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prendroit l'Empereur par rapport à elle. Tant que Pifon eut quelque efpoir, elle déclara qu'elle fuivroit fa fortune & mourroit avec lui, s'il le falloit ; mais les prieres fecrettes de Livie ayant obtenu la grace de cette femme, elle fépara peuà-peu fa caufe de celle de fon mari. Pifon averti de fon malheur par cet abandon, douta s'il feroit un dernier effort. Encouragé par fes enfans, il ofa reparoître devant fes juges. Là ayant effuyé de nouveau l'accufation, & les difcours du Sénat irrité, il vit qu'il étoit perdu. Mais ce qui l'effraya le plus, ce fut la contenance de Tibere, également fourd à la colere & à la compaffion, & opiniâtrément fermé à toute forte de fentimens. Il retourna donc chez lui, comme pour se préparer à une nouvelle défense. fe Le lendemain à la pointe du jour on le trouva égorgé, & une épée à terre auprès de lui.

Avant que de mourir, il écrivit à l'Empereur en ces termes:,, Forcé de fuccomber aux calomnies dont mes ennemis me noirciffent, & ne pouvant faire connoître mon innocence, j'attefte les Dieux, Céfar, que je vous ai tou,, jours été fidele, ainsi qu'à votre mere. F 4

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fulatis: ex quibus Cneus Pifo qualicumque fortunæ meæ non eft adjunctus, cùm omne boc tempus in urbe egerit: M. Pifo repeteFe Syriam debortatus eft: atque utinam ego potiùs filio juveni, quàm ille patri feni ceffiffet! ed impenfius precor, ne meæ pravitatis pœnas innoxius luat. Per quinque & quadraginta annorum obfequium, per collegium Confulatus quondam divo Augufto parenti tuo probatus, & tibi amicus, nec quidquam poft has rogaturus, falutem infelicis filii rogo. De Plancinâ nihil addi.dit..

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Addiderat Meffalinus, Tiberio & Augu fla, & Antonia, & Agrippinæ, Drufoque, ob vindictam Germanici grates agendas, omiferatque Claudii mentionem; & Meffalinum quidem L. Afprenas Senatu coram percunctatus eft, an prudens præteriffet? Ac tum demum nomen Claudii adfcriptum eft. Mihi, quantò plura recentium, Jeu veterum revolvo, tantò magis ludibria rerum mortalium cunctis in negotiis obverfantur quippe fama, fpe, veneratione pa

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,, Je vous fupplie l'un & l'autre de prendre foin de mes enfans. Cn. Pifon, l'un ,, d'eux, eft innocent de mes malheurs, étant toujours refté dans Rome; & M. Pifon s'eft oppofé à mon retour ,, en Syrie. Plût aux Dieux que j'euffe ,, plutôt cédé à la jeuneffe d'un fils, que lui à la vieilleffè d'un pere! Je vous en conjure plus inftamment de ne ,, point le punir de mes fautes. Au nom quarante-cinq ans de fidélité, du Confulat dont je fus honoré autrefois avec Augufte votre pere, de l'amique vous avez eue pour moi l'un & l'autre, accordez à un fils infortuné cette grace, la derniere qu'un ,, pere vous demande". Il ne dit rien. de Plancine.

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Meffalinus propofa de remercier publiquement Tibere, Livie, Antonia & Agrippine, d'avoir vengé Germanicus; il ne parla point de Claude. L. Afprenas demanda à Meffalinus en plein Sénat s'il avoit omis Claude à deffein, & alors le nom de ce Prince fut joint aux autres. Pour moi, plus je réfléchis fur l'Histoire ancienne & moderne, plus je vois combien les chofes humaines font le jouët de la fortune, Celui qu'elle réfervoit fecret

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tement

tiùs omnes deftinabantur imperio, quàm quem futurum principem fortuna in occulto

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Is finis fuit ulcifcendâ Germanici morte, non modò apud illos homines qui tum agebant, etiam fecutis temporibus, vario rumore ja&tata; aded maxima quæque ambigua funt dum alii quoquo modo audita pro compertis babent, alii vera in contrarium vertunt; & glifcit utrumque pofteritate.

S

ANN. II. 87.

EVITIAM annona incufante plebe, ftatuit frumento pretium quod emptor penderet binofque nummos fe additurum negotiatoribus in fingulos modios. Neque tamen ob ea parentis patriæ delatum & anteà vocabulum adfumpfit, acerbèque increpuit eos, qui divinas occupationes, ipfumque Dominum dixerant. Undè angufta & lubrica oratio fub Principe, qui libertatem metuebat, adulationem oderat.

Reperio apud Scriptores Senatorefque eorumdem temporum, Adgandeftrii Princi

tement pour le trône, étoit le dernier que l'opinion, l'efpérance & l'eftime publique y auroient deftiné.

Ainfi fut vengée la mort de Germanicus, qui non feulement dans le tems, mais encore depuis, a été fi différemment racontée. Tant les faits les plus importans font douteux; les uns donnant pour certain le plus léger ouï-dire, les autres défigurant à deffein la vérité ; & la postérité croit être inftruite.

Portrait de Tibere, & mort d'Arminius

E peuple fe plaignant de la cherté

du blé, Tibere en fixa le prix pour les acheteurs, & fit donner aux vendeurs deux fefterces par boiffeau. Cependant il refufa le titre de Pere de la Patrie, qu'on lui avoit déjà déféré, & reprit durement quelques Courtifans qui l'appelloient Dieu, & fes occupations divines: tant la route même de la fervitude étoit étroite & gliffante fous un Prince qui déteftoit la flatterie & craignoit la vérité.

Je trouve dans les Hiftoriens & les Mémoires du tems, que le Sénat reçut F6 alors

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