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« la patrie, tant qu'il conserve son maître légitime; pendant que les • autrespeuples flottent éternellement entre l'obéissance et la révolte, << abandonnent leurs souverains sur un léger mécontentement, ou à l'as«pect du moindre danger; lisez leurs histoires, etc.

Un second motif non moins puissant sur son cœur, a été le désir de « vous voir, de s'offrir à vos regards, et d'accroître par là l'amour mu<< tuel qui vous unissait déjà; contemplez-le donc cet auguste prince, en qui repose aujourd'hui le salut de la patrie; que sa jeunesse ne vous « alarme point.

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• Il a voulu vous faire part de la conduite qu'il a tenue jusqu'à présent, << vous exposer ses projets, et vous associer en quelque sorte au gouver« nement. Immédiatement après la mort du roi son père, il manda « les princes du sang, qui, sans alléguer aucune excuse, se rendirent auprès de sa personne : par leur conseil, il confirma dans leurs charges tous les officiers du royaume, afin qu'ils continuassent de veiller à la << sûreté publique, et à rendre la justice au peuple; par le conseil de ces « mêmes princes, il confia l'administration des finances à des homines • d'une probité recounue; informé que, depuis quelques années, le do

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maine de la couronne avoit été considérablement diminué, il donna « des lettres patentes pour y réunir toutes les branches qui en avaient • été distraites; car son intention n'est point de puiser dans la bourse de ses sujets; ni de les surcharger d'impôts. Il commencera par consa« crer les revenus du domaine à la dépense de sa maison, et à l'acquit << des autres charges de l'état, et ne demandera à ses fidèles sujets, que les contributions absolument indispensables pour la défense du « royaume. Son premier vou, son desir le plus ardent est de voir son peuple content et heureux; c'est l'unique objet qu'il a en vue dans les

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puis les baillages et sénéchaussées qui ne dépendaient pas des 6 anciennes pairies, en observant l'ordre de réunion.

Le roi était sur son trône couvert d'un tapis de soie, parsemé de fleurs de lys. Aux deux côtés et debout étaient le comte de Dunois et le sire d'Albret, le comte de Foix et le prince d'Orange.

A 6 pieds, en avant, à droite du trône, était le fauteuil du connétable; à gauche, un peu plus bas, le fauteuil du chancelier; derrière le fauteuil du connétable était un banc pour les 2 cardinaux, les 6 pairs ecclésiastiques, et le comte de Vendôme; de l'autre côté, et plus près du trône, était un banc pour les ducs d'Orléans et d'Alençon, les comte d'Angoulême, de Beaujeu et de Bresse; puis les nobles que nous venons d'indiquer; le comte d'Angoulême, quoique plus proche parent, était assis après le duc d'Alençon ; et le vidame de Chartres de la maison de Bourbon-Vendôme, quoique prince du sang, était confondu avec les autres pairs. C'est qu'on suivait l'ordre des pairies ou des terres.

Lorsque tous les députés eurent pris place, et qu'un héraut eût crié faites sitence, le chancelier, Guillaume de Rochefort, s'inclinant profondément au pied du trône, demanda au roi la permission de parler, puis se tournant vers l'assemblée, lai adressa le discours suivant. (V. le texte.)

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« réformes qu'il a déjà faites. Comme la natiou stipendiait à grands frais « un corps de six mille Suisses, il les a renvoyés dans leur patrie, après «<leur avoir fait payer tout ce qui leur était dû; il a licencié de même plusieurs compagnies des troupes nationales, dont l'état peut absolu«ment se passer, tant que durera la paix; et pour la faire durer cette « paix si desirable, il a envoyé des ambassadeurs à toutes les puissances voisines, soit renouveler les anciens traités, soit pour en conpour «tracter de nouveaux. Ces soins multipliés ne l'ont point empêché de s'occuper de deux objets importans : la législation et la réforme du clergé; quant au premier, il a fait rechercher les ordonnances du glorieux roi Charles VII, afin de les mettre en vigueur; par rapport à la ⚫ réforme du clergé, il a cru que, sans manquer au respect dont il est pénétré pour les décisions de l'église, il pouvait, comme chef de l'é«tat, prendre connaissance de ce qui concerne la discipline et les mœurs. « Voilà ce que le roi a déjà fait; voici maintenant ce qu'il exige de « vous; et c'est ici le quatrième motif qui nous rassemble. Il exige que « vous lui découvriez tous les abus qui peuvent être échappés à sa con« naissance, et que vous ne lui déguisiez aucun des maux qui affligent « le peuple; ne craignez pas que vos plaintes soient importunes, le roi • aura égard à vos remontrances, et vous, princes qui m'écoutez, je vous supplie et vous adjure au nom de la patrie, notre mère commune, d'oublier tout esprit de parti, et de laisser aux députés une pleine et « entière liberté.

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« Il est question, et c'est le cinquième motif de cette assemblée, de « former au roi un conseil qui puisse le seconder dans le dessein qu'il a « formé de maintenir le royaume en paix, d'y rétablir la police et d'y « faire fleurir la justice et le commerce: ce conseil doit être composé « d'hommes à qui l'expérience du passé ait appris à prévoir l'avenir, « qui aient un caractère propre à concilier au roi l'amour de ses sujets, « l'estime et la confiance de ses voisins, qui connaissent la constitution « de l'état, et qui, sur le modèle éternel du ciel, fassent mouvoir tous les ■ ressorts du corps politique sans embarras et sans confusion. Si les « vœux du roi sont remplis, la justice siégera sur le trône et dictera des loix. Celui qui offensera la justice, offensera le roi, et quiconque vou« dra prouver qu'il aime le roi, commencera par observer la justice. Afin « de ne laisser aucun doute sur ses véritables sentimens, le roi m'or« donne de vous avertir que personne ne soit assez osé pour lui demander quelque chose d'injuste, car quiconque l'entreprendra, portera « la peine due à sa témérité : avec la justice, siégeront à côté du trône la force et la tempérance, qui régleront toutes les actions du mo

«narque.

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• Inutilement aspirerions-nous à tous ces biens, si la concorde et l'u«nion ne s'établissent entre tous les membres de l'état; et c'est à quoi • vous devez principalement travailler.

Dois-je vous rappeler ici les maux que la haine de deux puissante

« maisons a causés à la France sous le règne de Charles VI? Perdons-en,
» s'il se peut, le souvenir douloureux. Je finis en remettant entre vos
« mains les intérêts du roi, de l'église et du peuple. Voici l'ordre que
• vous garderez dans vos délibérations; vous traiterez d'abord les ma-

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tières qui concernent le bien général de l'état; vous examinerez ensuite
«< celles qui ne regardent qu'une province ou une ville; enfin vous des-
• cendrez aux affaires des particuliers. Ne confondez pas ces objets; le
" roi vous donnera audience toutes les fois que vous la demanderez; et il
<«< ne refusera justice à personne, pas même au dernier de ses sujets.
Le 16 fut consacré aux services de religion. Le 17, les députés s'as-
semblèrent, mais sans admettre le public; il élirent pour président J. De-
villers de Groslayes, évêque de Lombes, abbé de Saint-Denis, premier
député de Paris; deux secrétaires; l'assemblée se divisa ensuite, non par
ordre, mais par provinces, au nombre de six sections.

La première comprenait Paris, l'Ile-de-France, la Picardie, la Cham-
pagne et la Brie, le Nivernais, le Mâconnais, l'Auxerrois et l'Orléanais :
La seconde, les deux Bourgognes et le Charolais :

La troisième, la Normandie, Alençon et le Perche :

La quatrième, l'Aquitaine avec l'Armagnac, le pays de Foix, l'Age-
nois, le Quercy et le Rouergue:

La cinquième, le Languedoc, auquel on associa le Dauphiné, la Pro-
vence et le Roussillon:

Enfin, la sixième, appelée la langue d'oil, renfermoit le Berry, te
Poitou, l'Anjou, le Maine, la Touraine, le Limousin, l'Auvergne, le
Bourbonnais, le Forez et le Beaujolais, l'Angoumois et la Saintonge.

Chaque division eut une salle à part pour travailler. On se rassemblait
ensuite dans la salle générale, pour entendre la lecture des travaux de
chaque division, et en former un seul cahier, qui contiendrait les de-
mandes de toute la nation.

Le 1er février, les six nations se rassemblèrent et se communiquèrent
leurs travaux respectifs. Les princes remercièrent dans l'intervalle le
duc d'Orléans; et son parti exhorta les états à faire main-basse sur
les pensions et les gratifications accordées sous le règneprécédent; à
bien prendre garde en quelles mains ils remettraient la personne du roi
et l'administration du royaume ; à chasser les anciens conseillers, ces
hommes durs et impitoyables, engraissés du sang des malheureux.

Le 2 février, en cherchant les causes de la pauvreté du peuple et de
la disette d'argent, le tiers-état s'éleva contre les abus de la cour de
Rome, et demanda le rétablissement de la pragmatique-sanction. Quel-
ques évêques, offensés de la trop grande liberté qu'on s'était permise à
l'égard du saint siége, et ne voulant point consentir à ce que l'on nom-
mât aux bénéfices par élection, protestèrent contre ces articles. Le se-
cond ordre du clergé et le tiers-état défendirent leurs demandes avec vi-
gueur, et peu s'en fallut qu'on n'obligeât ces évêques à sortir de l'as-
semblée.

Les députés de la Touraine, de l'Anjou et du Mans, deinandèrent la suppression des gabelles, et exposèrent fort en détail les vexations que les hommes préposés à la levée de cet impôt exerçaient dans les provinces. Les plus riches familles avaient été ruinées par des procédures iniques, et plus de six cents personnes traînées dans les prisons et punies du dernier supplice: sous le règne précédent, des gens en faveur vendaient à des traitaus la dépouille des plus riches maisons de ces provinces, et faisaient de ces confiscations un article secret de leur bail.

On statua que si l'on trouvait quelque moyen moins onéreux le pour peuple, de procurer au roi le inême revenu, on le supplierait d'abolir la gabelle; que si ce moyen paraissait impossible, on la laisserait subsister, eu demandant instamment qu'on réprimât la tyrannie des employés. Peudant qu'on travaillait à rédiger les cahiers, plusieurs vinrent porter leurs plaintes aux états et réclamer leur protection.

Les états firent réponse qu'ils étaient alors occupés des affaires générales. En effet, il s'agissait alors de régler la forme de l'administration pendant le bas âge du roi, et de former le conseil. Les députés voyaient avec chagrin, dans la liste des conseillers, les noms de quelques-uns des anciens favoris de Louis XI. La nation de Normandie ouvrit cet avis de laisser la personne du roi entre les mains de ceux qui avaient si sagement dirigé son enfance; de réserver au conseil tous les objets d'administration publique; de régler que les princes du sang auraient non-seulement séance dans le conseil suivant leur rang, mais qu'ils auraient le choix-de huit ou de douze anciens conseillers pour former le nouveau conseil, et qu'ils supprimeraient les autres ; qu'à ces huit ou douze anciens que l'ou conserverait, on en ajouterait douze, quinze, ou même vingt-quatre Douveaux, tirés du corps des états, et à la nomination des six nations, lesquels auraient les mêmes droits, rangs et prérogatives que les anciens. D'autres soutenaient que dans un royaume héréditaire tel que la France, la nation n'avait aucun droit à l'autorité, tant qu'il restait des héritiers légitimes; qu'après la mort du roi, cette autorité passait toute entière dans les maius de son fils, s'il était en état de l'exercer, et en cas de minorité, en celles des princes du sang ses tuteurs naturels ; qu'eux seuls avaient droit de former le conseil, et de régler toutes les brauches de l'administration, et qu'ils n'étaient obligés de prendre l'avis du peuple, que par rapport à la répartition et à la levée des impôts; que si, dans cette occurrence, les princes avaient bien voulu consulter la nation et la choisir pour arbitre de leurs droits respectifs, c'était de leur part pure condescendance.

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Philippe Pot, seigneur de la Roche, député de la noblesse de Bour gne, et l'un des plus sages conseillers de l'ancienne maison de Bourgogne, parla ainsi : « Si je ne savais ce que pense sur la liberté et l'autorité des états, la partie la plus éclairée de cette assemblée, je n'aurais garde de m'opposer ici aux vaines clameurs de la multitude; mais après les preuves que vous avez déjà données de votre discernement

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« et de vos lumières, je ne dois plus craindre de proposer ce que la réflexion et la lecture m'ont appris sur ce point fondamental de notre ⚫ droit public. Si je parviens à me faire entendre, j'ose me flatter que - ceux qui blâment les soins que nous nous donnons pour former le con<< seil, changeront d'avis et de langage. Avant que d'exposer les raisons « sur lesquelles je prétends fonder l'autorité des états, qu'il me soit per« mis d'interroger un moment nos adversaires. Pensez-vous, leur demanderai-je, qu'après la mort d'un roi qui laisse un fils en bas âge, la << tutelle de l'enfant et l'administration générale du royaume appartien«nent de droit au premier prince du sang? Non, sans doute, ine répondront-ils; car ce serait exposer la vie du pupille à un danger ma<«< nifeste : aussi la loi y a-t-elle pourvu; elle défère l'administration au premier prince du sang, et la tutelle à celui qui suit immédiatement << dans l'ordre de la naissance. Prenez garde, leur répondrai-je, que, par << cet arrangement, vous n'assurez guère mieux la vie de votre roi; car - les deux princes entre lesquels vous semblez partager l'autorité, peu« vent s'entendre et avoir le même intérêt. Mais de quelle loi parlez« vous? où est-elle ? qui l'a fait ? où l'avez-vous lue? Je vous défie de « satisfaire à aucune de ces questions. Si la loi dont vous parlez exis<< tait, pensez-vous que le duc d'Orléans eût consenti à mettre en arbi« trage une question déjà décidée, et à comprometre si facilement ses « droits ? En vain m'alléguez-vous l'exemple de Charles V; cet exemple prouvé contre vous : ce prince ne parvint à la régence que deux « ans après la vacance du trône, et lorsqu'elle lui eût été conférée par « les états.

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« Je m'adresse maintenant à ceux qui prétendent que, dans un temps « de minorité, la tutelle et l'administration sont dévolues à tous les princes du sang, et je leur demande s'ils comprennent dans ce nom« bre, ceux qui descendent de quelqu'un de nos rois du côté maternel; «<et, en ce cas, ils auront une liste nombreuse de tuteurs et d'adminis«<trateurs, parmi lesquels il sera difficile que la concorde et l'union puissent s'établir. Mais je veux qu'ils ne parlent que de ceux qui des« cendent du trône en ligne masculine. Si ces princes se disputent l'ad« ministration, qui les mettra d'accord? qui ne voit qu'aussitôt ils cour• ront aux armes, et que la patrie sera déchirée par des guerres civiles? qui ne voit encore que dans ce cas l'autorité suprême deviendra sou« vent la récompense d'un furieux et d'un perturbateur du repos public, qui dans un gouvernement sage mériterait les punitions les plus sé« vères? Quoi donc, me dira-t-on, l'état, pendant une minorité, res<< tera-t-il dans l'anarchie? non certes; l'autorité sera dévolue aux états généraux, qui ne se chargeront pas eux-mêmes de l'administration publique, mais qui la remettront entre les mains des personnes qu'ils jugeront les plus capables de s'en acquitter. Ecoutez maintenant ce « que la lecture et le commerce des sages in'ont appris sur cette inatière importante.

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