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toujours le moins trompés, ont tou jours été ceux qui ont fait le moins de fyllogifmes; & que la forme fyllogiftique n'eft guere plus néceffaire à un bon raifonnement que le nom de théorême à une véritable démonftration. L'étalage en tout genre eft une preuve d'opulence au moins très-équivoque & fouvent une marque beaucoup plus fure d'indigence.

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DANS l'art de conjecturer on peut

diftinguer trois branches. La premiere qui a été long-temps la feule, & qui n'a même commencé à être cultivée que depuis environ un fiecle, eft ce que les Mathématiciens appellent l'analyse des probabilités dans les jeux de hafard. Elle eft foumise à des regles connues & certaines ou du moins regardées comme telles par les Mathématiciens; car je crois avoir montré ailleurs (a) que les principes de cette fcience peuvent encore laiffer quelque chofe à défirer à certains égards, & je l'ai prouvé par des queftions même dont la folution feroit illufoire de l'aveu des plus célebres Analystes, fi on s'en tenoit aux regles ordinaires pour résoudre ce genre de questions.

(a) Voyez dans ce volume l'Ecrit fur le calcul des probabilités à la fuite de ces Eclairciffemens.

La feconde branche eft l'extenfion qu'on a faite de l'analyfe des probabilités dans les jeux de hafard, à différentes questions relatives à la vie commune, comme celles qui ont rapport à la durée de la vie des hommes prix des rentes viageres, aux affurances maritimes, à l'inoculation (b) & autres objets femblables. Elles different des questions fur les jeux de hafard, en ce que dans celles-ci, les regles des combinaisons Mathématiques fuffifent au moins prefque toujours) pour déterminer le nombre & le rapport des cas poffibles; au lieu que dans celles-là, l'expérience & l'obfervation feule peuvent nous inftruire du nombre de ces cas, & ne nous en instruifent qu'à peu près.

Néanmoins dans cette feconde bran-che même de l'art de conjecturer, le calcul mathématique eft encore applicable; l'incertitude, s'il y en a, ne tombe que fur les faits qui fervent de principes; ces faits fuppofés, les conféquences font hors d'atteinte.

Il n'en eft pas ainfi d'une troifieme

(b) Voyez dans çe volume les Réflexions fur l'inotulation.

branche de l'art de conjecturer, dans laquelle même confifte réellement cet art proprement dit; car les deux premieres branches n'y appartiennent que d'une maniere impropre, parce qu'elles ont pour base, ou des principes certains, ou des faits qui le font à peu près, & une méthode fure de raifonner d'après ces principes & ces faits.

Cette troifieme branche a pour objet les fciences dans lefquelles il eft rare ou impoffible de parvenir à la démonstration, & dans lesquelles cependant l'art de conjecturer eft néceffaire.

Il faut diftinguer ces fciences en fpéculatives & en pratiques. Les premieres peuvent fe réduire à la Phyfique & à l'Hiftoire, les autres à la. Médecine, à la Jurifprudence & à la fcience du monde ; j'entends ici par la Science du monde, l'art de fe conduire avec les hommes pour tirer de leur commerce le plus grand avantage poffible, fans s'écarter néanmoins des obligations que la morale impofe à leur égard.

Parcourons fucceffivement ces différentes fciences, & voyons, dans. chacune en quoi confifte l'art de con

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jecturer, relativement à leurs différens objets.

En Phyfique l'art de conjecturer peut avoir pour but, ou de trouver la caufe des faits que l'expérience & l'obfervation nous découvrent, ou de nous conduire à la découverte de nouveaux faits qui ajoutent quelques degrés de perfection aux connoiffances que nous avons fur les phénomenes de la nature. C'eft en remplifiant ce dernier objet que l'art de conjecturer en Phyfique peut avoir l'utilité la plus réelle & la plus fenfible. On fera d'autant plus en état d'y parvenir, qu'on aura une connoiffance plus étendue des faits déjà découverts. En rapprochant les uns des autres ceux de ces faits qui ont entr'eux quelque chofe de commun, quelque analogie plus ou moins facile à appercevoir, on en vient à foupçonner les phénomenes qui pourroient résulter de quelque combinaison nouvelle ; & la conjecture fe change en démonftration, quand l'expérience confirme ce qu'on avoit foupçonné.

Il femble que cet art de conjecturer dans la Physique devroit en étendre très-rapidement les bornes. La multi

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