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Forage, & qui croiroit l'avoir trouvé, peut fe livrer ainfi à une impreffion prompte & fubite, qu'il pourroit regarder comnie une infpiration divine. Mais Guftave est tranquille; & le délir d'avoir un ami, n'est pas pour un Roi un befoin affez preffant pour juftifier une liaison fi précipitée. Ce défaut de gradation, qui touche à l'invraisemblance, nuit pendant quelque temps au moins à l'intérêt de l'Ouvrage.

Il y a peu de mouvemens & d'effets dramatiques dans cet Ouvrage; mais la conduite en eft fage, la marche naturelle; il y a des momens heureux; & l'on conçoit fans peine qu'elle ait réuffi fur plufieurs Théatres.

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Dans le Créancier, Comédie en trois Actes de M. J. Richter, bien des fcènes inutiles, mais de la vérité & de l'intérêt.

Ce n'eft pas par l'unité du fujet qu'on peut louer Garz de Berliching, avec une main de fer, Drame de M. de Goethe. Les Traducteurs difent qu'elle pourroit être proprement appelée une Vie dialoguée. En effet, c'eft la vie & les faits d'armes. d'un Chevalier, qui en compofent l'action. Goetz eft un de ces Redreffeurs de torts, qui ont illuftré en Allemagne le fiècle de la Chevalerie. Le fpectateur y voyage à tous monens; le rôle le plus fatigant & le plus long à jouer pendant la repréfentation d'un pareil Ouvrage, doit être celui du Machinite. On voit à chaque Acte

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entaffer les fiéges, les affauts, les batailles; mais il y a de grandes beautés de détail, une fidèle peinture des mœurs de ce fiècle, & de la vérité dans les caractères.

Le neuvième volume eft terminé par la mort d'Adam, Tragédie en trois Actes de M. Klopstock. Nous avons lu cette Pièce originale avec le plus grand intérêt. Il en fort, pour ainfi dire, un fentiment religieux. Il n'y a, à proprement parler, qu'une feule fituation; mais elle eft graduée, mais elle eft variée, autant qu'elle peut l'être, par de grandes & touchantes idées.

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L'Auteur a pris pour fujet les approches de la mort d'Adam; qui lui eft annoncée par l'Ange exterminateur, dès le commencement de la Pièce, & même dès l'avantfcène; les détails de fon agonie en font le nœud, & fa mort la catastrophe.

On fent que l'idée de la mort, image avec laquelle on étoit fi peu familiarifé à l'époque qu'a choifie l'Auteur, doit caufer à fes perfonnages, des impreffions peu communes, & leur infpirer des idées nouvelles; ces deux conditions impofées par le fujet, fe trouvent parfaitement remplies.

Le jour que l'Auteur a pris pour faire mourir Adam, celui-ci a perdu le plus jeune de fes fils, qu'il retrouve avant d'expirer; il doit marier une de fes filles; & trois femmes de fes fils viennent lui apporter leurs nouveaux nés. Ce groupe d'incidens eft bien

choifi, & fert beaucoup à l'intérêt du fujet principal.

Mais une idée grande, terrible, & qui amène une belle fcène, c'est l'arrivée de Cain, qui, pourfuivi, égaré par les remords, vient maudire fon malheureux père, au moment de fon agonie.

Il y a dans la bouche de la jeune Sélima, fille d'Adam, des traits charmans de naïveté, tels que le mouvement de fenfibilité qui lui fait dire à Adam : Mon père, ne meurs pas.

L'Ange a prédit à Adam qu'il expirera au moment où le foleil fe cacherà derrière la montagne des Cèdres. La manière dont Adam & fon fils Seth fvivent des yeux la marche du foleil, eft d'un grand pathétique ; à tout moment le père demande à fon fils fi le foleil eft prêt à fe cacher; tous deux mefurent, pour ainsi dire, chaque pas qu'il fait vers la montagne.

Adams'affoiblit avant d'expirer; il éprouve toutes les gradations de la mort, les fens s'affoibliffent, il perd la vue, l'ouïe; & enfin il expire en béniffant fa famille prosternée à fes genoux.

Voici encore une Tragédie de Leffing, Miff Sara Sompfon. Les Ouvrages de Lefling font eftimés en Allemagne ; & nous les croyons eftimables par tout. Cet Auteur paroît connoître les Théatres anciens & les Théatres étrangers; il paroît familier avec Ariftote; il eft inftruit de ce que

nous appelons les règles du Théatre; il peut les méprifer, il ne les ignore pas. Voyons, par l'examen de cette Tragédie comme nous l'avons déjà fait à l'égard de quelques autres Ouvrages du même Auteur, yoyons jufqu'à quel point fon érudition a tourné au profit de fon talent.

Mellefont a quitté la méprifable Marvood, fa maîtreffe, pour la jeune & fenfible Sara, qu'il a enlevée de la maifon paternelle. C'eft la vengeance de la fcélérate Marvood qui fait le fujet de la Pièce. Son amant, qu'elle. engage à venir chez elle, lui permet d'aller voir fa chère Sara fous un nom emprunté & elle profie d'une occafion qu'offre le hafard, por couler du poifon dans une potion cordiale, qui fait périr fon intéreffante rivale.

Il eft clair que c'eft cette vifite de Marvood qui forme le neud, & qui produit le dénouement de cette Tragédie. On va voir fi certe vifite a la moindre vraifemblance. C'eft après une fcène de fureur, dans laquelle Mellefont arrache à Marvood un poignard qu'elle avoit caché pourl'affaffiner; c'eft après cette fcène, ou plutôt dans la même fcène, que Mellefont lui permet de bonne foi de venir voir fa maîtreffe; a cette Marvood qu'il fait être pleine derage, & qu'il vient de reconnoître capable de la plus noire trahifon. C'eft ce qu'on peut imaginer de plus contraire à la vraifemblance & au fens commun

Le Lecteur s'attend. que cette vifite, fi mal motivée, produira au moins de grandes & belles chofes ; & il n'en réfulte pendant long-temps que des fcènes dans lesquelles Marvood emploie le moyen vulgaire de deffervir fon amant dans l'efprit de fa rivale. Elle fe venge, il eft vrai; elle finit par empoifonner Sara; mais c'eft par hafard; cette action ne tient pas à fes combinaifons, n'eft point le réfultat de fon plan. Elle s'oublie, elle s'emporte, fe fait connoître, infpire à fa rivale une terreur affez forte pour la faire tomber à fes pieds & s'y trouver mal; & comme on travaille à la faire revenir, Marvood verfe du poifon dans la potion qu'on lui fait prendre. Encore fi elle avoit prévu, médité cet affreux inci dent; mais au contraire, il n'arrive que parce qu'elle n'a pas fu fe poffeder; c'està-dire, parce qu'elle n'a pas foutenu fon caractère. Ce n'eft pas ainfi qu'il falloit peindre une Marvood.

Ce n'eft pas qu'il n'y ait dans cette Tragédie, de très beaux détails, des momens d'intérêt, fur tout au dénouement. Mais ce font trop fouvent des fentimens exagérés, qui refroidiffent l'intérêt & détruifent l'illufion. En général, c'eft un reproche qu'il mérite dans tous fes Cuyrages. Son Dialogue manque trop de naturel. Dans une tirade de douze vers

ou de douze lignes, s'il y en a quatre qui conviennent au perfonnage, dans tout le refte on croit entendre parler l'Auteur.

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