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corrompit bientôt & tous les chiens qui en mangérent, expirérent empoifounés: l'Empereur jugea par là de la fubtilité du venin de la chenille, il en fit faire des pilules qu'il préfentoit & faifoit prendre de force à ceux dont il vouloit fe défaire. Ilcréa une Charge d'Empoisonneur & portoit toujours fur. lui de ces pilules. La boëte qui les renfermoit étoit divifée en -plufieurs compartimens & contenoit auffi sdes pilules cordiales. Il fe méprit un jour; & fa méprife lui donna la mort, qu'il defstinoit à ceux qui l'avoient offenfé..

Jéhan Guire eut, après la morr de fon père, la Couronne qu'il avoit voulu lai arracher der fon vivant. Cette révolte ayoit engagé Akébac à laiffer l'Empire à fon petir-fils Cofiou mais le caractère idoux & pacifique de celui-ci ne mit aucun obftacle aux prétentions de fon père. Jehan-Guire paffa les premières années de fon régne dans la moleffe & dans l'indodence. Il avoit beaucoup d'inclination apourd be Chriftiani fine, & le plaifoit à faire difputer devant lui les Miffionnaires avec des Miniftres del l'Alcoran. Un jour le Chef des Docteurs Mufulmans foutenoit aunt Jéfuite Portugais nommé Acofla, que les Livres de la Bible étoient sfalfifiés : Seigneur, s'écrie le Jéfuite, or

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donne

donne qu'on allume un grand feu, que le Moullah* y entre d'un côté avec l'Alcoran, tandis que l'Evangile à la main, je m'y jetterai de l'autre, & tu verras en faveur de quelle religion le Ciel fe déclarera. Ce défi terrible & imprévû glaça le Mufulman de terreur & d'éffroi. Jehan-Guire interpofa fon autorité pour terminer la querelle,& témoigna depuis la plus grande confidération au Miffionnaire, auquel il donna le nom de Père Ataxe, c'est-à-dire, le Père du feu. Les hauteurs & la mauvaile conduite d'une Sultane, qui gouvernoit entièrement l'efprit de l'Empereur, armı contre lui les Principaux de fon Royaume. Chorrom, fon troifiéme fils, foutint a levr tête de longues & fanglantes guèrres contre lui. Après la mort de fon père, il ne lui refta plus à réduire qu'un de ses neveux, qui lui difputoit la Couronne; il s'en vit bientôt paifible poffeffeur & changea fon nom en celui de Cha-Jeham, qui fignifie le Roi du Monde. Dans le fein de la paix il fuivit les traces de fon grand-père; il fe bâtir une nouvelle Capitale encore plus magnifique; il détourna de treate lieues le cours d'une riviere, pour la faire

* Les Moullahs ainfi que les Faquirs, dont nous aurons occafion de parler bientôt, font des Moines Musulmans.

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l'on en

paffer dans les jardins; & s'amolissant dans les délices, il oublia bientôt l'art de la guèrre, auquel il devoit fon royaume. De tous les fils, felon la coutume de fes ancêtres, il n'en avoit élevé que quatre, Dara, Sujah, Oramgzeb, & Moradbax. Oramgzeb, dont la fortune prévalut fur celle de fes frères, tient un rang affez confidérable dans l'Hiftoire Mogole pour mériter que l'on trace ici le portrait d'après M. Deformeaux. Ce Prince cachoir, fous les de» hors les plus fimples, la plus vafte am»bition. Actif, prévoyant, impénétra»ble, fouple, artificieux, plein de l'éloquence la plus infinuante, il alloit à fes fins par les routes les plus détour» nées. Ses mœurs étoient auftères, & quelquefois farouches ; d'une fobriété » extrême, il ne connut jamais l'ufage du vin ; il bannit de la Cour le luxe & les délices; il ne paroiffoit jamais en public que l'Alcoran fous le bras; fans » ceffe il levoit les yeux au Ciel, & on » l'entendoit fouvent gémir fur les cri» mes qui déshonorent l'humanité. Une » taille haute, un vifage maigre & pâle » un teint livide, des yeux enfoncés, » mais pleins de feu; un air toujours » recueilli, un genre de vie févère, des

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prières publiques & fréquentes; des habits unis & blancs, qui n'étoient ja» mais relevés par l'éclat des pierreries, » le faifoient plutôt reffembler à un Fa» quir qu'à un Prince: pour tromper »plus furement la Cour, l'Empereur & » fes frères, il pouffa l'hypocrifie jufqu'à fe faire infcrire au nombre des Moi»nes Musulmans. Sans ceffe il répétoit, » en foupirant, qu'il ne refpiroit que le » moment où délivré des grandeurs, il pourroit confacrer fes jours à la péni»tence,au pied du tombeau de Mahomet:

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Dara, fils aîné de Cha-Jeham, resta felon la coutume auprès de fon père, dont il réuniffoit toute la tendreffe. Ses trois frères fe retirèrent dans leurs gouvernemens. Oramgzeb, dans celui du De kan qui lui avoit été confié, le préparoit

à porter les plus grands coups à la for tune de Dara. Il fit un jour affembler tous les Faquirs du Dekan dans une vaste campagne, fous prétexte de leur faire des aumônes abondantes. Après un frugal repas qu'il leur fit faire, il fit apporter une grande quantité d'habits neufs qu'il les força de fubftituer aux miférables haillons qui les couvroient : l'artificieux Mogol favoit que ces Moines cachoient dans leurs habits des pièces d'or ¿

fruit de leurs intrigues & de leur mendid cité. Il fit brûler les haillons, & goûta bientôt le fruit de fon ftratagême,en tirant de leurs cendres une grande quantité de pouffiére d'or qu'il convertit en lingots. Oramgzeb montra bientôt dans une autre occafion fon ambition & fa témérité; il forma le hardi projet d'arrêter le Roi de Golconde, & de s'en rendre maître au milieu de toute fa Cour. On l'introduifoit déjà à l'audience de ce Prince en qualité de fimple Ambaffadeur d'Oramggeb. Efcorté d'une nombreuse fuite, il alloit mettre la main fur fa perfonne & s'en emparer; quand un Courtisan qui étoit de la conjuration, attendri & éffrayé du danger que couroit fon Roi,l'en averrit, & le fit échapper par une porte de derrière. Le Sultan Mogol contraint de s'en tenir au pillage, enleva toutes les ichelles qu'il put ; & le Roi de Golconde fe trouva trop heureux de pouvoir mettre, au prix d'un traité honteux, ses jours &fa liberté à couvert.

Une maladie dangereufe dont Cha-Je ham fuc arraqué, fuivie de la fauffe nouvelle de fa mort, mit tous fes fils en mouvement. Les trois jeunes accufèrent Dara de l'avoir empoisonné. Ils levèrent hacun de leur côté des armées confidés

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