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ques, & des obfervations céleftes; & s'il étoit permis d'emprunter ici le langage des Poëtes, on pourroit dire que la fcience des tems & celle des lieux, font filles de l'Aftronomie & de l'Hiftoire.

Un des principaux fruits de l'étude des Empires & de leurs révolutions, est d'examiner comment les hommes, féparés pour ainfi dire en plufieurs grandes familles, ont formé diverfes fociétés; comment ces différentes fociétés ont donné naiffance aux différentes efpeces de gouvernemens: comment elles ont cherché à fe diftinguer les unes des autres, tant par les loix qu'elles fe font données, que par les fignes particuliers que chacune à imaginés pour que fes membres communiquaffent plus facilement entr'eux. Telle eft la fource de cette diverfité de langues & de loix, qui eft devenue pour notre malheur un objet confidérable d'étude. Telle eft encore l'origne de la Politique, efpece de morale d'un genre particulier & fupérieur, à laquelle les principes de la morale ordinaire ne peuvent quelquefois s'accommoder qu'avec beaucoup de fineffe, & qui pénétrant dans

les refforts principaux du gouverne ment des Etats, démêle ce qui peut les conferver, les affoiblir ou les détruire.: Etude peut-être la plus difficile de toutes, par les connoiffances qu'elle exige qu'on ait fur les peuples & fur les hommes, & par l'étendue & la variété des talens qu'elle fuppofe, fur-tout quand le Politique ne veut point oublier que la loi naturelle, antérieure à toutes les conventions particulieres, eft auffi la premiere loi des Peuples, & que pour être homme d'Etat, on ne doit point ceffer d'être homme..

Voilà les branches principales de cettepartie de la connoiffance humaine, qui confifte, ou dans les idées directes que nous avons reçues par les fens, ou dans. la combinaison & la comparaifon de ces idées; combinaison qu'en général on appelle Philofophie, Ces branches fe fubdivifent en une infinité d'autres dont l'énumération feroit immenfe, & appartient plus à l'Encyclopédie même qu'à fa Préface

La premiere opération de la réflexion, confiftant à rapprocher & à unir les notions directes, nous avons dû commencer dans ce Difcours par

envifager la réflexion de ce côté-là, &. parcourir les différentes fciences, qui en réfultent. Mais les notions formées par la combinaison des idées primitives ne font pas les feules dont notre efprit. foit capable. Il est une autre espece de connoiffances réfléchies, dont nous devons maintenant parler. Elles confiftent dans les idées que nous nous formons à nous-mêmes, en imaginant & en compofant des êtres femblables à ceux qui font l'objet de nos idées directes. C'eft ce qu'on appelle l'imitation de la Nature fi connue & fi recommandée par les anciens. Comme les idées directes qui nous frappent le plus vivement, font celles dont nous confervons le plus aifément le fouvenir, ce font auffi celles que nous cherchons le plus à réveiller en nous par l'imitation de leurs objets. Si les objets agréables nous frappent. plus, étant réels que fimplement représentés, ce qu'ils perdent d'agrément en ce dernier cas, eft en quelque maniere.compenfé par celui qui réfulte du plaifir de l'imitation. A l'égard des objets qui n'exciteroient, étant réels, que des fentimens triftes, tumultueux, leur

imitation eft plus agréable que les objets mêmes, parce qu'elle nous place à cette jufte diftance où nous éprouvons le plaifir de l'émotion fans en reffentir le défordre. C'eft dans cette imitation des objets capables d'exciter en nous des fentimens vifs ou agréables, de quelque nature qu'ils foient, que confifte en général l'imitation de la belle Nature, fur laquelle tant d'Auteurs ont écrit fans en donner d'idée nette; foit parce que la belle Nature ne fe démêle que par un fentiment exquis, foit auffi par ce que dans cette matiere les limites qui diftinguent l'arbitraire du vrai ne font pas encore bien fixées, & laiffent quelque efpace libre à l'opinion.

A la tête des connoiffances qui confiftent dans l'imitation, doivent être placées la Peinture & la Sculpture, parce que ce font celles de toutes où l'imitation approche le plus des objets qu'elle repréfente, & parle le plus directement aux fens. On peut y joindre cet art, né de la néceffité & perfectionné par le luxe, l'Architecture qui, s'étant élevée par degrés des chaumieres aux palais, n'eft aux yeux du Philofophe, fi on peut parler ainfi, que le

mafque embelli d'un de nos plus grands befoins. L'imitation de la belle Nature y eft moins frappante & plus refferrée que dans les deux autres Arts dont nous venons de parler; ceux-ci expriment indifféremment & fans reftriction toutes les parties de la belle Nature, & la repréfentent telle qu'elle eft, uniforme ou variée; l'Architecture au contraire fe borne à imiter par l'affemblage & l'union des différens corps qu'elle emploie, l'arrangement fymmétrique que la nature observe plus ou moins fenfiblement dans chaque individu, & qui contrafte fi bien avec la belle variété du tout ensemble.

La Poéfie qui vient après la Peinture & la Sculpture, & qui n'emploie pour l'imitation que les mots difpofés fuivant une harmonie agréable à l'oreille, parle plutôt à l'imagination qu'aux fens; elle lui repréfente d'une maniere vive & touchante les objets qui compofent cet Univers, & femble plutôt les créer que les peindre, par la chaleur, le mouvement, & la vie qu'elle fait leur donner. Enfin la Mufique, qui parle ă la fois à l'imagination & aux fens, tient le dernier rang dans l'ordre de l'imita

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