صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

nous la jouâmes, & inon fuccès fut encore plus grand qu'à la première représentation.

"A la fin, nous quittâmes la ville pour nous rendre à une courfe de chevaux qui fe faifoit à quelques lieues de là. Je ne me rappellerai jamais de Tenterdene fans verfer des larmes de reconnoiffance: Ah! Monfieur, fi vous faviez quel tact, quelle fineffe de goût, quelle connoiffance du Théatre l'on a dans ce pays; non, jamais je n'ai vu mieux juger des talens d'un Acteur. Allons, Monfieur, buvons un coup à la fanté des Meffieurs & des Dames de Tenterdene. Je vous difois donc que nous quittâmes la ville; mais que j'en fortis bien différent de ce que j'y étois entré! Moucheur de chan delles en y arrivant, j'en partois un Héros ! Ainfi va le monde; aujourd'hui dans la boue, & demain fur un trône. Je pourrois vous en dire bien davantage fur les inéga lités de la fortune, & des chofes vraiment fublimes; mais cela pourroit nous donner le fpléen à tous deux, j'aime mieux n'en pas parler.

» Les courfes de chevaux étoient déjà finies, lorfque nous arrivâmes à cette autre ville; ce qui ne laiffa pas que d'être un contre-temps fàcheux pour la Troupe. Quoi qu'il en foit, nous étions toujours réfolus de prendre tout ce que nous pourrions faire d'argent. Je continuois à jouer les premiers rôles, & je m'en acquittois avec mon fuccès ordinaire; fincèrement je

penfe que je ferois devenu un des premiers Acteurs de l'Europe, fi mes talens naiffans euffent été encouragés: malheureusement j'elfuyai un revers terrible, qui me replongea dans ma première obfcurité. Je jouois Sir Harry Wildair ; j'avois enchanté toutes les femmes de province. Si je fortois feulement ma tabatière de ma poche, on applaudiffoit à tout rompre ; & lorfque je faifois marcher Martin-bâton, on étouffoit de rire.

» Dans cet endroit fe trouvoit alors une femme qui avoit fait un féjour de neuf mois à Londres: d'après cela, elle avoit de grandes prétentions au bon goût; c'étoit elle qui donnoit le ton par-tout; on la confultoit comme un Oracle, & fes décisions étoient fans appel. Elle avoit beaucoup entendu parler de mon talent; tout le monde me prônoit; cependant elle avoit constamment refufé d'aller me voir jouer. Elle ne pouvoit attendre, difoit-elle, rien que de bien médiocre d'un Acteur de province; puis elle lâchoit quelques mots à la louange de Garrick d'un air empefé, & étonnoit toutes les femmes par fa facilité à s'énoncer, par fes manières, par fes graces. Cependant elle fut tant tourmentée, qu'elle confentit à la fin à venir au Spectacle on me fit savoir que la première fois que je jouerois, j'aurois parmi mes fpectateurs un Juge févère; mais moi, fort peu intimidé par la présence de la Dame, je parus auffi tranquille qu'à mon

[ocr errors]

ordinaire dans le rôle de Sir Harry, une main dans la poche de ma culotte, & l'autre paffée dans ma vefte, comme font les Acteurs à Drurilane. Je m'apperçus cependant que le Public, au lieu de me regarder, étoit tourné vers la Dame qui avoit paffé neuf mois à Londres. On attendoit d'elle l'arrêt qui devoit me mettre en main le fceptre de Thalie, ou me reléguer dans la claffe des plus vils Bateleurs. J'ouvris ma boîte, je pris du tabac; la Dame garda fon férieux, & le Public fit de même : je caffai ma canne fur le dos de l'Alderman Smugler; toujours un férieux à glacer : la Dame fit un gefte de pitié & hauffa les épaules. J'eflayai, en riant moi-même, de faire au moins fourire; mais, le D..... m'emporte s'il y eut un muscle dans l'Affemblée qui fympathisât avec les miens. Je vis que les chofes n'alloient pas bien; toute ma gaîté dès-lors devint forcée, mon rire n'étoit plus qu'une grimace; & tandis que je voulois paroître gai, mes yeux déceloient la triftelle de mon ame. Bref, la Dame étoit venue avec l'intention d'être mécontente, & elle le fut. Toute ma célébrité s'évanouit: je fuis ici, &...... (le pot de bière n'est déjà plus)".

(Par M. le Prince Baris de Galitzin.)

Explication de la Charade, de l'Enigme & du Logogriphe du Mercure précédent,

LE

Le mot de la Charade eft Porage; celui

E

de l'Enigme eft les Chenets; celui du Logogriphe eft Mui (le mois de), où l'on trouve Ami,

CHARADE.

CONSUL

ONSULTEZ Votre Cuifinier;
Il vous dira que mon premier
Lui fournit volaille & gibier,
Qu'il habille de mon dernier,
Jadis inftrument meurtrier,

Mon tout armoit plus d'un Guerrier.

(Par M. Laurent de Charleville.)

[ocr errors]

ÉNIGM E.

A quatre pieds, deux bras, la taille contrefaite ;

Par-tout je fers utilement ;

Tantôt paré fuperbement,

Quelquefois nu comme un fquelette,

Dans mes bras j'invite au repos;

Mais voyez un peu l'injuftice,

Tous ceux à qui je rends fervice

A l'inftant me tournent le dos. Où trouver donc de la reconnoiffance! Même avec les Savans j'éprouve un fort pareil; Je fuis pourtant chez eux le prix de la fcience, Et l'on ne m'obtient point fans un grand appareil. Pour favoir qui je fuis en faut-il davantage?

[ocr errors]

Tu dois me connoître à ce trait.

Auprès du Roi, Lecteur, jamais aucun Sujet-
De moi ne fçauroit faire usage.

(Par M. Sebire de Beauchefne, Officier

de Marine.)

LOGO GRIPHE.

HUIT pieds font tout mon être,

Par la moitié je fuis porté.

La coquette Beauté,

L'arrogant Petit - Maître,

Ghez moi viennent fouvent étaler leurs appas,

Ou bien pour prendre leurs ébats.

Je brille en toute Académie ;

Magiftrat, Financier, & tout homme important, En parfaite fanté, pendant la maladie,

Me fréquentent également.

Mais

« السابقةمتابعة »