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Voyez-vous quelquefois Villers? que devient-il? je l'ai trouvé fort aimable à Metz. Si vous avez le bon mouvement de m'écrire, c'est chez M. Schickler, banquier à Berlin, qu'il faut m'adresser votre lettre. Mille amitiés. »

Durant toute cette relation amicale, comme dans la plupart de celles même qui lui étaient le plus chères, on peut le remarquer, Fauriel, occupé au travail, enchaîné par les habitudes, et plus fidèle qu'actif aux souvenirs, Fauriel écrivait peu et laissait bientôt tomber, sans le vouloir, une des extrémités de la chaîne que l'autre correspondant, à son tour, finissait par ne plus soutenir que faiblement. Il revit plus tard Mine de Staël à Acosta (1806) lorsqu'elle y terminait Corinne; la Maisonnette, cette habitation de Mme de Condorcet, était dans le voisinage. Les entretiens de près reprirent avec vivacité, avec abondance. Est-ce là, était-ce à Paris, à une époque antérieure, qu'eurent lieu certains déjeuners en tiers avec Frédéric Schlegel? car Mme de Staël se plaisait à les mettre aux prises sur l'Allemagne, Fauriel et lui, les faisant jouter bon gré mal gré sous ses yeux. Mais ce constater, c'est que, bien jeune et dès 1800, Fauriel eut, l'un des premiers, sur Mme de Staël une action intellectuelle. Même avant les deux Schlegel, avant Guillaume de Humboldt, ou du moins en même temps qu'eux, il eut l'honneur d'influer sur ce grand et libre esprit, de l'assister de sa science, et de lui faire pressentir quelques-unes des directions où, une fois lancé, son talent plein d'âme devait ouvrir des sillons si lumineux.

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Fauriel eut également, dès l'origine, d'étroits rapports avec Benjamin Constant, des rapports littéraires. et autres, et les preuves de cette liaison particulière sont trop marquantes pour que nous puissions entièrement les négliger ici. Il eut l'occasion de rendre à Benjamin Constant un important service dans l'été et l'automne de 1802. Benjamin Constant, très en vue par son opposition au sein du Tribunat, était parti brusquement de Paris en floréal an x (mai 1802), accompagnant ou suivant de très-près Mme de Staël et son mari mortellement malade. Ce départ avait été imputé à des motifs politiques; le Premier Consul était trèsindisposé contre Constant, et, un jour que Fouché avait rencontré Fauriel, le ministre lui avait fait entendre que son ami, puisqu'il était parti, ferait aussi bien de ne pas revenir, s'il ne voulait s'exposer à de graves inconvénients. L'avis fut aussitôt transmis par Fauriel à Benjamin Constant, alors en Suisse, et de là toute une négociation à mots couverts, qui montre à quel point le secret des lettres et la liberté individuelle étaient peu respectés à cette époque glorieuse. Benjamin Constant brûlait de revenir en France depuis qu'on lui en contestait la permission; il voulait revenir, sinon à Paris, du moins à sa campagne de Luzarche, où des affaires d'intérêt l'appelaient. Il soupçonnait Fouché d'exagérer le mécontement du Consul, et les raisons qu'il donnait à l'appui de sa conjecture sont caractéristiques des hommes et du moment. De tels détails touchent d'assez près au Suétone; mais un biographe a droit d'en

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trer dans quelques-unes de ces coulisses que s'interdit l'historien:

« J'ai de fortes raisons de penser, écrivait Benjamin Constant, que toute cette affaire ne tient point à une disposition du Premier Consul. Il a eu un accès d'humeur, à l'époque de mon départ, d'après d'autres soupçons très-mal fondés; mais ceci n'a rien de commun avec ses colères antérieures. Voici le fait, j'en ai la conviction la plus forte: F. (Fouché), durant cet hiver, a dîné deux ou trois fois avec moi dans une maison que vous connaissez (chez Mme de Staël). Il avait cru prudent de ne point parler de ces diners. Mais la personne chez qui nous dînions ayant, par erreur, supposé qu'ils étaient connus, en a dit, avec bonne intention, et avec le désir de servir F. (Fouche), un mot qui est revenu au Premier Consul. Celui-ci, fidèle à son système de semer la défiance, a dit à F. (Fouche): Vous dînez chez........; je sais ce que vous y dites. » F. (Fouché) s'est cru compromis; il n'y avait pas le moindre fondement. Outre qu'il n'y avait rien à savoir, le Premier Consul ne savait que le fait matériel d'un dîner dans une telle maison. Cela a eu lieu huit ou dix jours avant mon départ. G. (Garat) m'en a averti; mais le sort a fait que je n'ai plus revu F. (Fouché), de sorte que je n'ai pu lui expliquer cette tracasserie. Je n'y suis, moi, pour rien de personnel. Ce n'est ni chez moi que la chose s'est passée, ni contre moi que F. (Fouche) a de l'humeur. Mais mes liaisons connues, mon départ simultané, et l'accident qui a retardé sa lettre d'invitation, de manière que je n'ai pu m'y rendre, tout cela, joint à ce que je suis à cent cinquante lieues de Paris, lui fait trouver simple que j'y reste. >>

Ainsi Fouché, qui craignait de s'être un peu compromis en voyant trop Constant cet hiver, n'était pas fâché de se débarrasser de lui et de reprendre ostensi

blement à son égard un air de rigueur, en même temps qu'il lui faisait insinuer le conseil à demi hostile comme un avis officieux; mais il cessa, cet été même, d'être ministre de la police. La correspondance de Fauriel et de Benjamin Constant, en cette année et dans les suivantes, est remplie d'autant de détails que le permet la crainte d'être lu peut-être par des intermédiaires trop curieux; elle abonde d'ailleurs en confidences sur leurs impressions personnelles, en jugements sur leurs lectures, sur leurs projets de travaux. Nous sommes accoutumé, dans cette Revue même (1), à entendre converser familièrement Benjamin Constant. Si nous avons pu paraître sévère une fois envers lui, il est juste de dire que, dans toute cette relation avec Fauriel, il se montre tout à fait à son avantage, non plus sceptique absolu, mais sceptique regrettant le bien, cœur triste, appréciant le bonheur sans l'espérer, ami affectueux du moins et reconnaissant. Fauriel pensait de Benjamin Constant, comme de La Rochefoucauld, que c'étaient ses relations premières avec les hommes qui l'avaient conduit à des résultats si désolants, et qu'il valait mieux que ses maximes.

« Si je vous entretenais de ce que j'éprouve, écrivait Constant à Fauriel (2), et du dégoût profond que m'inspire la

(1) Revue des Deux Mondes du 15 avril 1844, article Benjamin Constant et Madame de Charrière. Ce morceau, avec d'autres pièces qui le complètent, a été réimprimé dans le volume de Caliste (Paris, Jules Labitte, 1845), ce qui nous dispense de le reproduire en ces volumes.

(2) 19 floréal an x (9 mai 1802), de Vitteaux (Côte-d'Or).

vie, je vous ennuirais beaucoup, vous qui êtes au sein du calme et du bonheur. Je suis loin l'un de l'autre, et je crois que j'achète la peine au prix de l'agitation. Cela arrive à beaucoup de gens qui ne s'en doutent pas, et même, comme vous voyez, à ceux qui s'en doutent. Il y a une complication de destinée qu'il est impossible de débrouiller, et avec laquelle on roule en souffrant, sans jamais prendre terre pour regarder autour de soi. Peut-être au reste le bonheur est-il presque impossible, du moins à moi, puisque je ne le trouve pas auprès de la meilleure et de la plus sipirituelle des femmes. Je m'aperçois que le superlatif est malhonnête, et je le rétracte pour l'habitante de la Maisonnette...

« Je veux cesser mes tristes exclamations, et vous parler de vous, qui êtes heureux et qui, au milieu des nuages de toute espèce qui couvrent notre horizon, m'offrez un point de vue consolant et doux. Oh! soignez bien cette plante rare qu'on nomme le bonheur ! c'est si difficile à acquérir, et c'est peut-être impossible à retrouver! »

Voilà de ces accents comme on les aime, et qui rachètent bien des aridités. Un autre passage vient tout à fait comme preuve nouvelle à l'appui de la haute et sérieuse estime, de l'affection que Mme de Staël portait à Fauriel, et elle nous montre aussi Constant dans l'un de ses meilleurs jours:

« J'ai annoncé votre lettre à une dame que je vois souvent. Elle n'avait point attribué votre silence à des motifs défavorables pour vous, comme vous le dites, mais tristes pour elle. C'est une des personnes qui vous aiment et vous apprécient le mieux, et que je voudrais le plus voir heureuse; et je sais combien des preuves de votre amitié y contribueraient. Il y a dans mon cœur trop de découragement, dans mon âme trop de sentiments divers, mon imagination est trop décolorée pour que je puisse, moi, faire le bonheur de

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