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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

NOUVEAU Théatre Allemand, par MM. FRIEDEL & DE BONNEVILLE. Prix, pour les 12 Volumes, 48 liv. port franc par la Pofte. A Paris, chez Royez, Lib.. quai des Auguflins (1).

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N ous avons rendu compte fucceffivement des fix premiers volumes de ce Théatre; nous allons jeter un coup d'œil fur les fix derniers. Nous ne pourrons nous arrêter long-temps fur chacune des Pièces qu'ils renferment; mais ce coup d'œil, quoique rapide, ne fera peut-être pas inutile aux amateurs de l'art dramatique. Les talens s'éclairent par la comparaifon; & c'eft fur-tour par l'examen des productions étrangères qu'on apprend ou à se méfier des préjugés nationaux, ou à fe confirmer dans les bons principes qu'on a adoptés. La première Pièce du feptième volume

(1) C'eft chez le même Libraire qu'on trouve le Choix de petits Romans, par M. de Bonneville, vol. in-12, dans lequel fe trouve l'Anecdote originale du Roman de Caroline.

eft une Tragédie de Leffing, intitulée Nathan le Sage. Cet Ouvrage eft d'un genre très fingulier. Le fujet eft un Juif riche, bienfaisant & philofophe, qui ayant recueilli une orpheline Chrétienne, l'a élevée fous le nom de fa fille; qui ne l'a pas inftruite dans la Religion Judaïque, mais à qui on fait un crime, dans la fuite, de ne l'avoir pas élevée dans les principes du Chriftianifme. Le Patriarche de Jérufalem, des Derviches, des Tem-. pliers, des Moines, mis en oppofition avec la philofophie de Nathan, donnent lieu à des difcuffions peu dramatiques mais curieufes. L'Auteur n'avoit pas deftiné, dit-on, cet Ouvrage au Théatre; fon but étoit de répondre à fes ennemis fanatiques, & de fe caractérifer lui-même par le perfonnage de Nathan. Alors il faut convenir au moins qu'il y avoit peu de modeftie à intituler fa Pièce Nathan le Sage.

Quoi qu'il en foit, il y a dans cet Ouvrage des mots fublimes, des vérités hardies; & la lecture en eft attachante.

Cette Tragédie eft fuivie d'une autre du même Auteur; elle est intitulée Philotas ; elle n'a qu'un acte, quatre perfonnages; & en voici le fujet.

Un jeune Prince paffionné pour la guerre, cft fait prifonnier; fon père en meme temps faifoit prifonnier le fils du Roi, dans les fers de qui il vient de tember

Philotas fe dit à lui-même : Mon père, au moment de la paix, fe trouvant le maître du fils de fon ennemi, pourroit lui faire la loi, s'il n'avoit pas à m'échanger moimême. D'après cela, il forme & exécute un projet auquel on ne s'attend guère; ilfe tue.

Et voilà le fujet que Leffing a choifi pour en faire une Tragédie! Quelle action à mettre au Théatre! La belle réfolution que celle de Philotas! Un fils qui fe tue pour faire gagner quelque chofe à fon père dans le traité de paix! qui n'eft arrêté ni par le regret de le quitter, ni par le chagrin qu'il va lui caufer par fa mort! Leffing, qui, comme nous le verrons bientôt, a cru devoir s'ériger en Légiflateur dramatique auroit bien dû s'interdire des fujets fi hors de nature.

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Voici en peu de mots le fujet d'Elfride, Tragédie de M. Bertuch. Edgar, Roi d'Angleterre, a eu le projet d'époufer Elfride. Il envoie, pour favoir fi elle est belle, un de fes courtifans, le Comte Atelwold, qui étant devenu amoureux de la jeune perfonne, trompe le Roi fur fa beauté, & l'époufe lui-même. Le Roi excité par un ennemi du Comte, va voir la femme de ce dernier qui la tient cachée dans une de fes terres, eft frappé de fa beauté, fe bat contre l'époux, le tue, & offre fa main à la Comteffe, qui fe tue ausli de désespoir.

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ya dans cette Pièce des momens d'énergie, & de très beaux mouvemens de paffion; mais il y a des détails qui révolteroient fur nos Théatres; notamment la fcène cinquième du troisième acte. Le Roi a tué le mari d'Elfride; le père d'Elfride auroit voulu en épargner la peine au Roi; & c'eft fur le cadavre de fon mari qu'on vient chercher Elfride, pour lui parler de l'amour du Roi, de l'affaffin ! & fon père la menace brutalement ! En vérité, il nous femble que chez toutes les Nations, fans avoir un goût bien rigoureux, on doit être indigné de pareils tableaux.

Un trait de Gustave Adolphe, que M. le Baron de Dalberg avoit lu dans le Journal Encyclopédique, lui donna l'idée de fon Drame de Walwais & Adélaïde, qui fe trouve dans le huitième volume.

Walwais, jeune homme fans naiffance & fans fortune, élevé chez le Comte de Brahe, a pris de l'amour pour fa fœur Adélaïde; mais fans ofer fe déclarer, il s'enfuit, & retourne dans fon village auprès de fon père. Le Roi l'ayant rencontré & entretenu par hafard, eft charmé de fes difcours, en fait fur le champ fon ami, & l'emmène à fa Cour. Le Roi met, fans le favoir, l'amitié de Walwais à une terrible épreuve; il le charge d'aller le propofer pour époux à Adélaïde, dont il est auffi ainoureux. Walwais, toujours plein de fa paflion, fe facrifie à fon devoir,

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exhorte fa maîtreffe à époufer le Roi; mais il s'enfuit pour n'en être pas le témoin, & renonce à fa fortune. Tandis qu'il facrifie fon amour, on l'accufe d'avoir trahi celui du Roi, qui d'abord fe livre à fa colère & à fa jaloufie, mais qui apprenant enfuite fon innocence, immole fes propres fentimens, & a le courage de Punir à Adélaïde..

Commençons par rappeler ici, qu'en fait d'Ouvrages dramatiques, dire, cela eft arrivé, ce n'eft pas dire effentiellement, cela eft bien; parce qu'au Théatre il s'agit, non de la vérité, mais de la vraisemblance.

L'amitié du Roi pour Walwais eft trop prompte, n'eft pas affez préparée. Ce défaut eft bien plus en évidence dans une Pièce dramatique, que dans un Conte ou dans une Hiftoire, parce qu'au Théatre on a bien moins le temps de développer les motifs, de graduer la marche d'une pareille intimité. Dès la première converfation, le Roi dit à Walwais qu'il le choifit pour fon ami. Il femble lui accorder ce titre, comme il fui donneroit une des charges de fa Cour; mais les talens néceffaires pour exercer l'office d'ami, ne fe mettent pas en évidence dans une feule converfation; & Guftave n'eft pas ici dans une fituation à juftifier de pareils im-promptus de confiance. Un Prince qui fe trouveroit dans un morgent critique pour les Etats, qui auroit befoin d'un homme extraordinaire pour conjurer

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