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dire, & l'affranchi en l'accablant d'injures groffieres.

Alors elle vit qu'elle étoit perdue, & prit le fer, qu'elle approcha en tremblant & en vain, d'abord de fa gorge, enfuite de fa poitrine, où le Tribun l'enfonça. On laiffa fon corps à fa mere. Claude étoit encore à table, lorsqu'on lui apprit que Meffaline étoit morte, fans lui dire fi c'étoit de fa main ou de celle d'un autre; il ne s'en informa point, demanda à boire, & acheva à Î'ordinaire fon repas. Dans les jours fuivans, ni la gaieté des accufateurs, ni les pleurs de fes enfans ne lui arracherent aucun figne de haine, de joie, de colere, d'affliction, enfin de quelque fentiment que ce fût.

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Beau mot d'un Roi prifonnier.

ITHRIDATE() livré par les fiens fut conduit à Rome par Junius Cilo, Intendant de Pont: il parla à Claude avec une fierté au-deffus de fon malheur. On l'entendit lui dire publiquement; on ne m'a pas renvoyé à toi, mais j'y fuis revenu; fi tu ne le crois pas,

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batur. Elataque vox ejus in vulgum bifce verbis; Non fum remiffus ad te, fed reverfus; vel fi non credis, dimitte & quære. Vultu quoque interrito permanfit, cùm roftra juxtà, cuftodibus circumdatus, vifui populo præberetur.

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EMO adeò expers mifericordiæ fuit, quem non Britannici fortunæ mæror afficeret; defolatus paulatim etiam fervi libus minifteriis, per intempeftiva noverca officia, in ludibria vertebat, intelligens falfi; neque enim fegnem ei fuiffe indolem ferunt; five verum; feu periculis commendatus retinuit famam fine experi

mento.

(a) Agrippine, fille de Germanicus & femme de Claude, après la mort de Meffaline, avoit fait adopter Néron ton fils par l'Empereur au préjudice de Britannicus, héritier légitime de l'Empire.

ANN.

renvoye-moi, & cherche-moi. Il conferva auffi un vifage intrépide, lorfqu'on le fit voir au peuple près de la Tribune aux harangues, environné de gardes.

Commencement de la difgrace de Britan nicus.

Es cœurs même les moins fenfibles à la pitié, furent touchés de la difgrace de Britannicus. (a) Sa belle-mere, pour lui ôter peu-à-peu les efclaves qui le fervoient, affectoit de lui rendre des foins dont il fentoit la fauffeté, & dont il fe moquoit lui-même: car on affure qu'il ne manquoit pas de difcernement; foit qu'en effet il en eût, foit que devenu intéreffant par fes malheurs, il eût acquis une réputation non méritée.

F

ANN. XIII. 17.

ESTINATIONEM exfequiarum edicto Cæfar defendit, id à majoribus inftitutum referens, fubtrahere oculis acerba funera, neque laudationibus, aut pompâ detinere. Ceterùm & fibi amiffo fratris auxilio, reliquas fpes in Republicâ fitas; & tantò magis fovendum Patribus Populoque Principem, qui unus fupereffet è familia fummum ad faftigium genitâ.

Exin largitione potiffimos amicorum auxit. Nec defuerunt, qui arguerent viros gravitatem affeverantes, quòd domos villafque id temporis quafi prædas divififfent. Alii neceffitatem adhibitam credebant à Principe, fceleris fibi confcio, & veniam fperante, fi largitionibus validiffimum quemque obftrinxiffet: At matris ira nullâ

muni

(b) Tout le monde fait de quelle maniere Néron fit périr Britannicus. On connoît là Tragédie de Racine fur ce fujet.

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NE

ERON fe juftifia par un Edit d'avoir hâté les funérailles de Britannicus (b); difant que c'étoit un ancien ufage d'écarter des yeux du peuple les morts tragiques, & de ne point les lui rappeller par un éloge ou par une pompe funebre; il ajoutoit qu'ayant perdu le fecours de fon frere il n'avoit plus d'efpérance que dans la République; que le Sénat & le peuple devoient redoubler d'intérêt pour un Prince, feul refte d'une maifon deftinée aux plus grands honneurs.

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Il combla enfuite de largeffes fes principaux Courtifans. Quelques-uns d'entr'eux, qui affectoient des mœurs féveres, n'éviterent pas le reproche d'avoir partagé comme des dépouilles les maifons d'un Prince empoisonné; d'autres croyoient qu'ils y avoient été forcés par l'Empereur, qui fentoit l'atrocité de fon crime, & qui espéroit le faire oublier en s'attachant les gens de bien par des préfens. Pour Agrippine, aucun don ne put l'adoucir: elle emTome III. braf

L

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