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& il cède fa future à fon rival, à condition que ce dernier lui cédera fes che

vaux.

Il y a des traits plaifans de ridicule. Tel eft ce mot du Comte, qui voulant faire l'honneur à un Notaire favant, de le faire entrer avec lui dans fa voiture, quand il va eflayer les chevaux, dit au Notaire qui fait des façons pour accepter: » Non, non, » point de complimens; je ne fuis pas fier, » moi, j'aime autant un favant qu'un ignorant “.

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Le onzième volume commence par Otto de Wittelsbach, Tragédie en cinq Actes, publiée par M. Babo, & arrangée pour le Théatre par M. le Chevalier de Steinf berg. Le fuet de cette Pièce eft l'Empereur Philippe de Souabe, alfaffiné par Otto, & vengé par Kallheim. Le caractère d'Otto eft bien marqué, fortement deffiné. C'eft un homme très-vaillant, très-franc, qui a mais l'Empereur fur le trône. Ce perfonnage intéreffe d'abord; mais l'action qu'il produit, n'est ni intéreffante ni noble. Au troifième Acte, Otto, qui est veuf, & qui a des enfans, demande en mariage la fille aînée de l'Empereur, qui lui a été pro mife; à fon défaut, il demande la cadette, & au défaut de celle-ci, il veut obtenir la fille du Duc de Pologne. Cette fureur d'époufer n'eft ni héroïque, ni tragique; c'est pourtant là l'action de la Pièce, & de foyer de tous les évènemens. On y tronye

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des expreffions ridicules, & bien peu faites pour la Tragédie. Otto, indigné contre l'Empereur ingrat envers lui, dit à part: "Oh! va-t-en, va, monftre couronné ;

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quand, avec toute ta majefté, tu pourrois "te cacher dans une noifette

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» faurois encore t'y trouver «.

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Ailleurs il lui dit avec une ironie amère : » Et moi, Sire, je veux changer mes armes »en batterie de cuifine: voyez-vous, ce cafque me fera une belle cafferole «? Cela eft naturel; mais quelle nature!

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Il y a beaucoup de mérite à avoir tracé le caractère d'Otto, qui eft vigoureux, fou-, tenu, plein d'une forte d'énergie sauvage, qui étonne & qui attache. Cette énergie fe trouve fur-tout dans une belle fcène qui touche à la fin du quatrième Acte. Otto indignement joué par Philippe, qui, sous prétexte de le charger d'une lettre de recommandation pour le Duc de Pologne a prévenu ce Prince contre lui, entre brufquement chez l'Empereur, tandis qu'il fait une partie d'échecs avec un de fes courtifans. Il arrive avec un air farouche, vient à la table du jeu, regarde la partie & dit à l'Empereur: Vous êtes échec & mat; joue lui-même le coup, & brouille la partie. L'Empereur furpris, & encore plus troublé de cette audace, dit qu'il avoit un moyen de fe fauver: Aucun, "répond Otto; à moins que vous n'euffiez » jeté le joueur & l'échiquier par la fenêtre; » alors

alors vous auriez gagné en Empereur «. Ce mot eft auffi fublime que hardi ; ce qui fuit eft encore plus énergique. Orto' fe plaint de la lettre du Roi qu'il a interceptée, lui reproche fon ingratitude, & le fomme de prouver ce qu'il a écrit contre lui: Duc parjure! je n'exige aucune reconnoiffance de vous, jamais je n'exigeai de » reconnoifface; mais la honte, je ne la »-fouffre pas fur moi. Prouvez une révolte,' » une querelle excitée par Otto, prouvez » une trahison, un crime contre l'Empire » ou contre vous, prouvez, prouvez donc. - Eh bien, écrivez au bas de cette lettre: » J'ai menti«.

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Une pareille apoftrophe à un Empereur, eft d'une grande énergie, & rend la fituation des plus attachantes.

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Pas plus de fix Plats, Tableau de Famille en cinq Actes, eft une Comédie de M. F. G. W. Groffmann. Reinhard Confeiller Aulique, eft entré dans une famille très noble & très-pauvre, qui, tout en le méprifant, met chaque jour fa fortune à contribution. Il fe laffe d'être leur bienfaiteur, fans être leur aini; il fe montre' ferme envers eux, envers fa femme, envers fes enfans, & jufte envers tout le monde.

Ce caractère eft bien tracé, bien foutenu.‘ Iky a dans la Pièce de belles fcènes, une fidèle peinture de mœurs; c'eft dommage qu'on y trouve beaucoup de longueurs dés inutilités, & de mauvaifes plaifanteries. No. 42. 29 Octobre 1787.

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Voici une Pièce qui a eu fur tous les Théatres d'Allemagne un fuccès prodigieux; c'eft la Tragédie de M. Schiller, intitulée les Voleurs. Il s'agit d'un jeune homme opprimé, qui devient criminel, qui s'affocie à une bande de fcélérats, & qui le couvres avec eux de forfaits, parce qu'il leur a juré de venger l'innocent opprimé. A Fribourg, dans le Brifgaw, la représentation de cette Pièce fit une telle impreffion, que toute la jeuneffe de cette ville, & l'élite. même de la Nobleffe, jurèrent d'être comme lui des Anges exterminateurs. Ils fe lièrent par les plus affreux feriens; mais heu-. reufement cette conjuration fut découverte & diffipée. pding of wat

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Voilà un horrible fuccès, & bien digne de la Pièce. Il y eft queftion de deux frères s le plus honnête des deux, celui fur lequel l'Auteur a voulu fixer l'intérêt eft und Capitaine de voleurs & d'affaffins. Le genre des détails répond parfaitement au fujet. Voici les deux traits qui fervent de dénouement. Le Capitaine retrouve fa, maîtreffe, qui a toujours été fidelle à l'amour & à la veitu; forcé de lui déclarer l'horrible. état qu'il a embrassé ne > pouvant nic ne voulant s'unir à elle à caufe de fes crimes, il l'affaffine en brûlant d'amour, pour montrer fon courage, & même fa fenfibilité; enfin, pour couronner dignement une telle action, & faire éclater le genre de vertu, dont il eft capable, il va faire gagner à

un pauvre Officer qui travaille à la jour-. née, cent ducats, prix auquel il fait que fa tête a été mife..

Cette Pièce n'annonce pas un homme de goût, mais un génie vigoureux. Il y a des traits d'énergie qui vous attachent, tandis que le genre de l'Ouvrage vous repoulle. Au refte, il y auroit de la cruauté à relever les défauts de cette Tragédie, quand l'Au- · teur lui-même, par une autre fingularité, vient de l'imprimer, en difant que fa Pièce eft déteftable.

Celle qui fuit, & qui termine cette collection, eft d'un genre bien différent, & peut éclaircir les horribles images dont cette Tragédie a fali l'imagination du Lecteur;) c'eft le Bon Fils, Comédie en un Acte, par M. J. J. Engel.

Cette Comédie a peu d'action. C'est un fils de paylan, qui s'eft avancé dans le fervice, eft devenu Capitaine, & qui a toujours fait à fes parens pauvres une petite rente par mois. Arrivé, à l'époque de la paix, chez fes père & mère, qu'il aime aufli tendrement qu'il en eft aimé, il fait punirun Sergent, qui ayant recruté un fils unique, qui fe trouve le prétendu de la fœur du Bon Fils, veut le faire marcher, ou plutôt tirer de l'argent de fa famille.

La Pièce fe dénoue fans catastrophe. Mais le Dialogue en eft naturel, plein de vérité, & le fait lire avec attendrillement.

Nous venons de jeter fur ce Théatre un

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