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contre Augufta, ont révolté le peuple, qui a enfin vengé dans le fang du Conful les outrages faits à la Veftale; & c'eft Augufta elle-même qui en vient faire le récit.

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Cette Tragédie a excité de grands murmures & de grands applaudiffemens. On a reproché à l'Auteur d'avoir marié Augusta de l'avoir rendue mère avant qu'elle fût Veftale, parce qu'une Loi ordonnoit qu'au deffus de 10 ans aucune fille ne feroit admife au culte de Vefta: on lui a reproché encore d'avoir donné à une femme veuve & mère, un dégoût pour l'hymen qui va jufqu'à l'horreur; mais il eût peut-être été juste d'obferver que Domitius porte un caractère odieux, incapable de plaire à la femme la moins délicate; & que trente années doivent faire d'ailleurs une grande révolution dans les idées d'une femme. On lui a fur-tout reproché d'avoir donné à Agathocle le caractère d'un novateur, digne, en bonne politique, du fupplice auquel il eft condamné. On a enfin remarqué qu'il y a dans cet Ouvrage des incidens qui fentent la machine, & dans lefquels on apperçoit plus l'embarras de l'Auteur. qu'une vraifemblance palpable. A quelque point que ces reproches foient mérités, il faut convenir qu'il y a du talent dans cet Ouvrage, de l'imagination, de la verve; que fi l'Auteur étoit plus avare de détails, il arriveroit plus sûrement à l'effet qu'il veur produire, &

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que fon ftyle gagneroit beaucoup, s'il pouvoit fe réfoudre à le dépouiller des formes paffées, des expreffions furannées, des locutions hafardées qu'il fe permet trop fouvent, & dont il femble faire ufage à plaifir & par goût. Au reste, il a été jugé avec une extrême rigueur, & nous allons tout à Theure en donner la raifon.

Mort de Mlle. OLIVIER.

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C'est au moment même où fon talent devenoit plus utile au Théatre François & plus cher au Public connoiffeur, que cette Actrice a été enlevée par la mort dans la fleur de fon âge. Elle étoit digne de tous les regrets qu'elle laiffe après elle, & ces regrets font bien plus vifs chez ceux qui lui ont été attachés par l'amitié, que chez les perfonnes qui l'ont feulement vue comme Comédienne.

Jeanne - Adélaïde - Gérardine, fille de Charles-Simon Olivier, & de Marie-Louife Romagaffe, eft née à Londres le 7 Janvier 1764, où elle a été baptifée dans la chapelle de France. Après avoir fait en Province quelques effais qui ne furent point malheureux, elle débuta au Théatre Francois le 26 Septembre 1780, par les rôles d'Agnès, dans l'Ecole des Femmes, & d'Angélique, dans l'Esprit de contradiction. Elle joua enfuite, pour la continuation de fes débuts, Junie, dans Britannicus; Julie,

dans la Pupille, Victorine, dans le Philofophe fans le Savoir; Lucile, dans la Métromanie, & Colette, dans le Mari retrouvé. Les charmes de fa figure, la douceur de fon organe, la décence de fon maintien, firent fur les fpectateurs une impreffion plus durable & plus fûre que cette impreflion bruyante, qui réfulte quelquefois de l'afféterie, des minauderies, & de la manière. Le débit de Mademoiselle Olivier étoit fage & raifonnable; on s'appercevoit feulement que fa timidité étoit extrême, & qu'elle arrêtoit l'effor de fon talent; on la reçut à l'effai. Pendant l'année de cet effai, elle fit des progrès remarquables'; auli fut-elle reçue Comédienne du Roi, &, le Public ne tarda t-il pas à lui donner des preuves flatteufes de l'intérêt qu'elle lui infpiroit. Une chofe prefque perdue aujourd'hui au Théatre, c'eft la tradition de l'ancienne Comédie, tradition qui tenoit, pour ainfi dire, fous fa fauve-garde, la nobleffe & la décence. On lui a depuis fubftitué une manière prétendue fine, qui n'eft guère que de l'affectation, & que bien des gens défapprouvent encore, malgré les nombreux fuffrages qu'on lui accorde. Mademoiselle Olivier devit à la Nature T'heureuse impuiffance de tomber dans cette ergur; modele, décente, timid: & douce, elle jetoit dans tous fe rôles les nuances de ces qualités eftimales; & c'est ainfi que dans le rôle d'Alcm ne, rôle qui touche

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à l'indécence, elle s'eft concilié les plus juftes fuftrages, en le représentant avec atitant de nobleffe que d'agrément. On fait avec quel abandon, avec quelle grace touchante elle a joué Rofalie, dans le Séducteur; comme elle étoit aimable, charmante, dans le petit Page du Mariage de Figaro, mais on n'a peut-être point fait affez d'attention au talent qu'elle a montré dans la Comédie des Deux Nicces; elle a mis une fermeté, une aifance, que fa modeftie ne lui rendoit pas familières, & qui annonçoit un talent qui fe laiffoit entraîner par le fentiment de fes forces. Elle portoit dans la Société l'emploi des qualités dont au Théatre elle préfentoit l'intéreffante image. Sa douceur habituelle ne l'a point quittée au fein même d'une maladie douloureufe; & dans le délire qui l'a conduite à la mort, elle ne parloit que des objets qui pouvoient émouvoir ou alarmer fa fenfibilité, de l'infortune qu'elle auroit voulu foulager, de principes de décence & d'honnêteté. Elle eft morte à Paris, le Vendredi 21 Septembre à dix heures du matin, &a été enterrée à Saint-Sulpice, fans aucun fafte, ainfi qu'elle l'avoit recommandé, en cas de mort, dès le commencement de fa maladie. Nous ne pouvons qu'inviter les Actrices que l'on deftinera à remplir fon emploi, à imiter fa modeftic, fa décence, fa docilité, & à fe bien perfuader que les fuccès que l'on obtient pas à pas, & difficilement,font les fuccès les plus durables.

COMÉDIE ITALIENNE.

Le 21 Septembre, on a repréfenté pour la première fois, les Gens de Lettres, ou le Poëte Provincial à Paris, Comédie en cinq Actes, & en vers, par M. F. d'Egl....

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Nous avons tardé à rendre compte de cette représentation, parce qu'on avoit annoncé que l'Auteur faifoit à fa Pièce de très-grandes corrections; comme ces corrections retardent depuis longtemps la feconde représentation, nous allons dire quelque chofe de cet Ouvrage, qui a été très-mal reçu du Public.

Damis, jeune homme riche, élevé en Province eft venu à Paris, où tout lui déplaît: Mœurs, Modes, Artistes, Journeaux, Gens de Lettres, Philofophes, tout fert de but à fon caractère frondeur. Dans un des cercles où il a été admis, il a vu une femme nommée Mélite; il la diftingue, en devient amoureux, & lui fait fa cour. Cette femme mariée à un homme qu'elle croit mort aux Indes, & mère de trois enfans, eft conduite par un certain Comte d'Hèfpérie, homme fans principes, fans mœurs, fans délicateffe, capable de tous les excès, & qui établit l'efpérance de fa fortune fur celle de la dupe dont il fera l'époux de Mélite. Un M. Clar, frère de cette Mélite,

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