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SCENE VII.

LE DUC DE GUISE. Mlle MARMOU

TIER.

Mlle MARMOUTIER..

CEN eft fait, Guife... vous êtes perdue

GUISE.

Moi, Madame ?

MARMOUTIER.

Vous-même... Mais, vous l'avez voulu...

Mourez.

GUISE.

Cette menace vient de vous, Madame.... d'une autre bouche que la vôtre, Guife en feroit très-peu touché.

MARMOUTIER.

Qui vous force à quitter la Cour ?

GUISE..

L'exemple... Elle me quitte.

MARMOUTIER.

Scipion quitta Rome, en l'accufant d'ingratitude, mais fans fonger à l'en punir un procédé fi digne d'un grands homme auroit dequoi vous illuftrer, Sei-, gneur... Mais cette efpéce de courage eft au-delà de vos idées: Guife tient trop du

caractère vain & féditieux de fon fiécle: Il ne me refte qu'à gémir fur les malheurs qu'il va devoir à fon aveugle ambition.

GUISE.

Quoi ! le Roi me rejette, affecte d'ou blier mon nom & mes fervices; & je n'oferois le quitter lui-même ?... ou plutôt, lorfque fes Mignons paroiffent affecter infolemment d'avoir juré ma perte; lorf que je puis les en punir, en me jettant aux pieds de ce Monarque, en lui montrant toute l'indignité de leurs complots: vous prétendez que je n'en fafle rien?... il faut donc, lâchement, céder à toutes leurs fureurs?

MARMOUTIER.

Soyez plus fincère, Seigneur, ou per mettez que je le fois. Vous pourrez tomber à fes pieds; mais vous en voulez à fa têre. Vous vous déguiferiez en vain, Guife; je vous connois! C'eft en frappant cette tête facrée que vous croyez uniquement pouvoir trouver l'impunité de tous vos atten

tats.

GUISE.

C'est m'offenfer, Madame ; & quels que foient mes déplaifirs fecrets, je fais ce que je dois à fa perfonne.

MARMOUTIER.

Que ne puis-je le croire !..... Mais puis

Je encore douter de vos deffeins, quand chaque jour, quand chaque inftant me montre Guife environné d'une populace rebelle, conférer chaque jour avec des traîtres, leur faire baffement fa cour, mandier la faveur & l'encens des Seize ? Puis-je ignorer leurs comités fecrets, leurs vers infâmes,leurs libelles clandeftins, leurs complots ténébreux,dont le seul but eft de vous élever en foulevant Paris contre fon Roi? me nierez-vous que ces ardens Confpirateurs portent fans ceffe jufqu'aux cieux le nom de Guife;& que lui-même, fans rougir, jouit du culte auffi bas qu'infensé, que rend Paris à fon Idole ?

GUISE.

Soyez jufte, dumoins, Madame.... ai-ję pû m'y fouftraire ?

MARMOUTIER.

Oui, Seigneur : en fuyant ; en vous ca→ chant, plutôt que d'avoir l'air de vous prêter à de fi viles flatteries.... Mais Guise en est avide; mais Guife les recherche & les excite, & fes partifans les font naître ; fon orgueil s'en nourrit ; elles fervent à fes projets. Que dis-je ? un méprisable ésfain d'apologies mercénaires, de fatyriques foudoyés, n'a d'autre emploi que déxagérer fes vertus, ainfi que les victoises, de ne voir en lui qu'un nouveau Da

vid,que le dernier foutien de la Religion, que le feul protecteur enfin & le Libérateur du Peuple. Lâches François, indignes de leur nom! qui peu contens d'avoir ing difpofe, d'avoir aigri le Roi contre fa Capitale, portent leurs perfides clameurs aux extrémités même du Royaume,y font circuler leurs allarmes, y peignent la Reli gion détruite & l'État renversé, fi tout ne fe foumet, fi tout ne fe dévoue à Guife. Déjà le Roi, fi l'on veut les en croire, eft dans le cœur plus Proteftant que Bèze même; & veut, malgré les loix, lailler le fcèptre au Prince de Navarre. Je vois,j’entends partout le Fanatifme furieux crier aux armes, exciter le peuple crédule à blafphemer contre fon Roi, à l'arracher du Trône, à menacer même fa vie ! ... Er c'eft Guife qui les excite! c'eft Guise qui les encourage, qui les protége, & se noircit de tant d'horreurs!... Ah, Prince! Ah, jufte Ciel!....( Elle tombe à fes pieds.)

GUISE.

Madame !.. Quel transport?... Eh, pourquoi donc cette pofture?

MARMOUTIER.

Seigneur, il faut m'entendre! il faut, s'il eft encore poffible, que je parvienne à vous toucher, à yous faire fentir l'énor

nité de vos, forfaits. Peut-être en eft-il temps encore: ouvrez les yeux; le Roi peut encore pardonner: ne rifquez pas de laffer fa clémence; implorez-la; j'ofe vous en répondre ; & mes larmes vous en conjurent!.. Au nom de mes foupirs; de cet ambitieux amour que vous avez pour moi, au nom des maux qui font gémir votre malheureufe Patrie; domptez, Seigneur; faites du moins plier cet aveugle orgueil qui vous perd! tombez aux pieds du plus généreux des Monarques : qu'il voye enfin l'obstiné Guise repentant; votre pardon eft prêt, & la France est fauvée.

GUISE, en la relevant.

Divine Marmoutier!... Tu m'as vaincu! Quel cœur pourroit résister à tes larmes ? mon ambition même y céde; & tu me rends à mes devoirs.... Sèche tes pleurs: je te promets de voir le Roi; j'en obtiendrai ma grâce, avant que de partir pour la Champagne; & tu peux y compter.

MARMOUTIER.

Non, Seigneur! non! vous voulez encore me tromper : je vois le but de ce voyage. Vous ne voulez que rassembler vos forces ; & revenir, plus redoutable encore, vous joindre aux feize Conjurés... Seigneur, vous ne partirez point.

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