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» néceffaire, dit-il, que je m'étende fur la guèrre des Romains avec Annibal,ri fur les défavantages qu'ils y eurent d'a»bord. Il ne faut les attribuer au refte,ni » au défaut de bonnes armes, ni à celui » d'un bon ordre de combats, fuivant les » différens genres d'action. Les deux qualités qui faifoient le fonds du caractère » du Général Carthaginois, une habile» té & une célérité infinie à profiter de » tout ce qui pouvoit fervir à fes defleins, » une fécondité de génie inépuifable en » reffources & en expédients, furent les feules caufes de fes fuccès.

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» L'événement de cette guèrre fuffic » pour le prouver. Il ne manquoit aux » Romains pour battre Annibal, qu'un » Général auffi habile que fui. Ils le trou» vèrent dans Scipion; ils l'oppofèrent à » cet ennemi toujours triomphant jufqu'a» lors; ils le battirent partout fous fon » commandement.

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Une preuve inconteftable de l'éftime qu'avoit Annibal pour les armes des » Romains,c'eft qu'à la premiére victoire, » où le champ de bataille lui en donna la

pias fuas Romanis armis inftructiores reddidit, illifque ab initio occupatis, etiam in pofterum ufus eft. Polyb. hift. Lib. 17.

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connoiffance, il les adopta; & crut rendre les troupes fi fupérieures par-là, qu'il ne les quitta plus dans la fuite.

Ce jugement paroît fi pofitif qu'il eft inutile d'y tien ajouter. Terminons cette differtation par celui de M. de S. Evremont fur ces mêmes Romains au temps de leur guèrre de Pyrrhus. Ce fera toujours Polybe qui le réfutera, & il pourroit se pafler du fuffrage de Plutarque, le premier estimateur du talent des hommes.

Le François dit expreflément » que »lorfque Pyrrhus paffa en Italie au fe» cours des Tarentins, la fcience de la "guèrre étoit alors très-médiocre chez » les Romains.

Voici ce que dit à ce fujet Plutarque; ** les Romains s'avançant pour combattre, Pyrrhus, avant qu'il eût été »joint par des renforts qui étoient en » marche, arrivèrent fur une des rives » du fleuve Syrus. Pyrrhus qui étoit cam

pé fur l'autre, monta à cheval pour re» connoître l'armée ennemie. L'ordonDance des troupes, la difpofition des gardes avancées, l'ordre qui regnoit » partout, la difpofit on du camp, tout

*M. de S. Evremont, chap 5. du Génie des Romains au temps à leur guèrre avec Pyrrhus, ** Plutarq in Pyrr,

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l'étonna jufqu'à l'admiration. Cette of » donnance des barbares (fans doute les » Grecs penfoient des Romains comme » M. de S. Evremont) dit-il à un de fes » favoris qui l'accompagnoit, n'est rien » moins que barbare.

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Polybe s'explique ainfi fur cette queftion. » Non-feulement Pyrrhus avoit » donné à Annibal l'exemple de pren» dre les armes des Romains, mais il » avoit formé ses troupes dans tous leurs » exercices militaires. Malgré cela, il ne » put jamais remporter fur eux aucune » victoire décidée. Le fort des batailles. » qu'il leur présenta fut toujours en quel» que façon balancé par des avantages égaux.

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Que le Lecteur fe donne la peine de comparer ces jugemens, & de prononcer. Son jugement défintéreffé fera celui de la vérité. Je crois avoir prouvé celle de mon fentiment. Si je n'y avois pas été forcé par un engagement que je fus contraint de prendre, je n'aurois jamais employé des autorités décifives,contre un

* Pyrrhus non modo armis, fed & copiis Ita lico more inftructis ufus eft. Verumne fic quidem victoriam obtinere potuit, fed femper aliquo pa Ato dubius utrifque prælii fuit exitus. Polyb. hift

Lib. 17.

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Compatriote auffi célébre que celui que j'attaque, avec autant d'égards que de regret. Homme rare pour tous les fiécles qui fçut concilier la Philofophie, l'enjoûment, les graces, les plaifirs, l'exil & l'infortune.

Au refte,l'élégance de fon ftyle, la tournure de fa critique, la fubtilité de fes raifonnemens font bien capables de féduire, d'égarer la jeuneffe, les gens du monde, les femmes mêmes, qui fe plaisent à prouver que la folidité d'efprit n'eft pas moins le partage de leur féxe, que les grâces & la beauté. Ces différentes claf fes de Lecteurs ne fe donnent pas la peine de confronter le moderne avec l'ancien. Cela demande de l'étude, & un amusement utile & honnête leur fuffit. Cette differtation leur fera voir l'incertitude des connoiffances que l'on ne prend que dans les fources éloignées.

STANCES,

SUR la Solitude, par M. L, A. L. Bi

Lorn du fracas de la Ville,

Heureux qui paffe son tems!
Tout me plaît dans cet afyle;

Tous mes vœux y font contens:
Le repas qui m'accompagne,
Y fait ma félicité.

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On ne peut qu'a la campagne,
Jouir de fa liberté.

J'aime à côtoyer la rive
D'un riant & clair ruiffeau;
De fon onde fugitive,

Je contemple le tableau.

Ç'eft l'image de la vie ;
Ainfi s'écoulent nos jours:

Mais qu'ils font dignes d'envie,

Quand rien n'en trouble le cours !

Ces ondes, cette verdure, L'azur éclatant des Cieux,

Tout ici dans la Nature

Charme mon cœur & mes yeux.

Eft-ce au fein de la moleffe

Qu'on goûte les vrais plaifirs?

Non elle irrite fans ceffe,

:

Sans contenter nos defirs.

Tel qu'échappé de fa cage, L'Oifeau foudain fend les airs, Et libre, au premier bocage, Forme les plus doux concerts; Ainfi, Maître de moi-même, Je fens tout, avec tranfport,

Et

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