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d'alentour et de l'énormité du scandale dont lui-même il pouvait dire si présentement : Pars magna... Dans un Hymne pour la Fête de la Jeunesse, qu'il composait pour le printemps de l'an VII, il faisait chanter à de jeunes garçons :

Loin de nous les leçons timides,

Loin de nous les leçons perfides

Et les vils préjugés que la France a vaincus
Levons notre tête affranchie,

Et que le printemps de la vie

S'embellisse toujours du printemps des vertus (1) !

vant, elles ne se réparaient plus. Je te suis cher encore, & Plaisir; tes bras volontiers m'enchaînent; mais, en vieillissant, ne serais-tu donc plus comme un Dieu? O toi qui fus mon seul charme renaissant, ma seule illusion constante, sois-le jamais! Cessons plutôt que de douter; mieux vaut s'arrêter à temps, mieux vaut renoncer à toi plutôt que de t'avilir! Reste pour moi le Dieu au front humide, à l'œil brillant, à la branche d'amandier. La mort habite dans mon cœur, mon deuil de toi est immense deuil sacré! il est désormais ma seule poésie!»

:

(1) Décade an vII, troisième trimestre, page 97, côte à côte avec un fragment des Quatre Métamorphoses. On a la lettre par laquelle Parny adressait sa pièce au ministre de l'intérieur, François de Neufchâteau, bonhomme de lettres, s'il en fut, qui ordonnait solennités sur solennités, lançait des circulaires en tous sens et se donnait un mouvement extraordinaire pour rendre un air de vie à cette fin de Directoire.

«Citoyen Ministre,

« Vous m'avez engagé à composer un Hymne pour la Fête de la Jeunesse. Je souhaite que celui-ci remplisse vos vues. Il conviendra aux Écoles publiques si le chant est facile à retenir, c'est-à-dire moins savant que mélodieux. Si vous désirez quelques changements, je me ferai un devoir et un plaisir de me conformer à vos intentions.

« Paris, le 22 vendémiaire an vii.

« Salut et respect.

« Évariste PARNY,

« Rue Tailbout, no 15. »

L'hymne de Parny fut, en effet, publiquement chanté le décadi

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L'illusion, on le voit, et l'oubli de l'ivresse étaient poussés un peu loin; le réveil pourtant se préparait.

Au lendemain de l'apparition de la Guerre des Dieux, une place se trouvait vacante à l'Institut; il s'agissait de remplacer Delille qui s'était obstiné, un peu tard, à émigrer. Parny arrivait sur les rangs et en première ligne; mais le délire d'imagination auquel il venait de se livrer lui fit perdre des suffrages, et l'aimable Legouvé l'emporta sur lui. Ce ne fut que quelques années après, en 1803, que Parny eut le fauteuil, en remplacement de M. Devaisnes. Sa réception, qui eut lieu le 6 nivôse an XII (28 décembre 1803), fut un événement. La séance se tint dans la salle du Louvre, et ce fut une des dernières avant la translation de l'Institut aux Quatre-Nations. La société, qui renaissait et qui obéissait déjà à tout un autre reflux d'idées, y accourut en foule et dans les dispositions d'une curiosité quelque peu malicieuse; c'était le même monde qui venait d'inaugurer le Génie du Christianisme, et tout récemment de faire le succès de la Pitié de Delille, succès qu'on peut considérer comme une revanche sociale de celui de la Guerre des Dieux. Garat, au nom de l'Institut, devait répondre à Parny, et l'on se demandait comment le philosophe se tirerait de l'endroit difficile. Parny ne put lire son discours lui-même, à cause de la faiblesse de sa voix et même d'une certaine difficulté de prononciation (1): ce fut Regnault

10 germinal, même année, à la Fête de la Jeunesse (voir le Moniteur du 14 germinal).

(1) Ce n'était une difficulté que relativement au discours pu

de Saint-Jean-d'Angély qui lui prêta son organe sonore. Le discours de Parny, très-convenable, indique le pli définitif de son esprit, une fois la première fleur envolée quelque chose de juste, de bien dit, mais d'un peu sec. Quoique le goût et la morale ne soient pas exactement la même chose, il pouvait sembler piquant de trouver si rigoriste sur le chapitre des doctrines littéraires celui qui l'avait été si peu tout à côté Quant à Garat, son discours dura trois quarts d'heure, ce qui semblait alors très-long pour un discours d'académie; il parla de beaucoup de choses, et, lorsqu'il en vint à prononcer le mot de Guerre des Dieux, l'auditoire, qui l'attendait là et qui commençait à se décourager, redoubla de silence; ce fut en vain : l'orateur sophiste. échappa à la difficulté par un vrai tour de passe-passe assez comparable à celui par lequel il avait traversé toute la révolution, en n'étant ni pour les Girondins ni pour les Jacobins, mais entre tous. Ainsi, dans cette fin de discours, il se mit à faire un magnifique éloge de la piété tendre et sensible, puis, en regard, un non moins magnifique portrait de la vraie philosophie; puis, au sortir de ce parallèle, il s'échappa dans une vigoureuse sortie contre le fanatisme qui, seul, trouble la paix si facile à établir, disait-il, entre les deux parties intéressées; s'animant de plus en plus devant cet ennemi, pour le moment du moins, imaginaire, l'orateur compara tout d'un coup le fanatique ou l'hypo

blic; Parny avait la bouche fine et mince, le contraire de l'ore rotundo.

crite à l'incendiaire Catilina lorsqu'il vint pour s'asseoir dans le sénat de Rome et que tous les sénateurs, d'un mouvement de répulsion unanime, le délaissèrent sur son banc, seul, épouvanté et furieux de sa solitude... On se retournait, on regardait de toutes parts pour chercher cet incendiaire, car il était bien évident que, dans la pensée de Garat, ce n'était point M. de Parny. Quelques honnêtes auditeurs s'y méprirent pourtant et crurent que Garat avait voulu blâmer d'une manière couverte le récipiendaire. La Decade, dans son article du 10 nivôse (an XII), s'attacha à rétablir le fil des idées que les malveillants, disait-on, avaient tâché d'embrouiller. Mais on avait devant soi des adversaires mieux en état de riposter qu'en l'an VII. M. de Feletz, dans un de ces articles ironiques du Journal des Dėbats comme il les savait faire, disait : « M. Garat vou<< lait parler à M. de Parny de son poëme honteuse«ment célèbre de la Guerre des Dieux. En a-t-il fait « l'éloge? en a-t-il fait la censure? Tel a été son entor<< tillage, que ce point a paru problématique à quelques « personnes; mais ce doute seul déciderait la question, << et prouverait que M. Garat applaudit au poëme (1)...... » Comme on était alors dans tout le feu du projet de descente en Angleterre, Fontanes termina la séance par la lecture d'un chant de guerre contre les Anglais, mêlé de chœurs et dialogué, avec musique de Paisiello. Aux environs de ce moment, Parny faisait écho aux mêmes passions patriotiques, en publiant son poëme

(1) Mélanges de M. de Feletz, t. Ill, p. 519.

de Goddam! dont le sujet n'est autre que cette descente en Angleterre, la parodie de la vieille lutte de Harold et de Guillaume. Tout cela est d'un esprit peu étendu, trop peu élevé, d'un talent facile toujours et parfois encore gracieux. Les amis, du reste, ne cherchaient point à dissimuler les défauts de cette œuvre de circonstance, et les ennemis commençaient à dire que M. de Parny, qui avait si bien chanté les amours, avait un talent moins décidé pour chanter les guerres (1). J'ai hâte de sortir de cette triste période et de cette critique ingrate pour retrouver le Parny que nous avons droit d'aimer. On le retrouvait déjà dans le petit poëme d'Isnel et Aslega qui parut d'abord en un chant (1802) et que l'auteur développa plus tard en quatre. Cette douce et pure esquisse, ou plutôt ce pastel, aujourd'hui fort pâli, s'offrait en naissant avec bien de la fraîcheur et dans toute la nouveauté de ces teintes d'Ossian, que l'imitation en vers de Baour-Lormian venait de remettre à la mode.

Dans cette même édition de ses OEuvres diverses (1802) où se lisait la première version d'Isnel et Aslėga,

(1) Il avait surtout prouvé ce peu d'aptitude à chanter, comme dit Anacréon, Cadmus et les Atrides, par un certain dithyrambe sur le vaisseau le Vengeur (Almanach des Muses, année 1795); ce dithyrambe est certainement la chose la plus platement prosaïque qui se puisse imaginer. On conçoit que Le Brun, qui prenait ici une revanche éclatante sur son vainqueur en élégie, ait pu dire un jour, dans un éloge un peu épigrammatique :

Parny, demi-Tibulle, écrivit mollement

Des vers inspirés par les Grâces

Et dictés par le sentiment.

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