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nouvelle, suivie d'un radieux soleil; et il ajoutait : « Mais la vie mortelle, du moment que la belle jeunesse a disparu, ne se colore plus jamais d'une autre lumière ni d'une autre aurore; elle est veuve jusqu'à la fin, et, à cette nuit qui obscurcit tous les autres âges, les Dieux n'ont mis pour terme que le tombeau. »

Ma la vita mortal, poi che la bella
Giovinezza sparì, non si colora
D'altra luce giammai, nè d' altra aurora.
Vedova è insino al fine; ed alla notte
Che l'altre etadi oscura,

Segno poser gli Dei la sepoltura (1).

Ce sont ces derniers vers qu'il venait précisément de transcrire peu d'heures avant sa mort. Par les soins

de son admirable ami, au milieu de toutes les difficultés d'une ville comme Naples livrée au choléra, il fut transporté dans la petite église de San Vitale, hors de la grotte du Pausilippe, et là, dans ces beaux lieux. où cesse la douleur, il repose non loin de Sannazar et de Virgile. Depuis ce temps, Ranieri prépare l'édition complète des œuvres, qui a subi tous les retards ordinaires en ces contrées de lenteur et d'entraves; mais nous espérons que l'entreprise pieuse aura son issue.

Que si, nous-même, il nous a été possible en ce moment de payer un tribut, bien tardif, à la mémoire d'un si grand esprit, d'un si vrai poëte, nous le devons

(1) Se rappeler Horace, ode VII, livre iv :

Damna tamen celeres reparant cœlestia lunæ;
Nos ubi decidimus, etc., etc.

à cet autre ami de Leopardi, déjà cité plus d'une fois, et qui nous en a donné l'idée en même temps que le secours; si nous avons eu l'honneur de verser un tombeau, comme disaient les Grecs, sur cette noble victime du sort, il ne serait que juste d'inscrire sur la petite colonne du monument le nom de M. de Sinner autant que le nôtre.

13 septembre 1844.

(L'édition que nous appelions de nos vœux a paru à Florence, en 1845, chez Félix Le Monnier. Deux volumes, publiés par Ranieri, contiennent les poésies, les œuvres morales au complet, augmentées de plusieurs dialogues et de pensées inédites, et quelques traductions. Un troisième volume, publié par MM. Pellegrini et Giordani, renferme les études philologiques; ces derniers éditeurs, en voulant bien tenir compte de notre travail sur Leopardi et le mentionner avec indulgence, nous ont accordé le plus précieux des suffrages, celui qui pouvait nous flatter le plus, comme sortant de la patrie du poëte et venant de nos vrais juges.)

PARNY.

Nihil ficta severitate ineptius.

PÉTRONE.

Ce serait vraiment une trop sotte pruderie que celle qui m'empêcherait d'oser parler à ma guise d'un charmant poëte qui a eu, en son temps, de très-vives lé gèretés et de graves torts, mais qui a occupé une grande place dans la littérature de son siècle et du commencement du nôtre, dont les élégies ont été réputées classiques en naissant, que les plumes les plus sérieuses ont longtemps salué le premier des modernes en ce genre, et dont la mort a été pleurée par nos plus chers lyriques comme celle d'un Anacréon. J'ai autrefois parlé de Millevoye, et il m'est arrivé même d'écrire sur Léonard; oublier après eux, ou bien omettre tout exprès Parny, c'est-à-dire le maître, ce serait dureté et injustice. Plusieurs questions intéressantes et sur le goût et sur la morale sociale se rattachent, d'ailleurs, de très-près aux variations de sa renommée, et peuvent relever, agrandir même un sujet qui semblerait périlleux par trop de grâce.

Les très-nombreuses notices biographiques consa

crées au poëte, notamment celle de M. de Jouy, son successeur à l'Académie, de M. Tissot, son éditeur (1827) et son ami, laissent peu à désirer; nous y puiserons et aussi nous y renverrons pour plus d'un détail, en y ajoutant seulement en deux ou trois points. ÉvaristeDésiré De Forges (1) de Parny naquit, comme on sait, à l'île Bourbon, le 6 février 1753. Ce fut probablement, nous dit-on, la petite ville de Saint-Paul qui lui donna naissance; depuis nombre d'années, la famille des Parny a été connue à Bourbon pour habiter ce quartier, et il est à présumer que c'est de ce centre que, par la suite, elle a rayonné sur les divers autres quartiers de l'île, tels que Saint-Denis, Sainte-Marie, où se trouvent maintenant des personnes du même nom et de la même origine. « Dans un voyage que je fis à Saint<«< Paul, nous écrit un élégant et fidèle narrateur, j'allai << visiter l'ancienne habitation du marquis de Parny, « père du poëte; elle appartient aujourd'hui à M. J. Le« fort. Ce devait être dans le temps une maison de « plaisance dans le goût français du xvme siècle. Ados«<sée à la montagne du Bernica, cette propriété con<«< serve encore un petit bois étagé sur les flancs de la « montée, ses plates-formes en amphithéâtre, quelques << restes de canaux et de petits jets d'eau, curiosités de « l'époque; elle domine fort agréablement la plaine

(1) Ou De Forge, et non pas Desforges, comme le donnent toutes les biographies. M. Ravenel a pris la peine de relever, dans les Archives de l'Hôtel de Ville, ce nom exact de Parny tel qu'il résulte de l'acte de décès du 5 décembre 1814, et aussi de l'acte de mariage du neveu de Parny avec Mlle Contat.

« dite de l'Étang, couverte de rizières et coupée d'ir<< rigations; ces filets d'irrigation, après avoir fait leurs « tours et détours, se rejoignent en nappe étendue à « l'entrée de la ville (du côté de la Possession), et vont « se jeter à la mer, à une lieue et demie environ de la « ravine du Bernica. On appelle ainsi la gorge étroite « et pittoresque formée par la montagne qui domine << l'habitation: c'est un des sites les plus charmants de «<l'île. Bernardin y eût sans doute bâti de préférence « la cabane de Virginie, si un heureux hasard l'avait << tout d'abord porté en ce beau lieu, et l'île de France « n'aurait pas tant à vanter ses Pamplemousses. Après les « trois premiers petits bassins qu'on rencontre à l'entrée << de la colline, si l'on persiste et qu'on pénètre à travers <«<les plis de plus en plus étroits de la montagne, on « arrive à un bassin parfaitement circulaire, bien plus « vaste, d'une eau claire et profonde, réservoir ali« menté sans doute par des sources cachées et de << toutes parts entouré de rochers escarpés et nus, du « haut desquels tombe la cascade dite du Bernica. « Ces masses rocheuses, d'un aspect sévère, sont ani«mées seulement du vol des ramiers sauvages qui s'y << sont retirés; les chasseurs y arrivent rarement et «< avec assez de peine. »

Voilà un beau cadre, nous dira-t-on, un cadre grandiose, et que Parny ne saura pas remplir; car, s'il eut en lui du ramier, ce ne fut certes pas du ramier sauvage, et son vol ne s'éleva jamais si haut; on peut douter que, dans sa paresse, il ait songé à gravir au delà des trois petits bassins. Quoi qu'il en soit, et

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