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DES

CAUSES

DE LA

RÉVOLUTION FRANÇAISE

PAR

M. A. GRANIER DE CASSAGNAC.

TOME TROISIÈME.

Deuxième édition.

BIBLIOTHECS,

Les Fontaines
60% CHAPNIL, Y

PARIS,

LIBRAIRIE DE HENRI PLON,

ANCIENNE MAISON PLON FRÈRES,

RUE GARANCIÈRE, 8.

-

1856

DES CAUSES

DE LA

RÉVOLUTION FRANÇAISE.

CHAPITRE 1.

LES DÉPUTÉS AUX ÉTATS GÉNÉRAUX VIOLENT, EN VUE DE THÉORIES ET D'INTRIGUES, LE MANDAT QUI LEUR COMMANDAIT LE MAINTIEN DE LA MONARCHIE ET DE SES FORMES.

Trois choses sont nécessaires à connaître pour comprendre et pour apprécier l'oeuvre accomplie par les Etats Généraux sous le nom qu'ils ne prirent pas, mais qui leur fut donné, d'Assemblée Constituante:

D'abord, par quels moyens et dans quel esprit furent dressés les cahiers des sénéchaussées et des bailliages?

Ensuite, quel était l'état réel de l'opinion publique au sujet des questions fondamentales qui touchaient à l'organisation du royaume?

Enfin, dans quel sens, et pour quels motifs les

députés aux Etats Généraux s'écartèrent-ils des instructions de leurs commettans?

Une solution nette de ces trois questions peut, seule, permettre de remplacer par un jugement éclairé et sérieux les opinions déclamatoires qui ont été accréditées sur l'Assemblée Constituante.

Lorsque Louis XVI fit publier, le 24 janvier 1789, le règlement pour l'exécution des lettres de convocation des Etats Généraux, il y avait juste deux années qué la France était livrée aux discussions les plus ardentes, et même les plus séditieuses. On doit donc supposer que tout l'effet qu'on pouvait espérer ou craindre de ces débats sur l'opinion publique était produit. Cependant, les chefs des différens partis qui existaient déjà, ou auxquels les troubles publics avaient donné occasion de se former, ne trouvèrent pas que ce fût assez, et ils cherchèrent à faire tourner à leur profit la prochaine réunion des Etats. Ils organisèrent donc, dans les provinces, la propagande la plus active; et, comme la liberté de presse, qui existait de fait depuis le 5 juillet, permettait d'agir sur les esprits par cette voie, ce fut principalement par des modèles de cahiers, distribués à profusion, que les meneurs essayèrent de diriger l'opinion des bailliages.

la

<< Le duc d'Orléans, le parlement de Paris et le ministre Necker, dit un témoin oculaire, avaient envoyé dans les bailliages des émissaires qui répandaient des modèles de cahiers. Tous paraissaient ne tendre qu'à consacrer les droits et le bonheur du

peuple, et, dans tous, on démêlait les vues cachées des différens partis, plus ou moins déguisées, plus ou moins révélées, selon qu'il fallait gagner ou tromper les électeurs (1). »

Ce témoignage général de M. de Ferrières sur les manoeuvres pratiquées par tous les partis, dans le but de créer d'abord, pour le diriger ensuite, l'esprit des Etats Généraux, ne saurait d'ailleurs être révoqué en doute, appuyé qu'il est par des faits positifs et en quelque sorte publics.

Ainsi, le général Dumouriez raconte qu'il fit luimême un projet de cahier pour la noblesse de Cotentin, et que le comte de Crillon avait rédigé celui de la noblesse de Beauvais (2). Mais, ce qui met le sceau à l'authenticité de ces déclarations, c'est une note de M. Talon, lieutenant civil au Châtelet, adressée au roi, saisie aux Tuileries après le 10 août, et publiée par la Convention avec les pièces justificatives de l'acte d'accusation de Louis XVI. Cette note rappelle au roi qu'il fut informé, pendant l'hiver de 1788 à 1789, des projets qu'on envoyait avec profusion dans les bailliages pour la rédaction des cahiers destinés à diriger l'esprit de l'assemblée des Etats Généraux; qu'il y eut, à ce sujet, des conférences avec M. de Montmorin, ministre des affaires étrangères, pour paralyser l'effet de cette propagande; mais que les moyens concertés dans ce but

(1) Ferrières, Mém., t. 1, p. 3.

(2) Dumouriez, Mém., t. 2, p. 29, 30.

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