s'intitulait lui-même modestement, tandis que Delille n'était au plus que l'abbé Virgile. Béranger, alors à ses débuts, pleura Parny par une chanson touchante et filiale; elle nous rappelle combien son essaim d'abeilles, avant de prendre le grand essor et de s'envoler dans le rayon, avait dû butiner en secret et se nourrir au sein des œuvres de l'élégiaque railleur. Il est à croire que, si l'on avait conservé quelques-unes de ces élégies toutes premières de Lamartine qui ont été jetées au feu, on aurait le lien par lequel ce successeur, trop grand pour être nommé un rival, se serait rattaché un moment à Parny. Voilà tout ce qu'il m'a été possible de ramasser et de combiner ici sur le gracieux poëte, trop longtemps oublié de nous; et je n'ai voulu autre chose, en produisant ces divers souvenirs et ces jugements, que lui apporter en définitive un hommage, de la part de ceux-là même qui eussent le moins trouvé grâce devant lui. 1er décembre 1844. APPENDICE. LEOPARDI, page 363. Je disais que j'aurais aimé à mettre en regard des poésies si senties mais si funèbres de Leopardi, et qui serrent le cœur, quelques poésies naturelles et également vraies qui le dilatent et le consolent. Les poëtes anglais, tels que William Cowper, ou ceux qu'on a compris sous le nom de Lakistes, offrent à chaque page des pièces dans ce genre moral, familier, domestique, que j'aurais voulu voir se naturaliser en France, et que j'ai tout fait à mon heure pour y introduire. Voici une de ces moindres pièces imitée de Southey, et adressée à l'un de ses amis qu'il désigne sous le nom de William, et qui était athée comme le Wolmar de la Nouvelle Héloïse, ce qui m'a fait substituer ce dernier nom. L'AUTOMNE. IMITÉ DE L'ANGLAIS, DE SOUTHEY. Non, cher Wolmar, non pas! Pour moi, l'année entière, Ne m'offre tour à tour que diverses beautés, Quand un soleil oblique y prolonge ses feux; Tu vois d'avance au loin les bois découronnés, Dans chaque arbre un squelette aux longs bras décharnés; Plus de fleurs dont l'éclat au jour s'épanouisse; Plus d'amoureux oiseaux dont le chant réjouisse; La Nature au linceul épand un vaste effroi. Pour toi quand tout est mort, ami, tout vit pour moi : Me parle, à moi, d'un temps de fête et d'allégresse, Pour toi, dans ses douceurs la mourante saison La jeunesse du cœur et la paix du vieillard. Tout, pour toi, dans ce monde est ténèbres, hasard : Crime et misère, en lui, qui se donnent la main; |