues excufes embarraffées de la conduite du Colonel Haynes, pour arracher des larmes fur fa deftinée; il fuffifoit de peindre en traits attendriffans, comme il l'a fait, les derniers momens de cet Officier. Il nous paroît clair, même par les documens qui accompagnent ce récit, que Haynes avoit manqué aux loix de la guerre & de l'honneur: mais fon fupplice fut un acte de vengeance non moins inexcufable; il falloit le renvoyer au Congrès, qui fans doute l'eût caffé avec opprobre, en le privant de la gloire de défendre la liberté.

La quantité de pièces juftificatives & de notes finales qui accompagnent cette Hiftoire, nous femblent quelquefois contredire les récits & les opinions de l'Auteur; mais elles forment une portion très-instructive de fon travail. Plufieurs de ces morceaux n'étoient pas encore connus en Europe.

Get Ouvrage, d'ailleurs fi eftimable par

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